Le film fait partie de la Sélection Officielle Cannes 2020.
L’idée a germé dans la tête du réalisateur Pete Docter il y a 23 ans, quand il est devenu père. Le metteur en scène précise : "Tout a commencé avec mon fils, qui a maintenant 23 ans. Dès sa naissance, j’ai ressenti qu’il avait déjà une personnalité. D’où venait-elle ? Je pensais qu’une personnalité se développait en fonction de l’interaction qu’on avait avec le monde qui nous entoure. Or je remarque que dès notre naissance, il y a quelque chose d’unique et de spécifique qui est déjà inscrit en nous".
Soul s'interroge sur le sens de la vie et la valeur que l'on peut lui donner. Le coscénariste Mike Jones souligne : « Qui que l’on soit et où que nous en soyons dans notre vie, quel que soit le chemin parcouru, il nous arrive à tous de nous demander si l’herbe ne serait pas plus verte ailleurs. Chez un artiste, il y a toujours ce désir de créer autre chose, cette insatisfaction, cette aspiration à quelque chose de plus grand. » Pour Pete Docter, cette histoire trouve un écho dans sa propre vie. Il raconte : « Parfois, ce sont les petites choses insignifiantes qui comptent le plus. Je me souviens qu’un jour, en faisant du vélo, je me suis arrêté pour cueillir une framboise. Elle avait été chauffée par le soleil, et c’est la plus merveilleuse framboise que j’aie jamais mangée. Je me souviens encore très bien de ce moment – pourtant si insignifiant au regard de tout le reste. » Avec Soul, il espère que le public sera amené à réfléchir plus globalement à ce que la vie a à offrir et à ce que nous avons à lui offrir en retour.
Le réalisateur Pete Docter note : « Si vous examinez certains des tout premiers films d’animation sonore, vous remarquerez qu’ils entretenaient un lien étroit avec le jazz. Ils étaient rythmés, intéressants à écouter, avec quelque chose de très réel. J’éprouve toujours une grande joie à entendre quelque chose et à le voir en même temps parfaitement synchronisé à l’image. »
Lors du développement de Soul, l'équipe cherchait quelle serait la passion de Joe. C'est en découvrant une anecdote narrée par la légende du jazz Herbie Hancock que la réponse a été trouvée. Le musicien raconte comment lors d'un concert avec Miles Davis, il a commis une erreur en jouant un mauvais accord, aussitôt rattrapé par Davis : « Il m’a fallu des années pour comprendre ce qui s’était réellement passé. Voici ce qui s’est produit : moi, j’avais jugé et condamné ce que j’avais joué. Pas Miles. Il l’a simplement accepté comme quelque chose de nouveau, un truc qui était juste arrivé. Et il a fait ce que tout musicien de jazz devrait toujours s’efforcer de faire, c’est-à-dire essayer de transformer tout ce qui se produit en quelque chose ayant de la valeur. »
Pete Docter reprend : « Quand nous avons entendu ça, nous nous sommes dit que ce n’était pas seulement une grande histoire, mais aussi une parfaite métaphore de la vie. Nous avons trouvé que le jazz en était vraiment la représentation idéale. Joe devait être un musicien de jazz. »
Les cinéastes désiraient situer Soul dans une ville reconnaissable pour installer cette partie du film sur une base réaliste. Une fois le jazz intégré à l'histoire, il était évident pour eux que New York servirait de décor au film, tant la ville est étroitement liée à cette musique. Pete Docter et Kemp Powers voulaient capturer l'authenticité et le cosmopolisme de la Grosse Pomme. Powers précise : « Je suis né et j’ai grandi à New York. C’est la première fois que Pixar se rend dans ma ville natale et j’ai été réellement impressionné par la quantité d’énergie qu’il a fallu pour lui rendre un tel hommage. Quand le personnage est dans le Queens, vous avez vraiment l’impression d’y être. Même chose lorsqu’il se rend à Manhattan. »
Il était important que l’âge et l’histoire de New York soient perceptibles. Pour souligner le contraste avec le « Grand Avant », le directeur de la photographie Matt Aspbury s'est inspiré « des films des années 1970 tournés en longue focale pour les séquences de New York ; on retrouve leurs distorsions et leurs aberrations visuelles. Nous aimions beaucoup la sensation que cela procure. » Son équipe a employé un assortiment d’objectifs anamorphiques pour reproduire l’esthétique des films en prises de vues réelles qui ont servi d’inspiration à Soul.
Alors que les cinéastes ont pu puiser dans la vie réelle pour capter l’énergie de la ville lorsqu’il s’agissait des scènes à New York, il leur a fallu créer le « Grand Avant » de toutes pièces. Michael Fong, superviseur des effets visuels, explique : « Au début, nous ne savions pas vraiment ce que cela signifiait ni à quoi ce monde ressemblerait. Il a fallu beaucoup expérimenter et explorer. Puis nous avons découvert que nous pouvions créer des environnements impressionnistes et éthérés en générant des formes douces légèrement floues à partir de combinaisons de volumes, de particules et de lignes. » Pour le superviseur des décors, Jun Han Cho, partir de zéro pour concevoir ce monde était aussi excitant qu'exigeant : « Si nous voulions une colline, il fallait commencer par se demander en quoi elle était faite. Nous ne pouvions pas compter sur l’herbe ou la terre, elle devait être faite d’autre chose, et nous devions trouver de quoi. Allait-elle être brillante ? Et de quelle couleur ? C’est comme si on inventait un tout nouveau langage. » Contrairement aux séquences se déroulant à New York, le directeur de la photographie Matt Aspbury a utilisé un assortiment d’objectifs sphériques. Il a fait en sorte que la caméra donne l’impression de flotter et de n’avoir presque aucun poids.
Jon Batiste a composé, pour les besoins du film, des partitions de jazz originales. De leur côté, Trent Reznor & Atticus Ross de Nine Inch Nails - lauréats d’un Oscar pour The Social Network - ont écrit une musique originale à mi-chemin entre le monde réel et le monde des âmes. Pour Pete Docter : « Jon Batiste est un musicien fantastique. C’est un historien mais il est capable de repousser les limites de la musique en insufflant dans son travail toutes sortes d’influences. J’espère sincèrement que le jazz qu’on entend dans Soul inspirera toute une nouvelle génération… » La productrice, Dana Murray ajoute : « Le contraste avec le travail de Trent Reznor et Atticus Ross est vraiment intéressant. C’est un choix inattendu pour Pixar, qui ne ressemble à rien de ce que nous avons pu faire jusqu’à présent. »
Soul se déroule en partie à New York et repose sur le contraste entre cette grande ville et l’univers cosmique. Visuellement, l'équipe s'est inspirée de l’œuvre de l’artiste et dessinateur satirique anglais Ronald Searle et de l’animation des 101 Dalmatiens. Jude Brownbill, superviseuse de l’animation, détaille : « Pour l’animation, Searle a inspiré des poses franches et audacieuses dans des compositions claires qui guident le regard du spectateur à travers la scène. L’étude des 101 Dalmatiens a réaffirmé l’importance dans le layout de montrer une idée d’action à la fois et de s’appuyer sur des poses clés pour permettre de lire plus clairement les moments importants. »
Bien qu'il soit musicien amateur et qu'il s'identifie fortement au personnage de Joe, Pete Docter reconnaît qu'il n'a pas grandi avec la culture afro-américaine. C'est pourquoi il a notamment fait appel au dramaturge et scénariste Kemp Powers : « [...] les consultants culturels et les musiciens avec lesquels nous avons travaillé nous ont apporté des connaissances inestimables. Nous n’aurions pas pu faire le film sans leur aide et leur soutien. » Parmi les consultants culturels et musicaux figurent le Dr Peter Archer, Jon Batiste, le Dr Christopher Bell, Terri Lyne Carrington, le Dr Johnnetta Betsch Cole, Daveed Diggs, Herbie Hancock, Marcus McLaurine, George Spencer, Ahmir « Questlove » Thompson et Bradford Young.
Soul est le premier film des studios Pixar à présenter de nombreux personnages à la peau noire et brune. L'équipe a mis un soin particulier à s’assurer que tous les types de peaux soient représentés dans toute leur variété et leur authenticité. La directrice artistique du shading, Bryn Imagire, déclare : « Je suis très attentive à la question de la couleur de la peau. Nous voulions représenter un large éventail de personnages afro-américains, et il était important pour moi de bien faire les choses. » Daveed Diggs renchérit : « Il y a tant de façons d’être Noir... En animation on peut très vite tomber dans la caricature et affirmer que c’est ça, être noir. Mais dans ce film, il y a une vraie diversité d’expériences. »
Pour l'apparence de Joe, le superviseur de l’animation Bobby Podesta a puisé son inspiration… chez le réalisateur Pete Docter : « [...] lui et le personnage ont très probablement la même anatomie, les mêmes proportions physiques, avec de longs membres qui peuvent partir dans tous les sens. » Le pianiste Jon Batiste, qui a composé et joué les morceaux de jazz de la bande originale, ainsi que le personnage de Roger dans Les 101 Dalmatiens, ont aussi servi de modèle.
La directrice artistique du shading, Bryn Imagire, revient sur l'aspect visuel de 22 et celui des autres Nouvelles Âmes du "Grand Avant" : « Nous avons étudié la réfraction de la lumière, les prismes, toutes les idées relevant de ce domaine pour les appliquer aux personnages des âmes. Il y a une gradation à l’intérieur de leur corps qui suggère l’idée de lumière traversant un objet translucide et s’y dispersant. » Si les Nouvelles Âmes n’ont ni bras ni jambes, l'équipe a imaginé que 22 était là depuis si longtemps qu'elle a appris à s'en doter quand elle en a envie.
Jamie Foxx double le héros de Soul, Joe. Pour le réalisateur Pete Docter, « Jamie Foxx ne s’arrête jamais. C’est un fonceur, et nous voulions que ce soit aussi le cas pour Joe. Comme Jamie, Joe n’est pas du genre à simplement abandonner. Il continue de courir après ses rêves. » 22 est doublée par Tina Fey, que Docter décrit comme « incroyablement intelligente et drôle. J’ai l’impression qu’elle a toujours au moins 15 pas d’avance sur moi tant elle est rapide et vive. Son humour a fait passer 22 au niveau supérieur ! » La mère de Joe, Libba, est doublée par Phylicia Rashad. L'actrice, connue pour le Cosby Show et Creed, prête pour la première fois sa voix à un film d'animation. La légende du jazz Dorothea Williams est doublée par Angela Bassett. Le réalisateur revient sur ce choix : « Angela a une telle force en elle… Vous la sentez dès qu’elle entre dans la pièce. Quand elle parle, on l’écoute. Nous avons pu puiser dans cette force et la transmettre au personnage. »
Les Conseillers du « Grand Avant » sont plusieurs et s’appellent tous Michel. Optimistes, omniprésents et quasi omniscients, ils sont là pour guider les âmes. Le superviseur de l’animation Bobby Podesta revient sur leur conception : « Nous avons commencé par chercher l’inspiration en puisant dans des dizaines de sources comme la sculpture suédoise, la nature ou encore l’éclairage événementiel. Le département artistique s’est alors mis à imaginer et explorer, dessinant d’innombrables formes jusqu’à ce qu’émerge une forme qui puisse être reconnaissable en tant que personnage tout en étant assez malléable pour que presque tout puisse en surgir. »
Fraîchement nées de l'Univers, les Nouvelles Âmes ont une forme simple, en ampoule. Mais leur apparente simplicité est trompeuse, comme l'explique le chef décorateur Steve Pilcher : « Toutes les âmes sont semi-opaques, avec un léger effet de flou, pour suggérer une nature éthérée, douce, vaporeuse, transcendante et spirituelle. Bien qu’elles soient simples dans leur dessin, elles sont assez sophistiquées dans leur surface, leur éclairage et leurs effets. »
Pour la première fois, le réalisateur Pete Docter a opté pour le format cinéma 2.39. Le directeur de la photographie Matt Aspbury raconte : « Pete s’est enthousiasmé pour les possibilités en matière de composition et l’ampleur cinématographique que lui offrait le format large. Il a pensé que la vaste étendue du « Grand Avant » serait mieux mise en valeur ainsi. »
La population new-yorkaise est l'un des éléments clés dans les plans de la ville. Environ 60 vêtements différents ont été créés pour les 208 adultes, les 16 adolescents et les 4 enfants qui composent la foule. Ils ont été agencés pour obtenir plus de 100 combinaisons uniques.
Kemp Powers revient sur l'importance dans la communauté noire des salons de coiffure/barbier du quartier : « À bien des égards, c’est le centre névralgique pour les hommes de couleur. C’est là que tous les hommes, quel que soit leur milieu, se retrouvent. » Par conséquent, l'équipe a observé de nombreux salons de coiffure new-yorkais et a remarqué que les clients ne font pas face au miroir mais sont tournés vers les clients suivants qui attendent, afin de favoriser la conversation et renforcer le sentiment de communauté. Powers ajoute : « d’un point de vue personnel, l’idée de représenter un magnifique assortiment de barbes et chevelures noires, avec tellement de textures et de nuances incroyables, était trop séduisante pour ne pas en faire un morceau de choix du film. »