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    Le Salaire de la Peur
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    195 critiques spectateurs

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    Nicothrash
    Nicothrash

    366 abonnés 3 025 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 26 novembre 2015
    S'attaquer à un monstre dans le genre de celui-ci n'est jamais évident et pourtant plus de 60 ans après sa sortie, ce film continue d'absorber son spectateur et de le mettre face à une tension étonnante d'intensité et reste un objet assez unique dans son genre, d'autant plus à l'époque. Pour accéder à ce monument de suspens, il faut tout de même supporter une très longue introduction finalement assez peu inspirée et peu inspirante, appuyée pour ma part par une version non sous-titrée qui rend difficile la compréhension des enjeux et la situation floue des personnages. Par contre une fois cette heure passée, on ne voit plus le reste du métrage défiler, c'est très prenant et bourré de rebondissements, le tout servi par des acteurs convaincants et au top de leur forme dans des personnages hauts en couleur. Bien évidemment les dialogues ne sont plus d'actualité mais il serait ridicule de taxer cette oeuvre de vieillissante vue l'époque à laquelle elle a été tournée et la petite révolution cinématographique qu'elle a été. Clairement j'ai aimé mais je reste mesuré dans l'ensemble car j'avoue avoir été quelque peu déçu après avoir lu tant d'éloges à l'égard de ce classique de Clouzot et notamment par une fin que j'ai trouvé bête. J'espère le revoir plus tard sous une meilleure forme et enfin l'apprécier à sa juste valeur, en attendant il me reste le remake du grand Friedkin à découvrir ...
    Eowyn Cwper
    Eowyn Cwper

    120 abonnés 2 039 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 22 février 2019
    Le Salaire de la Peur, sorti en 1953, est le seul film auquel on pense à l’évocation du nom de Henri-Georges Clouzot – en partant du principe qu’on le connaisse, déjà. C’est un succès qui le dédommage au centuple du mépris posthume dont il souffre encore. Et si la qualité cinématographiques n’y suffisait pas, c’est le tournage qui aurait pu le justifier ; entre sa cheville qui se rompit – sûrement en manque d’une flagornerie méritée – et les yeux de ses stars qui se conjonctivèrent au contact d’un pétrole authentique, et puis entre le budget et les dates butoirs repoussées, Clouzot s’est clairement payé lui-même du salaire de la peur. Si l’on doit s’en sortir avec un fond sonore composé de cigales parce qu’il n’a pas su maquiller la Provence en Amérique du Sud, ce n’est clairement pas cher payer pour les 2 000 $ de prime.

    J’ai vu Le Salaire de la Peur pour la première fois à un âge où le noir et le blanc étaient pour moi synonymes de « chiant ». En plus, le film est long. Je crois que c’est le premier du genre qui se soit laissé dompter par mon jeune esprit, même si je l’ai bien senti passer… pendant… deux… longues… heures… et… demi. Je suis ravi, avec ce second visionnage, d’avoir totalement vaincu ce sentiment.

    J’ai même retrouvé la fascination devant la mise en scène de la prison et ses principes contre-nature : trop grande pour qu’on s’en évade, désolée et affamante, occupée d’arides écorces et peuplé de personnages à rides précoces. Les détenus n’ont pas des tenues mais sont tenus de dessiner l’arche du métropolitain sur les murs comme d’autres affichent un poster de Rita Hayworth. Bref, le parangon du désert, les racines même de sa polysémie.

    Quant à leurs racines propres, Montand et Vanel ne vont avoir de cesse de se les renvoyer tour à tour, avec moult argot (une langue à ajouter à la VO déjà quintilingue !) et se montant le bourrichon sur leur Paname perdue au profit de ce panam éperdu. C’est dans une grâce toute douce, au milieu de ce proto-dieselpunk, que l’affection liant les deux hommes va retourner sa veste jusque dans les tréfonds les plus intenses de l’incompréhension et de la méchanceté mutuelle.

    Chez Clouzot, des Ricains s’activent au pied de leurs derricks, tout nus – métaphoriquement – quand cette source de leur richesse est fragilisée. Révélées au grand jour, ces tours cracheuses d’or noir qui se parent soudain de flammes duotones sont de véritables invitations à se moquer de la mégalomanie ou des inégalités. Mais l’inégalité est la source, elle, d’un bénéfice réciproque, et je crois que c’est cette révélation fabuleuse qui sert de liant à l’horreur, la rendant supportable, voire plaisante. Car le régisseur tient à notre satisfaction, ne reculant que devant l’ornière que représente le soufflage de l’incendie par la nitroglycérine. Il en fait presque trop : les jurons magnifiques de Montand qui jacte le jars mieux que Michel Simon ne suffisent pas à aplanir la grandiloquence avec laquelle les problèmes s’enchaînent ; sérieusement, je ne tiens pas à multiplier les références anachroniques, mais on se croirait dans un film spatial !

    Le simple fait qu’il y a deux camions donne déjà un peu trop d’épaisseur aux « problèmes » ; quand on voit la solution de l’un, on est mis dans l’expectative de la solution de l’autre. C’est un peu tout ce qui donne le rythme jusqu’à ce que HGC joue enfin la carte de l’inattendu. Une façon de se remettre tout seul sur le droit chemin de son idéal : bien faire comprendre que la peur n’est qu’histoire de conscience, et que chacun l’exorcise à sa manière, ou galvanisé ou statufié par elle.

    L’allégorie d’un road movie auquel Gabin a refusé de s’affilier, ne voulant pas risquer de jouer un couard devant son audience soumise ; il a peut-être ressenti le besoin de se racheter avec Gas-oil (Gilles Grangier, 1955), car Le Salaire de la Peur donne à de multiples reprises des raisons de rester bouche bée aux mâchoires les plus carrées. Car au-delà de son emploi d’acteurs compétents dans la peau de mécanos débrouillards, Clouzot illustre qu’on n’est jamais éloigné de rien. On n’a pas idée d’où ça mène, le Nord-Sud…

    septiemeartetdemi.com
    TUTUR29
    TUTUR29

    32 abonnés 1 115 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 22 avril 2024
    Je découvre Le Salaire de la peur et même si j’avais déjà vu Le Corbeau et L’assassin habité au 21, Le Salaire de la peur est pour l’instant mon film préféré d’Henri Georges Clouzot ! Le seul point noir est que l’introduction du film est à mon sens beaucoup trop longue mais sinon, le film est la définition du suspens et de la tension, avec une approche très réaliste Clouzot arrive à installer une ambiance pesante qui transforme le moindre ponton ou flaque de pétrole en véritable ennemi. Si on ajoute à ça un personnage de Mario malveillant qui habite tout le long métrage avec des acteurs au top et un destin logique pour chacun d’entre eux, on se retrouve face à un film super prenant et divertissant. A noter que la mise en scène de Clouzot est vraiment excellente et n’a pas pris une ride !
    stebbins
    stebbins

    501 abonnés 1 747 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 24 mai 2009
    Destins croisés sous le soleil du Mexique... A une époque où le cinéma français ressemblait la plupart du temps à du théâtre filmé, Henri-Georges Clouzot redonnait ses lettres de noblesse à la notion de mise en scène. Le Salaire de la Peur est effectivement un film de pur cinéma : après une introduction digne d'Orson Welles ( jeux d'ombres et de lumières somptueux, cadrages inspirés, présentation méthodique des personnages...), Clouzot entraîne son spectateur dans une atmosphère aride, presque calcinée. On assiste au quotidien de quatre aventuriers que rien ne prédisposait à se rencontrer : un baroudeur avide d'argent ( sublime Yves Montant ), un italien débonnaire, un allemand méticuleux ainsi qu'un caïd moins téméraire qu'il n'y paraît ( extraordinaire Charles Vanel, qui n'a pas volé son prix cannois en 1953 ) vont donc devoir faire équipe le temps d'un voyage périlleux. Le film de Clouzot témoigne dans sa deuxième partie de véritables enjeux dramatiques dont il serait dommage de se priver. En ce sens, la séquence de l'explosion est un formidable morceau de bravoure, tout comme celle du bain de pétrole. Bref, Le Salaire de la Peur mérite amplement sa Palme. Un classique à ne pas manquer. Superbe !
    Uchroniqueur
    Uchroniqueur

    154 abonnés 2 376 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 28 octobre 2015
    Le plaisir de revoir un Clouzot. Le plaisir de revoir un bon vieux noir et blanc des années 50 où il faut passer sur les stéréotypes viriles et misogyne, la belle Vera Clouzot n'est bonne qu'a faire le ménage. Un film sans romance sentimentale parasite qui permet de profiter pleinement de l'aspect aventure.
    Le plaisir d'un cinéma de qualité. Qualité de la réalisation et qualité des dialogues. Un Charles Vanel magistral, époque où la compétence de chaque corps de métier est visible, du générique au mot "fin" tout est fait avec art et maîtrise. De l'artisanat mais jamais d'amateurisme.
    Un film d'aventure long avec une introduction qui met dans l'ambiance et qui va permettre de développer les personnages, notamment celui de Charles Vanel, coq de basse-cour dans le civil ou Yves Montant voyou paumé, cette aventure les révélera. Clouzot dialoguiste est parfois proche d'Audiard spoiler: "t'as pas compris que t'étais pas payé pour conduire mais pour avoir peur ! C'est ça la division du travail, on est deux, toi tu conduis et moi j'ai peur".
    blacktide
    blacktide

    58 abonnés 795 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 14 décembre 2017
    Une question de vie ou de mort

    Comment devient-on cinéphile ? Comment cultiver cette passion pour ne jamais en perdre le goût ? Autant de réponses à l’objectivité hasardeuse que d’individus tombés dans la marmite pour des raisons aussi diverses que passionnantes. Une marmite où les influences mijotent au milieu des expériences personnelles. Le résultat : des œuvres collées à notre peau qui perdurent dans la mémoire comme ces premières fois qui ne s’oublient pas. Pour certains d’entre nous, Henri-Georges Clouzot y est pour beaucoup. Ses œuvres, souvent imprévisibles, jamais conventionnelles, mêlant maîtrise formelle, perversité atmosphérique et ambition populaire, ont toujours su ménager le public tout en maintenant un certain standing de mise en scène. Et au croisement de ses quêtes de perfection et de son âme torturée, Clouzot signe avec Le Salaire de la Peur un tatouage indélébile dont la noirceur morale n’a d’égale que sa nostalgique beauté.

    Beaucoup d’entre nous l’ont découvert, un soir, devant la télévision, un peu par hasard, sans même avoir la moindre idée de la portée émotionnelle que ce film allait provoquer chez eux: d’intenses moments où les poils s’hérissent, les mains se crispent et où la fascination se mêle à l’agitation. Une œuvre qui se ressent donc à chaque instant, au plus profond de sa chair, et appuyée par cette peur suintante que ne dément aucune séquence. Toucher au-delà du physique au moral et à la psychologie en somme : un film doublement efficace donc. Le suspense lui se veut interminable ; une heure et demie où les nerfs craquent, où la tension ruissèle à même la peau, une heure et demie où le spectateur est mis à rude épreuve. Car le film se veut une lente et longue traversée de la souffrance, comme un bras de fer avec un masochisme moral, où tout le monde y perdrait une part d’humanité.

    Créer au final une interrogation autour du néant existentiel, de la mort qui nous poursuit, de cette vie en sursis, constamment en équilibre instable entre cette ouverture « tranche de vie » et ces instants de déflagration, entre l’instant présent et le danger à venir. Un leitmotiv obsessif de la mort conduisant tout compte fait à lancer un cinéma sous tension. Car, de ce fatalisme oppressant, l’exposition n’en devient que plus diabolique. Des cafards, la misère, la pluie, la fatigue caniculaire, la faim… Las Pierdas, un lieu qui n’existerait seulement qu’en tant que métaphore d’un monde qui se délite, un purgatoire où les hommes échouent lorsque la société a décidé de les ranger dans la catégorie indésirable. Des gens d’avant, de là-bas, perdus dans leur propre mort, là où le paradis aérien se veut inaccessible et l’enfer du feu pétrolier à portée de main : un ticket de métro, inutilisable, seul rattachement à la société pour Montand. Des Hommes qui continueraient donc de mourir une seconde fois.

    Et dans cette exposition à la frontière du documentaire, Clouzot semble vouloir nourrir la fiction de cette dimension sociale, une sorte de synthèse de la misère de ces pays latins américains, là où les violents contrastes sociaux s’écorchent face à l’emprise capitaliste (les Etats-Unis censureront d’ailleurs toute la première partie du film). Tout un film de dominations, où l’argent écrase l’humain, où le riche prospère dans la misère du pauvre, et où l’apparente solidarité se désagrège face à l’individualisme. Dans cette avidité déshumanisante, Le Trésor de la Sierra Madre n’est jamais loin. Même la Femme en est réduite à son animalité : « C’est son jour de sortie » annonce Yves Montand, comme pour appuyer ces (contre)-plongées souveraines où Vera Clouzot nettoie le sol, à quatre pattes, acculée à la servilité, et à l’objet d’attraction sexuelle. Presque une sorte d’enfer masculin où sous les amitiés sadomasos règne une véritable homosexualité latente, là où la seule femme, n’est qu’une insaisissable beauté rongée par la folie : Mario et son débardeur, des corps luisants de sueur, érodés par la douleur, plongés dans une mare de pétrole, non sans rappeler une certaine scène du bain dans Spartacus, la brutalité en plus.

    D’autant plus qu’à ce pessimisme apparent quant à la nature humaine, Clouzot transforme son film d’aventures en véritable cinéma politique, brut, boueux, où le Mal capitaliste se diffuse progressivement dans la folie de ses personnages. Comme pour témoigner d’une réalité qui les éclabousserait jusqu’à ce que l’espoir d’évasion meure dans un dernier soupir : « La palissade. Qu'est-ce qu'il y avait derrière ? –Rien ». Toute l’exposition, dans son insolente longueur, ne contribue que mieux à renforcer cette déshumanisation : une construction perturbante à première vue, mais d’une incroyable subtilité. Car la première partie est celle des apparences, des lisses surfaces, des beaux parleurs et des solidaires espoirs ; avant que la seconde égratigne le tout en révélant la vraie nature de l’Homme, mise à nue par la Peur inversant les rapports de forces.

    Une Peur qui se puise dans cette soif d’absolu, là où le dollar est la première cause de mort. Deux camions, quatre hommes, des jerricanes de nitroglycérine, et la mort dans chaque seconde. Tout tend à l’oppression alors même que le ressenti se devrait être presque anti-claustrophobique. Et pourtant là est tout le paradoxe, dans ces extérieurs en fuite, de grands espaces confinant l’Homme au néant, à l’hostilité même du décor, jusqu’à ce que le risque devienne partie intégrante de celui-ci : là réside tout le talent de Clouzot, à savoir de façonner chaque avancée en une infernale épreuve, une question de vie ou de mort, aussi bien pour ses personnages que pour les spectateurs. Ainsi, la lâcheté de Jo est nôtre, comme au final notre compromission dans l’inévitable passivité face au destin des personnages. Un destin qui nous tourmente, qui nous écartèle au milieu de cette Nature Morte, poisseuse, et rocailleuse ; à l’image de cette scène de « manœuvre sur pont instable » ou du « rocher détonant », du sensationnel spectacle s’approchant d’une véritable torture mentale.

    Plus encore, toute la tension, tous les frémissements de l’œuvre pourraient se condenser en une seule scène, d’amour-haine, où Montand et Vanel doivent traverser une mare de pétrole : le sadisme à son paroxysme, pour un symbolisme des plus évocateurs. Une sorte d’arrêt brut dans la course effrénée, où tout se noie dans le nihilisme. Continuer à avancer pour la couleur noire de l’argent en dépit des amitiés, qui se brisent comme une jambe sous une roue de semi-remorque. La scène se veut lente, interminable, et profondément mémorable, avant que la réconciliation n’aboutisse à une forme de résignation. Il est trop tard, car survivre à la mort peut en être la porte d’entrée. Tout comme ce final de zigzags émotionnels, où la joie de la survie et la valse en montage Cut animent le Beau Danube Bleu d’une chute quasi libératrice. Et dans ce climat où tout semble pouvoir exploser au moindre choc, on pourrait y voir une métaphore même de la création de Clouzot, à l’image de ce projet avorté sur le Brésil : une sorte de voyage intérieur du réalisateur et du cheminement de son film ; chercher une perfection dans l’aboutissement de l’échec en somme. Clouzot face à la confession du miroir, vulnérable sous son apparente brutalité.

    A mi-chemin entre la poésie et les ténèbres, il y a pourtant dans Le Salaire de la Peur quelque chose d’infiniment beau qui ne s’apprécie qu’avec une certaine nostalgie : cette texture, ce grain, ces plans lumineusement contrasté, etc. Et pour reprendre les mots si justes d’Henri Magnan: « s’il est vrai qu’un bon sonnet vaut mieux qu’un méchant long poème, je ne crains pas de dire que le long poème de Clouzot est préférable à un bon sonnet ». Car son Salaire de la Peur est d’une poésie brute, la plus noire, et la plus pourpre d’entre toutes. Une sorte de carte postale que n’aurait pas reniée Camus, là où tout converge vers l’échappée d’un « condamné à mort ». Un peu comme du Céline aussi, au fond froid, pessimiste, épique, mais au cœur rayonnant de beauté. D’autant plus que l’écriture de Georges Arnaud est quant à elle profondément cinématographique, faite de ces moments bruts, secs, et ambigus.

    De quoi attirer l’œil nerveux de Clouzot où la caméra saisirait les mouvements des plus Grands pour les condenser dans une spectaculaire singularité, là où évoluent des ombres sans couleur, pour un film de textures, de moiteur. Car la caméra a son mot à dire, de façon à ce que les dialogues s’attachent à ne jamais alourdir l’esprit des Images. Des images dont l’influence germanique se fait ressentir ne serait-ce que sur la précision du cadrage et l’utilisation du clair obscur. De l’art véritablement plastique en définitive. Saluons aussi le magnifique travail des opérateurs qui ont su faire de la Camargue une vision encore plus moite, plus caniculaire que le Brésil lui-même. Et à cette Obsession des Images, Clouzot se veut porter en germe un style « à l’américaine » qui permet au Salaire de la Peur de s’insérer au niveau international.

    Puisque qu’il serait important de nous rappeler que tous les chemins mènent au Salaire de la Peur. Une œuvre à la portée aussi intense qu’un Voyage au bout de l’enfer. Friedkin en colorisera d’ailleurs la noirceur dans son magnifique et puissant Sorcerer, tout en y amplifiant les ambitions ne serait-ce qu’à travers son intense séquence du pont sur fond de tempête tropicale. Et l’on oublie bien souvent que John McClane a tout de la réinvention/ américanisation du personnage d’Yves Montand : de la sueur imprégnant son débardeur à la charismatique détermination, seul change l’objectif : la pureté de l’amour contre l’aliénation du dollar.

    Retenir son souffle, se pétrifier de magnétisme et se noyer dans sa propre sueur. Autant dire que Le Salaire de la Peur ménage positivement son public, non seulement dans la tension mais aussi dans la poésie et l’attachement. Un film à l’image de son réalisateur, un cinéaste dont la quête de perfection et de cinéma n’a jamais cessé d’alimenter sa légende de maniaque obsessif, cruel et mystérieux. Son œuvre transpire la virtuosité et le désespoir. Et une fois qu’on a goûté à cette fatalité noire, plus rien ne pourra nous dévier du chef d’œuvre à sillonner. Car contempler Le Salaire de la Peur, c’est un peu être au volant de sa propre cinéphilie, variant au fil des virages et des butées, entre obstacles et grandeur d’une œuvre à l’aura éternelle. Comme si tous ces instants de grâce étaient voués à exploser à un moment ou à un autre du voyage. Un voyage sans retour, puisque comme tout cinéphile le sait, le Cinéma est une maladie sans remède, un enchantement sans issue. Ne reste qu’à admirer à jamais ce gigantesque moment de cinéma, où Clouzot se rêve déjà à réaliser son Enfer. Finalement, encore et toujours l’histoire d’un monde qui en serait réduit à un No Man’s Land…

    Noir comme le mazout, explosif comme de la nitro
    camray54
    camray54

    30 abonnés 1 010 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 29 octobre 2010
    Un chef d'oeuvre d'Henri-Georges Clouzot. Un course "à la peur" vraiment diabolique et palpitante. On en vibre encore.
    cylon86
    cylon86

    2 509 abonnés 4 430 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 25 février 2015
    L'idée est aussi simple que géniale : quatre hommes acceptent de convoyer deux camions remplis de nitroglycérine sur les routes défoncées d'Amérique du Sud. A la clé, une récompense qui leur permettrait de quitter le village où ils ont tous atterris, plus ou moins par choix. Mais à tout instant, au moindre soubresaut, tout peut sauter... A partir de là, Clouzot construit un habile suspense. Mais avant que les personnages n'aillent sur la route, il prend également le temps de nous les présenter. S'ils se sont retrouvés dans ce village perdu au fin fond de l'Amérique du Sud, ce n'est pas pour rien. Ce sont tous des salauds, des types sans foi ni loi et ambigus. Chacun va d'ailleurs se révéler au cours du trajet éprouvant qu'ils font, en particulier Jo, gros dur à cuire qui a rapidement la trouille. Et on ne peut pas vraiment lui en vouloir, la trouille on l'a aussi. Pendant une heure et demie (la première heure servant à dévoiler la psychologie des personnages), le scénario s'évertue à confronter les conducteurs à des dangers qu'ils doivent surmonter. Si le film fonctionne encore aujourd'hui, c'est notamment grâce à la double tension qu'il dégage (celle de la route contre les personnages et celle psychologique entre ces personnages), au jeu impeccable de ses acteurs (Yves Montand et Charles Vanel en tête) ainsi qu'à la mise en scène très moderne de son réalisateur qui fait entrer son film dans la cour des plus grands, ceux des classiques indémodables.
    Philippe C
    Philippe C

    97 abonnés 1 050 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 25 octobre 2022
    quand un film traverse ainsi près de 60 ans sans (presque) prendre une ride, quand le suspens est traité de façon magistrale et rarement égalée depuis, quand les aspects humains et sociaux sont traités avec maestria, quand les acteurs sont à ce point bons, voire excellents, quand on revoit le film tous les 10 ans avec autant de plaisir, alors, sans nul doute il s'agit d'une très grand classique du 7ème art, un véritable monument cinématographique
    anonyme
    Un visiteur
    2,5
    Publiée le 5 avril 2008
    Ce film m'a assez déçu ... un peu saoulant ... il ne m'a pas fait d'effet personellement ...
    orlandolove
    orlandolove

    134 abonnés 1 722 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 26 juillet 2010
    Un grand classique français. Une partie introductive assez longue mais pas desagreable qui permet de s'adapter aux personnages, carricaturaux mais attachants (de très bons acteurs). Puis on rentre dans le coeur du film, le transport de la nitro par camions et le suspense nous tient jusqu'au bout en haleine, avec comme plus belle peripetie une manoeuvre dans un virage de route de montagne. La derniere scene est plutôt innatendue mais tout à fait appropriée. Sympa !
    videoman29
    videoman29

    243 abonnés 1 832 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 3 septembre 2014
    Dernièrement j'ai eu envie de redécouvrir « Le salaire de la peur ». Je me souvenais l'avoir vu tout gosse et avoir été très marqué par ce film d'aventure pour le moins explosif. Bien sûr, j'étais conscient qu'il aurait sans doute beaucoup vieilli, plus de 60 ans après sa sortie ! Tant pis, je me lance et la première demi-heure confirme mes craintes. C'est un peu long et on peine à rentrer dans l'histoire jusqu'au moment où les 4 protagonistes entrent dans leur camion et là... La magie opère, la tension monte rapidement et ne cesse qu'avec le mot FIN. Ce monument d'angoisse qui a donné le ton à tous les films de suspense qui ont suivi a bien prit des rides mais il n'en est que plus beau. On tremble avec les deux équipages dans ces paysages moites et oppressants. La scène culte dans la mare de pétrole restera sans doute comme une des plus angoissantes jamais tournée. Les acteurs sont incroyables de talent et de justesse et participent largement à la réussite de l'ensemble. Au final, la palme d'or 1953 à vraiment de beaux restes, les amateurs de films à haute tension devraient se rapprocher du rayon « grands classiques » de leur vidéothèque préférée.
    CH1218
    CH1218

    198 abonnés 2 879 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 15 janvier 2015
    Après une introduction longuette de 45 minutes, « le Salaire de la Peu » monte implacablement en intensité. Un scénario qui relate le transport, sur des routes impraticables, par 4 hommes au volant de 2 camions, d’une garnison de quelques centaines de kilos de nitroglycérine, destinées à l’extinction d’un puits de pétrole en feu. La force d’Henri-Georges Clouzot est de rendre l’atmosphère de son film de plus en plus lourde et pesante, tout en conservant sa lenteur narrative. Une véritable torture pour les nerfs et les ongles du spectateur puisque cette oppression distille elle-même un suspense d’une efficacité redoutable et intelligemment mis en images. Yves Montant et surtout Charles Vanel dominent la distribution de ce grand classique intemporel.
    Mathias Le Quiliec
    Mathias Le Quiliec

    59 abonnés 378 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 24 juin 2018
    Excellent. Film culte francais par excellence. Des gueules, un scénario à suspens, juste du kif. Au même niveau que les diaboliques l'autre chef d'oeuvre de Clouzot
    GabbaGabbaHey
    GabbaGabbaHey

    205 abonnés 1 583 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 3 mai 2010
    Une grande référence du cinéma français, récompensé par la palme d'or de 1953 (a l'époque c'était le "grand prix".. mais c'est pareil.).. et réalisé par l'immense cinéaste Henry-Georges Clouzot ! Les acteurs sont vraiment exceptionnels, Yve Montand et Charles Vanel (qui lui a été également récompensé au festival de Cannes..) qui entrent a merveille dans les personnages principaux de ce road-movie explosif et angoissant ! Dommage que afin de mieux connaitre les personnage, Henry-Georges Clouzot s'est un peu attardé sur l'introduction de ce film, ce n'est pas ennuyeux, loin de la, mais trop calme ... Mais ensuite les choses prennent vit une tournure intéressante, puisqu'on se retrouve devant notre écran avec les nerfs bien tendus, a chaque instant notre cœur palpite ! En effet, le film reste plus ou moins lent, mais en même temps incroyablement actif, car c'est la lenteur a laquelle se déroules chaque scène qui accentue encore plus l'angoisse du spectateur ! Et il y a aussi le coté tragique ... car le film est également triste, un contraste impressionnant entre les sentiments, colère, peur, angoisse, tristesse ... Une réussite !
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