Nous avons certainement fait le tour avec cette franchise qui n’arrête pas de détruire son pays de l’extérieur. Il fallait donc un antagoniste de l’intérieur pour se convaincre d’une bonne médiation, à la suite du niveau moyen du précédent volet. Changement de réalisateur, Ric Roman Waugh prend les commandes, mais n’exploite le tout à fait le filon des mauvais garçons des rues. Il va falloir un brin plus diplomatique afin de jongler avec ce qui a fait le succès de « La Chute de la Maison Blanche » et le délire assumé de Gerard Butler. Cependant, le juste milieu n’est jamais atteint et feint souvent s’assumer son sujet, ses propos et son ton. Le blockbuster nous habitue à mieux, malgré son burlesque incessant et pesante sur la tension qui devrait régner en cas de crise.
Où est le sentiment de danger ? Le super soldat a une longue lignée sur les petits écrans, comme sur les grands, mais on finit par s’en lasser, faute à un pauvre scénario ou une mise en scène peu créative. Tout semble décontracté, à l’image de cette réalisation qui ne vole pas haute et qui se contente de surnager au mieux. Mais c’est bien la tasse que boit cette troisième aventure qui boite, par manque de budget. On se répète, mais c’est bien la crise, car on ne parvient pas du tout à se renouveler. Ce film est comme un appel à l’aide, suffisamment maladroit pour qu’on se dise qu’il y aurait eu bien mieux à faire. Au lieu de cela, on ne sait pas quelle direction prendre, car le nanar n’est jamais très loin, une fois le personnage de Nick Nolte lancé.
Mais plus important que cela, où est la surprise dans l’histoire ? On peut aisément reprocher un manque de consistance dans l’intrigue, ne plus d’une écriture hasardeuse chez les personnages. Mais dès les premières scènes d’exposition, le puzzle à quatre pièces ne sera pas la gymnastique mentale la plus satisfaisante du visionnage. Mike Banning est sans doute un personnage torturé, au sens propre comme au sens figuré, mais il n’y a pas de mystère derrière ses dilemmes intérieurs. La relation père-fils est survolé ou laissé pour mort dans un festival pyrotechnique négligeable. Morgan Freeman est un président américain progressiste sacrifié, ou définitivement noyé, dans une astuce scénaristique qui nous catapulte à des confrontations soutenues, mais qui peinent à nous immerger. Quant à l’antagoniste, il serait futile de s’y attarder.
Entre trahisons et reconquête du passé, « La Chute du Président » reste anecdotique. On pourra en retenir quelques passages musclés de Butler, mais ce sera en vain pour témoigner son implication dans un projet bancal et mal coordonné. Toujours généreux dans ces moments d’impact, le producteur n’a pas su utiliser l’appât adapté pour toucher son public et au-delà. Le film est sans arguments, comme l’attestent les scènes post-génériques qui désamorcent ce qui avait suscité notre attention, à savoir l’audace.