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    Le Salaire de la Peur
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    4,2
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    199 critiques spectateurs

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    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 18 juin 2015
    Le début est un peu long mais une fois que l'intrigue est démarrée on ne décroche pas. Ce film tient en haleine de bout en bout et vaut vraiment le coup d’œil.
    gabdias
    gabdias

    90 abonnés 1 814 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 1 juin 2015
    Quel film ! Quel chef d'oeuvre, tout est parfait, un scénario fouillé dans une histoire pourtant simple, une interprétation hors du commun Montand et Vanel en tête, un suspens incroyable le tout piloté par une mise en scène parfaite de Clouzot, les couleurs, le rythme progressif, la musique. Multi primé (Berlin, Cannes). Somptueux et dur à la fois.
    Ceux qui me suivent savent que je n'ai pas souvent donné 5 étoiles, seulement 13 fois en é(àà films mais là il n'y a même pas à hésiter.
    Acidus
    Acidus

    736 abonnés 3 720 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 18 février 2015
    Quatre hommes répartis sur deux camions doivent convoyer plusieurs bidons de nitroglycérine sur une route dangereuse et accidentée. Avec une telle histoire, "Le salaire de la peur" a de quoi nous donner des sueurs froides. Et c'est bien là la réussite de ce long métrage qui réussit à nous faire partager les angoisses et les doutes de ces chauffeurs de l'extrême. Le film aurait été parfait s'il n'avait pas été aussi long à démarrer mais une fois lancé, les sensations sont garanties. A voir impérativement !
    flushroyal
    flushroyal

    33 abonnés 910 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 29 janvier 2015
    Ce classique des années 50 demeure intact pour ce qui concerne son suspense et son atmosphère particulière. La mise en scène de Clouzot est parfaite et fait cas d'école ( même si évidemment aujourd'hui on ne tourne plus avec le même format). La mise en scène contribue parfaitement à cette sensation de purgatoire et presque métaphysique dans laquelle sont plongés les personnages en proie à une mission quasi suicide. Même si le rythme s'apprécie différemment dans les films d'époque, on peut tout de même trouver un peu longue la première partie. La suite étant cependant sans dialogue, on comprend que les auteurs ont voulu toutefois développer au maximum les personnages au début pour mieux s'attacher à eux lors de la mission. Le récit, une fois lancé, tient en haleine. Les acteurs sont parfaitement immergés dans leurs personnages et cette situation extrême même si les seconds rôles peinent à rivaliser avec le charisme d'Yves Montant, à part Charles Vanel qui campe un personnage intéressant et humain. La fin, ironique et amer, est particulièrement audacieuse et réussie montrant l'absurdité de ce genre de mission et les motivations pécuniaires. Le film tient donc non seulement en haleine mais distille aussi une « morale » féroce. Un grand film d'époque à recommander encore aujourd'hui même si certains aspects peuvent paraître aujourd'hui désuet.
    Loskof
    Loskof

    392 abonnés 688 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 21 janvier 2015
    Je vois un peu trop de bons films ces temps donc j'ai hésité à mettre 5 mais il le mérite amplement. Ce qui m'a fait hésiter c'est la longue introduction, presque 45min, où l'on se demande presque si on regarde le bon film! Et puis l'intrigue avec les camions commencent à se révéler, et on comprend pourquoi l'intro est longue. Parce que franchement on n'attend que ça, que le trajet en camion démarre. Sauf que là, vu que le film a pris le temps, et bien il y a des enjeux, des enjeux en terme de psychologie des personnages, mais aussi au niveau de l'intrigue, à savoir pourquoi ils vont presque se battre pour gagner un peu d'argent au péril de leur vie. Du coup cette intro n'est pas forcément passionnante mais elle est nécessaire au reste. Car dès que le camion démarre ça devient génial, immédiatement. Et pourtant il n'y a rien de superflu, juste un camion qui avance au ralenti dans le parking d'une entreprise. Mais le film a tellement fait monter la sauce qu'on va vibrer et avoir peur en même temps que les personnages à chaque trou sur la route. Le film n'est qu'un enchainement de péripéties assez basique, mais ça fonctionne incroyablement bien. Le plus réussi étant la lenteur qui se dégage du truc. On arrive à être angoissé en voyant un camion rouler à 2km/h, c'est juste génial. Comme quoi pas besoin de micro-plan d'1 dixième de seconde avec des cascades partout pour mettre du suspens. Idem pour l'idée des 2 camions ça ajoute encore plus de tension car on sait bien qu'il y en a un qui va sauter, du coup on attend, on est suspendu à cet évènement. Plus de 60 ans après ce film n'a pas vieilli, c'est un film qui sait jouer avec la lenteur pour la transformer en angoisse de tous les instants, qui sait tirer profit d'un scénario basique au possible (le trajet de 2 camions bourré d'explosif). Somptueux.
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 20 janvier 2015
    "Toi tu conduis et moi j'ai peur ! Crois-moi tu es à la meilleure place ! "
    Le salaire de la peur d'Henri-Georges Clouzot est un classique du suspense made in France.
    Un groupe d'européens désœuvrés dans une bourgade de l'Amérique latine acceptent de convoyer un chargement de nitroglycérine pour souffler l'incendie d'un puits de pétrole dans une autre ville .

    La peur est donc l'élément central de ce film et comme dans un autre chef d’œuvre (Le train sifflera trois fois) elle révèle d'abord qui sont vraiment les personnages. Les masques tombent et n'est pas le plus courageux qui on croit. Dans un deuxième temps elle s'accentue avec les différents obstacles que rencontrent les personnages sur les routes tortueuses des Andes. Les nerfs du spectateur, véritable troisième passager du camion, sont mis à rude épreuve. La scène où les protagonistes attendent l'explosion d'un rocher obstruant le passage atteint un summum d’angoisse marqué par les gros plans sur les tics nerveux des acteurs. Une vraie leçon de cinéma qui n'a rien à envier aux films Hitchcock.

    On remarquera les dialogues de qualité avec des répliques qui font mouche et l'humour salvateur des personnages dans ces moments d'angoisse qui ramènent brusquement les héros à leur condition de mortel. Le casting est de qualité: Yves Montand et Charles Vanel (palme d'or) sont au sommet de leur art.

    Ce film m'a beaucoup fait penser aux vieux westerns américains. Il met en avant des héros virils, transpirants dans leurs marcels qui savent cogner et se réconcilier en pissant côte à côte. Les scènes du salaire de la peur sont à ma connaissance assez peu communes dans le cinéma français .

    Film d'aventure, road movie et mélodrame, le salaire de la peur est un très grand film français où la tension va crescendo tout au long du convoi et ne se relâche que vers la fin, peut être un peu trop précipitamment...
    anonyme
    Un visiteur
    2,0
    Publiée le 20 janvier 2015
    Verdict difficile...d'un côté il y a bien des choses qui m'ont plus dans ce film et une fois rentré dedans difficile d'en sortir, mais de l'autre côté il y a tellement d'obstacles entre moi et ce film que rentrer dedans a été une telle épreuve...Cette folle histoire de quatre gaillards chargés de transporter au péril de leur vie deux camions chargés à bloc de nitroglycérine là où chaque carrefour est plus casse-gueule que le précédent, rien qu'en lisant ses lignes on peut facilement imaginer à quel point ce film joue avec les nerfs des personnages et du spectateur, et franchement il le fait bien. Mais bon...primo l'élément perturbateur met bien 45 minutes à pointer le bout de son nez, et le premier acte doit bien mettre une heure à céder la place au second. Et pendant ces 45 premières minutes, impossible pour moi de rentrer dans le film. C'est peut-être parce que cette exposition colossale est une succession de scènes inutiles dont la plupart n'auront aucun impact sur le VRAI scénario intéressant, mais c'est aussi sans doute parce que secundo, le personnage principal est un trou du cul de la pire espèce. Je suis le premier à adorer les antihéros mais tout est une question de mesure, même le personnage principal de "District 9" est adorable en comparaison: ce type-là montre constamment autant de respect à la femme qui l'aime (et à priori qu'il aime) qu'à un grille-pain bon marché notamment en la poussant d'un camion en marche lorsqu'elle le supplie de ne pas partir, et traite son pote de la même façon, le pire étant que le film trouve toujours le moyen de faire oublier ça ( spoiler: il le pousse d'un ravin avec son camion et il se trouve qu'il n'a pas fait exprès (mon c**, le type était bien visible dans son rétro et hurlait à l'aide), puis il le méprise publiquement pendant le reste du trajet avant de lui broyer les jambes en roulant dessus tout en le traitant comme du fumier lorsqu'il se rend compte qu'il n'est pas mort pour finalement le réconforter comme son grand-pote dans la dernière ligne droite. Quel tête à claques...
    ). Là où ça pose un problème dans ce film en particulier c'est que peu importe l'obstination du film à le faire passer pour un brave type je n'avais pas forcément très peur de voir ce type-là sauter avec sa cargaison, j'en avait même plutôt envie à vrai dire ( spoiler: et le voir mourir le moins dignement du monde en fin de film a pour moi été une conclusion satisfaisante
    ). Le dernier point à m'avoir gêné ne concerne que le début de la traversée, je suis peut-être tout simplement con ou inculte mais je n'ai pas toujours compris les enjeux de l'action: par exemple je n'ai pas bien compris par quel miracle l'un des camions a pu appuyer sur le champignon alors que l'autre lui fonçait dans les miches. La sauce a bien pris, en ce qui me concerne sur environ un tiers du film et une belle astuce de réalisation m'a même marqué ( spoiler: la fameuse explosion du camion, très habilement foutue
    ) mais dans l'ensemble non je ne sors pas très content de mon visionnage. Je n'oublie pas que le film a quand même 62 ans et qu'il fut le premier du genre et j'ai quand même un sacré respect pour ce film et pour Clouzot, mais si je n'ai pas aimé je ne vais pas me forcer.
    Tupois Blagueur
    Tupois Blagueur

    67 abonnés 1 162 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 20 janvier 2015
    Décidément Henri-Georges Clouzot reste au-dessus d'un bon nombre de réalisateurs de sa génération, et il le prouve une fois de plus avec ce thriller "Le Salaire de la peur". Par bien des aspects ce film demeure encore aujourd'hui, plus de 60 ans après sa sortie, un film incontournable du cinéma français tant Clouzot joue habilement avec les nerfs du spectateur. Le film est divisé en deux parties : on voit dans la première les protagonistes tenter de survivre dans une Amérique Centrale aride et bien inhospitalière, presque coupée du monde malgré la présence d'un aéroport, de cafés et de musique. On comprend dès lors pourquoi ils se portent tout de suite volontaire pour ce travail suicidaire : transporter 500 kilos de nitroglycérine sur des routes défoncées avec d'autres obstacles en prime, c'est mieux que de rester coincé dans cet "enfer à ciel ouvert". Les morceaux de bravoure et le suspense insoutenable sont légions dans cette deuxième partie, ainsi qu'un sens acéré des dialogues et une mise en scène angoissante. Et la fin, au sens on ne peut plus symbolique ( spoiler: Mario survit à l'aller et fait ainsi pied de nez à la mort mais celle-ci reprend son dû lorsque Mario a un accident dans la montagne au retour
    ), conclut le film en beauté. Le tout est servi par un casting formidable et un montage à faire frissonner n'importe qui. Un classique ? Évidemment !
    lilyzab
    lilyzab

    24 abonnés 163 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 19 janvier 2015
    Vu hier soir .. Bon Ce n'est pas parce que l'on a deux grands acteurs dans un film que cela fait un chef d'oeuvre. le film a eu beaucoup de prix, je le conçois dans la mesure ou le thème est intéressant le gros dur qui devient le lâche..Malheureusement sur un scénario bancal cela rend la tâche difficile. gabin a eu raison de refuser le rôle , il ne voulait pas jouer le lâche surement parce que le scénario ne l'a pas convaincu. Les scènes ou Vanel joue le dur sont absurdes du moins tout le début dans le café n'a ni queue ni tête! Vera Clouzot joue la gogole de service, la pauvre fille que l'on bouscule et jette à terre supportant une misogynie assez étonnante. Clouzot me parait être bien sadique avec elle. Du moins le scénario, mais dans l'intrigue c'est totalement gratuit. aujourd’hui, les propos racistes tenus par les acteurs principaux seraient sans doute censurés..(surtout que pas de 2ieme degré chez Clouzot ) ou alors je suis passée à côté?????
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    3 096 abonnés 3 969 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 19 janvier 2015
    Eh ben... je joue souvent à un jeu avec des amis : "pour combien tu fais..." (remplacez les points de suspension par lécher une barre de métro, manger des matière fécale (avec distinctions selon la fraicheur et l'origine du donneur...) et d'autres choses bien trop choquantes, même pour internet). Cependant, conduire un camion plein de nitroglycérine n'a jamais été une question posée... et je pense que j'aurai demandé plusieurs millions (et pas 2000 comme dans le film) et après avoir vu le film... c'est niet... Alors que je pensais que tout avais un prix...

    Parce que pour une fois on a un film qui porte bien son nom. C'est stressant, angoissant... L'Angoisse, c'est le mot qui définirait le mieux ce film... Si je ne savais pas trop de quoi ça parlait, si ce n'est qu'un type allait conduire un camion (mais c'est tout...), au début, c'est assez surprenant de voir, assez longtemps, un paysage de campagne d'Amérique centrale se développer, avec ses personnages, ses habitudes, ses amitiés, ses amours... Mais surtout sa misère, son ennui et son côté mortifère. Parce que rester là, c'est mourir.

    Il fallait au moins ça pour justifier le fait que des gens acceptent de conduire ce camion, montrer cette misère (alors c'est encore assez soft, c'est pas Terre sans pain de Bunuel non plus...), montrer ces gens pour que l'on s'attache à eux et que leur sort nous importe.

    Et puis le couperet tombe, ils sont quatre, ils vont partir dans deux camions et là... éloge de la lenteur. Clouzot a bien évidemment tout compris, tout, absolument tout... Dès qu'il sort, ce premier camion, dès qu'il sort du camp... on voit les pneus avancer tout doucement, il n'y a rien, aucun obstacle, rien... et déjà on sait qu'on va souffrir... Le plan de la sortie doit bien durer 30 secondes, où on voit juste ce camion en plan fixe avancer au pas... et c'est déjà fini, ils sont tous morts, on est mort avec eux... la marche funèbre peut commencer.

    Le fait de partir à deux camions, c'est juste génial ! Si on se doute que le camion de Montand, qui est le héros, arrivera plus loin que l'autre... ça permet d'alterner les points de vue, rajouter du stress, parce que finalement... on s'attache aux deux autres pilotes aussi.

    Et on voit ce brave gars qui n'avait peur de rien, un vrai dur qui balise à mort... et le pire, c'est que dans n'importe quel film il aurait été chiant comme personnage, un boulet scénaristique... mais là on le comprend... on le comprend... c'est normal d'avoir peur... on n'est pas humain si on n'a pas peur.

    Les péripéties s'enchaînent, toutes plus stressantes les unes que les autres... Comme quoi il ne faut pas une grande idée complexe pour faire du grand cinéma... une idée aussi simple que ça, avec une mise en scène aux petits oignons ça fait tout ! C'est la simplicité du truc qui fait la qualité du bidule ! Juste quatre types, de la nitro, deux camions et des embuches... et ça aurait pu durer 5 heures je n'aurai pas quitté mon canapé, j'en aurai été incapable ! tout bonnement incapable !

    Et c'est ça le défaut du film, c'est beaucoup, beaucoup, beaucoup trop court... et je suis content qu'Arte ait la présence d'esprit de diffuser le remake demain soir... parce que j'ai envie d'en reprendre une couche, d'en reprendre pleine la gueule !

    Claque monumentale, un sommet de précision...
    blacktide
    blacktide

    60 abonnés 795 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 14 décembre 2017
    Une question de vie ou de mort

    Comment devient-on cinéphile ? Comment cultiver cette passion pour ne jamais en perdre le goût ? Autant de réponses à l’objectivité hasardeuse que d’individus tombés dans la marmite pour des raisons aussi diverses que passionnantes. Une marmite où les influences mijotent au milieu des expériences personnelles. Le résultat : des œuvres collées à notre peau qui perdurent dans la mémoire comme ces premières fois qui ne s’oublient pas. Pour certains d’entre nous, Henri-Georges Clouzot y est pour beaucoup. Ses œuvres, souvent imprévisibles, jamais conventionnelles, mêlant maîtrise formelle, perversité atmosphérique et ambition populaire, ont toujours su ménager le public tout en maintenant un certain standing de mise en scène. Et au croisement de ses quêtes de perfection et de son âme torturée, Clouzot signe avec Le Salaire de la Peur un tatouage indélébile dont la noirceur morale n’a d’égale que sa nostalgique beauté.

    Beaucoup d’entre nous l’ont découvert, un soir, devant la télévision, un peu par hasard, sans même avoir la moindre idée de la portée émotionnelle que ce film allait provoquer chez eux: d’intenses moments où les poils s’hérissent, les mains se crispent et où la fascination se mêle à l’agitation. Une œuvre qui se ressent donc à chaque instant, au plus profond de sa chair, et appuyée par cette peur suintante que ne dément aucune séquence. Toucher au-delà du physique au moral et à la psychologie en somme : un film doublement efficace donc. Le suspense lui se veut interminable ; une heure et demie où les nerfs craquent, où la tension ruissèle à même la peau, une heure et demie où le spectateur est mis à rude épreuve. Car le film se veut une lente et longue traversée de la souffrance, comme un bras de fer avec un masochisme moral, où tout le monde y perdrait une part d’humanité.

    Créer au final une interrogation autour du néant existentiel, de la mort qui nous poursuit, de cette vie en sursis, constamment en équilibre instable entre cette ouverture « tranche de vie » et ces instants de déflagration, entre l’instant présent et le danger à venir. Un leitmotiv obsessif de la mort conduisant tout compte fait à lancer un cinéma sous tension. Car, de ce fatalisme oppressant, l’exposition n’en devient que plus diabolique. Des cafards, la misère, la pluie, la fatigue caniculaire, la faim… Las Pierdas, un lieu qui n’existerait seulement qu’en tant que métaphore d’un monde qui se délite, un purgatoire où les hommes échouent lorsque la société a décidé de les ranger dans la catégorie indésirable. Des gens d’avant, de là-bas, perdus dans leur propre mort, là où le paradis aérien se veut inaccessible et l’enfer du feu pétrolier à portée de main : un ticket de métro, inutilisable, seul rattachement à la société pour Montand. Des Hommes qui continueraient donc de mourir une seconde fois.

    Et dans cette exposition à la frontière du documentaire, Clouzot semble vouloir nourrir la fiction de cette dimension sociale, une sorte de synthèse de la misère de ces pays latins américains, là où les violents contrastes sociaux s’écorchent face à l’emprise capitaliste (les Etats-Unis censureront d’ailleurs toute la première partie du film). Tout un film de dominations, où l’argent écrase l’humain, où le riche prospère dans la misère du pauvre, et où l’apparente solidarité se désagrège face à l’individualisme. Dans cette avidité déshumanisante, Le Trésor de la Sierra Madre n’est jamais loin. Même la Femme en est réduite à son animalité : « C’est son jour de sortie » annonce Yves Montand, comme pour appuyer ces (contre)-plongées souveraines où Vera Clouzot nettoie le sol, à quatre pattes, acculée à la servilité, et à l’objet d’attraction sexuelle. Presque une sorte d’enfer masculin où sous les amitiés sadomasos règne une véritable homosexualité latente, là où la seule femme, n’est qu’une insaisissable beauté rongée par la folie : Mario et son débardeur, des corps luisants de sueur, érodés par la douleur, plongés dans une mare de pétrole, non sans rappeler une certaine scène du bain dans Spartacus, la brutalité en plus.

    D’autant plus qu’à ce pessimisme apparent quant à la nature humaine, Clouzot transforme son film d’aventures en véritable cinéma politique, brut, boueux, où le Mal capitaliste se diffuse progressivement dans la folie de ses personnages. Comme pour témoigner d’une réalité qui les éclabousserait jusqu’à ce que l’espoir d’évasion meure dans un dernier soupir : « La palissade. Qu'est-ce qu'il y avait derrière ? –Rien ». Toute l’exposition, dans son insolente longueur, ne contribue que mieux à renforcer cette déshumanisation : une construction perturbante à première vue, mais d’une incroyable subtilité. Car la première partie est celle des apparences, des lisses surfaces, des beaux parleurs et des solidaires espoirs ; avant que la seconde égratigne le tout en révélant la vraie nature de l’Homme, mise à nue par la Peur inversant les rapports de forces.

    Une Peur qui se puise dans cette soif d’absolu, là où le dollar est la première cause de mort. Deux camions, quatre hommes, des jerricanes de nitroglycérine, et la mort dans chaque seconde. Tout tend à l’oppression alors même que le ressenti se devrait être presque anti-claustrophobique. Et pourtant là est tout le paradoxe, dans ces extérieurs en fuite, de grands espaces confinant l’Homme au néant, à l’hostilité même du décor, jusqu’à ce que le risque devienne partie intégrante de celui-ci : là réside tout le talent de Clouzot, à savoir de façonner chaque avancée en une infernale épreuve, une question de vie ou de mort, aussi bien pour ses personnages que pour les spectateurs. Ainsi, la lâcheté de Jo est nôtre, comme au final notre compromission dans l’inévitable passivité face au destin des personnages. Un destin qui nous tourmente, qui nous écartèle au milieu de cette Nature Morte, poisseuse, et rocailleuse ; à l’image de cette scène de « manœuvre sur pont instable » ou du « rocher détonant », du sensationnel spectacle s’approchant d’une véritable torture mentale.

    Plus encore, toute la tension, tous les frémissements de l’œuvre pourraient se condenser en une seule scène, d’amour-haine, où Montand et Vanel doivent traverser une mare de pétrole : le sadisme à son paroxysme, pour un symbolisme des plus évocateurs. Une sorte d’arrêt brut dans la course effrénée, où tout se noie dans le nihilisme. Continuer à avancer pour la couleur noire de l’argent en dépit des amitiés, qui se brisent comme une jambe sous une roue de semi-remorque. La scène se veut lente, interminable, et profondément mémorable, avant que la réconciliation n’aboutisse à une forme de résignation. Il est trop tard, car survivre à la mort peut en être la porte d’entrée. Tout comme ce final de zigzags émotionnels, où la joie de la survie et la valse en montage Cut animent le Beau Danube Bleu d’une chute quasi libératrice. Et dans ce climat où tout semble pouvoir exploser au moindre choc, on pourrait y voir une métaphore même de la création de Clouzot, à l’image de ce projet avorté sur le Brésil : une sorte de voyage intérieur du réalisateur et du cheminement de son film ; chercher une perfection dans l’aboutissement de l’échec en somme. Clouzot face à la confession du miroir, vulnérable sous son apparente brutalité.

    A mi-chemin entre la poésie et les ténèbres, il y a pourtant dans Le Salaire de la Peur quelque chose d’infiniment beau qui ne s’apprécie qu’avec une certaine nostalgie : cette texture, ce grain, ces plans lumineusement contrasté, etc. Et pour reprendre les mots si justes d’Henri Magnan: « s’il est vrai qu’un bon sonnet vaut mieux qu’un méchant long poème, je ne crains pas de dire que le long poème de Clouzot est préférable à un bon sonnet ». Car son Salaire de la Peur est d’une poésie brute, la plus noire, et la plus pourpre d’entre toutes. Une sorte de carte postale que n’aurait pas reniée Camus, là où tout converge vers l’échappée d’un « condamné à mort ». Un peu comme du Céline aussi, au fond froid, pessimiste, épique, mais au cœur rayonnant de beauté. D’autant plus que l’écriture de Georges Arnaud est quant à elle profondément cinématographique, faite de ces moments bruts, secs, et ambigus.

    De quoi attirer l’œil nerveux de Clouzot où la caméra saisirait les mouvements des plus Grands pour les condenser dans une spectaculaire singularité, là où évoluent des ombres sans couleur, pour un film de textures, de moiteur. Car la caméra a son mot à dire, de façon à ce que les dialogues s’attachent à ne jamais alourdir l’esprit des Images. Des images dont l’influence germanique se fait ressentir ne serait-ce que sur la précision du cadrage et l’utilisation du clair obscur. De l’art véritablement plastique en définitive. Saluons aussi le magnifique travail des opérateurs qui ont su faire de la Camargue une vision encore plus moite, plus caniculaire que le Brésil lui-même. Et à cette Obsession des Images, Clouzot se veut porter en germe un style « à l’américaine » qui permet au Salaire de la Peur de s’insérer au niveau international.

    Puisque qu’il serait important de nous rappeler que tous les chemins mènent au Salaire de la Peur. Une œuvre à la portée aussi intense qu’un Voyage au bout de l’enfer. Friedkin en colorisera d’ailleurs la noirceur dans son magnifique et puissant Sorcerer, tout en y amplifiant les ambitions ne serait-ce qu’à travers son intense séquence du pont sur fond de tempête tropicale. Et l’on oublie bien souvent que John McClane a tout de la réinvention/ américanisation du personnage d’Yves Montand : de la sueur imprégnant son débardeur à la charismatique détermination, seul change l’objectif : la pureté de l’amour contre l’aliénation du dollar.

    Retenir son souffle, se pétrifier de magnétisme et se noyer dans sa propre sueur. Autant dire que Le Salaire de la Peur ménage positivement son public, non seulement dans la tension mais aussi dans la poésie et l’attachement. Un film à l’image de son réalisateur, un cinéaste dont la quête de perfection et de cinéma n’a jamais cessé d’alimenter sa légende de maniaque obsessif, cruel et mystérieux. Son œuvre transpire la virtuosité et le désespoir. Et une fois qu’on a goûté à cette fatalité noire, plus rien ne pourra nous dévier du chef d’œuvre à sillonner. Car contempler Le Salaire de la Peur, c’est un peu être au volant de sa propre cinéphilie, variant au fil des virages et des butées, entre obstacles et grandeur d’une œuvre à l’aura éternelle. Comme si tous ces instants de grâce étaient voués à exploser à un moment ou à un autre du voyage. Un voyage sans retour, puisque comme tout cinéphile le sait, le Cinéma est une maladie sans remède, un enchantement sans issue. Ne reste qu’à admirer à jamais ce gigantesque moment de cinéma, où Clouzot se rêve déjà à réaliser son Enfer. Finalement, encore et toujours l’histoire d’un monde qui en serait réduit à un No Man’s Land…

    Noir comme le mazout, explosif comme de la nitro
    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 22 janvier 2015
    Le salaire de la peur est un film révolutionnaire pour son époque : haletant, le premier à introduire le concept du camion plein de dynamite. Au cours du film, on suit les quatre hommes conduisant 2 camions pleins de nitroglycérine, dont la personnalité va peu à peu se révéler. Le suspens est ultra présent ( bah oui, au cas où quelqu'un ne l'aurait pas compris, la nitroglycérine, ça explose ), dans chaque action des personnages, confrontés à des tas d'obstacles. Le film est toutefois lent par moment et a du mal à démarrer ( le début est assez lent ). Il pose clairement la question : jusqu'où l'Homme est-il prêt à aller pour l'argent.
    Le salaire de la peur reste un film qui ne vous laisse pas respirer, avec de très bons acteurs. A voir si vous aimez le suspens.
    electricite21
    electricite21

    1 abonné 48 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 19 janvier 2015
    j'adore se film, très vrai, j'aime les décors: une vie "simple" moi j'aime et l'ambiance, des fois c'est sous titré et ça m'agace, c'est tout, autrement j'adore les acteurs: très bon
    CH1218
    CH1218

    207 abonnés 2 904 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 15 janvier 2015
    Après une introduction longuette de 45 minutes, « le Salaire de la Peu » monte implacablement en intensité. Un scénario qui relate le transport, sur des routes impraticables, par 4 hommes au volant de 2 camions, d’une garnison de quelques centaines de kilos de nitroglycérine, destinées à l’extinction d’un puits de pétrole en feu. La force d’Henri-Georges Clouzot est de rendre l’atmosphère de son film de plus en plus lourde et pesante, tout en conservant sa lenteur narrative. Une véritable torture pour les nerfs et les ongles du spectateur puisque cette oppression distille elle-même un suspense d’une efficacité redoutable et intelligemment mis en images. Yves Montant et surtout Charles Vanel dominent la distribution de ce grand classique intemporel.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 23 décembre 2014
    Un immense flm, avec une intensité incroyable. L’empathie est d’autant plus grande avec les personnages que l'on a apprit à les connaitre dans la première partie du film. Chaque personnage à une magnifique épaisseur.
    Un film qu'il ne faut pas manquer et inoubliable à ceux qui l'ont vus.
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