Ça veut dire quoi, "ordinaire", quand ça s'applique à un criminel, ou bien à un film ? Tous les films et tous les criminels sont différents, même lorsqu'ils se ressemblent, et il ne nous viendrait peut-être pas à l'idée de qualifier le premier film hollywoodien venu d' "ordinaire". En effet – c'est contre-intuitif mais logique – il est nécessaire d'être un peu extraordinaire pour être ordinaire : il faut sortir de l'attendu afin de frapper avec toute la force de la banalité et de l'ennui.
C'est exactement ce qu'accomplit Ordinary Decent Criminal. Thriller peu exaltant, drame pas pris au sérieux, comédie déplacée et un peu bête, l'œuvre évolue dans de grands espaces (l'Irlande, son folklore, son histoire et ses habitudes) avec un scénario qui a d'énormes œillères : il ira droit à son but. Sa complicité avec le spectateur est au plus bas et il n'est pas question que ce dernier se sente proche de l'histoire au-delà de ce sentiment de parodie avortée où Spacey, par quelque miracle ou talent, arrive à convaincre tout de même, et ce malgré l'accent irlandais bon marché et les relations romantiques bizarres et sans substance dont on l'affuble.
Le film accomplit un petit quelque chose : il allume la lumière faible et intermittente d'un film policier rigolo, fier d'être made in Ireland, qui doit aujourd'hui faire partie de quelques bons souvenirs chez qui l'aura vu au bon moment de sa vie. Mais malheureusement et surtout, il nous rappelle ce que c'est qu'un film véritablement "ordinaire".
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