Qu'y a-t-il d'aussi bête et consternant que la misogynie ? La misandrie bien sûr !
Et il est bien connu que le meilleur moyen de dénoncer quelque chose de manière crédible est d'aller dans l'excès inverse. Bien sûr...
Directement issu de la vague #metoo, ce film militant pour la cause fémininiste, réalisé par Sophia Takal, va tellement loin dans la caricature grossière et manichéenne, qu'il échoue totalement dans tout ce qu'il tente de dénoncer !
Bon je vous la fais courte: dans le film, quasi tous les hommes sont des monstres libidineux, dominateurs et violents; et les femmes, toutes vertueuses et censées, doivent combattre l'oppression sous peine de devenir des esclaves.
Qu'est-ce que ça fait dans un slasher ?
T'occupe, Sophia Takal fait sa crise d'adolescence.
Qu'on soit bien d'accord: je suis définiticement pour le respect et la défense des femmes. Mais je suis pour l'égalité entre hommes et femmes !
Aller dans l'excès inverse n'apporte et ne démontre rien. A part peut-être qu'on peut devenir aussi critiquable que ceux qu'on dénonce...
Sophia Takal qui a co-écrit ce scénario visionnaire avec une autre "bien-pensante", a quand même - histoire de se donner bonne conscience dans tout ce fatras de raccourcis faciles - la gentillesse de nous gratifier d'une scène où le petit ami d'une des héroïnes met le doigt sur un problème: "Mais vous allez trop loin. Vous faites comme si tous les hommes étaient des monstres. Moi j'ai jamais violé une femme, j'ai jamais frappé une femme !".
Merci Sophia Takal pour ce contre-pied salutaire !...
J'plaisante ! En fait, juste après il se fait virer par sa copine, furieuse parce que "il parle mal", pour revenir un peu plus tard s'excuser de ce qu'il a osé dire: "Je me sens minable !".
C'est plutôt les 2 scénaristes qui devraient penser ça, et pas un des seuls personnages clairvoyants du film.
Alors voilà, nos bien sympathiques héroïnes se font agresser par une secte de mecs qui veulent reprendre leur "légitime" pouvoir phallocrate, et "remettre les femmes à leur vraie place" (je cite). Ah d'accord... Subtil...
En fait, la seule chose que Sophia Takal est parvenue à me convaincre, c'est qu'en tout cas elle n'était pas à sa place en tant que réalisatrice ou scénariste sur un tel film !
Outre un scénario grotesque et terriblement prévisible de bout en bout, le film est mal mis en scène et terriblement mal monté pour ses quelques séquences d'action. On a l'impression que c'est Jason Voorhees qui s'est occupé du montage avec sa machette.
Trop cut, on a souvent une impression de manque de continuité et de repérage clair dans l'espace.
Le gore est quasiment totalement absent. Le film devait raccoler jusqu'aux 13 ans. Quand on regarde les scènes coupées du DVD, on constate que y'a eu de la censure, et que certaines séquences paraissants inabouties (une fille s'approche d'une autre assise de dos, elle la retourne lentement et crie. Cut. Séquence suivante !), avaient en fait quelque chose à montrer. Mais ce quelque chose est tellement light, qu'on ne comprend pas que ce soit retiré alors que dans les 80's même les Vendredi 13 (symbole du slasher censuré à l'excès) ne l'ont pas été à ce point.
Mal écrit, prévisible et linéaire, blindé de clichés et desservant son propos sans le savoir, filmé et monté avec une canne blanche; ce film est une catastrophe et n'est même pas agréable au second degré tellement il est mal fait et pauvre dans ce qu'un fan de slasher peut attendre.
Attention femmes soumises, vous êtes des traîtres et votre destin sera pire que celles qui se rebellent !
Voilà le message tout en finesse transmis quasi textuellement à une "vendue" dans une des séquences finales à pleurer de rire de part par sa bêtise et ses outrances...
A sauver tout de même:
Quelques bons interprètes, notamment Imogen Poots, excellente.
Il paraît qu'elle aurait signé pour le film avant même que le scénario ne soit terminé, tellement elle était excitée de participer à un film ouvertement féministe.
Je comprends la démarche, mais t'auras appris une chose de cette bien belle expérience, Imogen: il faut attendre de lire le scénario final avant de signer n'importe quoi, car une histoire avec un sujet sensible écrite avec une massue plutôt qu'une plume, fait plus mal qu'autre chose à son auteur !
Et ce pauvre Cary Elwes perdu dans ce bazar...
A noter également une photographie absolument magnifique. Certaines séquences sont vraiment très belles à regarder. Dommage qu'elles soient souvent montées en dépit du bon sens.
Bref, un film quasi nul, en plus honteux pour un propos noble devenu boueux à cause de la manière dont il est traité.
Et si cela ne suffisait pas pour un film pris de manière "autonome", cette chose est un remake (2e en fait, ce qui en dit long sur la prétention). Dois-je vous expliquer à quel point il est inutile et ne vaut pas l'original ?