Les bienfaiteurs de magie, ce sont encore ceux de Pixar, qui déçoivent très rarement et qui ne manqueront pas à leurs devoirs, ce après 22 long-métrages. Et ils ont beau tourner autour du même thème depuis des années, le drame familial triomphe toujours si on a la bonne incantation, la bonne flamme intérieure et le bon état d’esprit. Le studio nous habitue à ses valeurs et nous les partage de nouveau à travers une aventure, digne de “Donjon & Dragon” ou d’autres jeux de rôle. Et c’est le réalisateur de “Monstres Academy”, Dan Scanlon, qui a également jonglé dans les équipes techniques d’autres œuvres de la filmographie du studio et qui a l’opportunité d’envoyer un message fort, en plus d’une lettre d’amour pleine de justesses. Mais de toute évidence, nous nous éloignons du simple conte pour enfant, car les gags sont loin d’être les plus travaillés. Il n’y a pas à s’en faire pour autant, car c’est justement cette touche de maturité qui séduit et qui n’arrêtera pas de nous faire grandir encore plus.
Il y a toujours eu cette culture de l’apprentissage et on le ressent de nouveau. Bien que ce ne soit pas toujours subtil, la magie prend néanmoins la même place que notre potentiel intérieur. En suivant deux frère à la recherche de leur défunt père, ce film ouvre une quête mystique, qui promet son lot de fantaisie, mais pas au sens féerique du terme, mais au sens métaphorique. Si l’on ne se détache pas de cette barrière, il sera compliqué de s’investir dans ce divertissement qui rapproche les meilleurs amis et les meilleurs précepteurs. Ian Lightfoot arrive dans une tranche d’âge où la confiance en soi est nécessaire pour vaincre ses démons ou pour satisfaire ses ambitions. Il appartient à une jeunesse en manque de repères, tout comme son frère aîné Barley, livré à lui-même et ses activités œuvrant du côté de la nostalgie. Le décalage est évident, car la technologie est comparée à la facilité, faute d’être rappelée comme pratique ou instructive. La science et la magie font une opposition dont on s’amuse à détourner le point de vue, mais pendant que l’on examine un drame intime chez ces deux adolescents, on en oublie un univers balisé, telle une Amérique Hollywoodienne qui perdu de sa superbe, mais qu’aux profits de certains risques, elle pourra retrouver ses artefacts ou ses icônes qui ont bâti sa grandeur et sa sagesse.
L’intrigue nous envoie donc dans une rétrospective ludique des jeux de rôle, jusqu’à amener nos héros à croiser des étapes clé des jeux, mais également les points clés d’une relation qui s’est fragilisé au fil du temps. C’est d’ailleurs à la hauteur de cette mesure que Ian découvrira la richesse de ce qu’il possédait déjà. Et comme tout bon et redoutable Pixar, le défi est de nous révéler, avec justesse et émotion, en quoi il nous est permis de dépasser un deuil ou une dépression. Il arrive parfois que le film s'embourbe dans un rythme effréné et qui laisserait certains rôlistes ou spectateurs sur la touche, mais jamais il n’oublie de rappeler l’enjeu personnel des héros, qui saura susciter attention et empathie. Ajoutons à cela une pointe d’humour bon enfant et typique des grands farfadets, car pour en arriver à sécher des larmes, il faut croire en cette épopée avec le meilleur des sourires.
Ainsi, tout n’est pas parfait, l’audace du studio a ses limites à l’image d’une check-list que même le plus jeune des spectateurs peut déduire. Et la direction de cette aventure semble plus paradoxale qu’autre chose, car on tourne bel et bien sur un plateau de jeu, un plateau qui renforce les liens fraternels. Au-delà, c’est souvent confus ou amener pour le gag obligatoire. La mère n’est résumée qu’à l’endoctrinement d’un slogan, le beau-père reste ce beau-père distant et les autres guides ou obstacles rencontrés ne servent que l’intérêt d’un trio qui donne tout pour se convaincre qu’un pseudo “Week-end chez Bernie” c’est relativement fun, mais pas exploité à fond. Nous retenons tout de même l’appel des émotions qui demeurera à jamais le Graal de notre propre aventure. “En Avant” (Onward) lance donc cette nouvelle décennie avec un bon point pour Pixar et Disney. Reste à savoir si l’endurance les accompagnera encore, mais ce sera toujours avec plaisir et avec joie de se rendre en salle afin de retrouver un peu de magie, de joie et de sourire, même dans les vérités les plus douloureuses, mais surtout dans les expériences les plus fortes.