Avis sur La Noce

Du grand n'importe quoi! Mélange de naturalisme social et de farce alcoolisée à la Kusturica, «La Noce» de Pavel Lounguine ne fait clairement pas dans la dentelle. Tout n'est que démesure, hystérie, excès en tous genres. Oscillant sans cesse entre caricature et un semblant de spontanéité, le spectacle qui nous est donné à voir s'avère malheureusement souvent indigeste tant il semble forcé. On rigole, on picole, on se tape sur la tronche puis on se réconcilie au son de l'accordéon, un verre de vodka à la main bien sûr. Les scènes drôles ne manquent pas et la bonne humeur ambiante, même forcenée, reste communicative. Mais «La Noce» est un film trop inégal pour convaincre : l'« intrigue » est hautement accessoire, l'interprétation est tout sauf subtile (il faut dire que le propos ne s'y prête pas tellement), les personnages continuellement imbibés sont loin d'être tous attachants, les passages plus « intimistes » ne sonnent pas toujours juste, l'humour plus qu'excessif parfois fait mouche, parfois retombe à plat... Bref, il ne s'agit pas d'un long métrage qui fera date dans l'histoire du cinéma russe : il y a du bon (un peu) et du moins bon (davantage). De plus, pour ce qui est de l'esthétique «La Noce» se situe entre un amateurisme et un réalisme voulus mais pas franchement transcendants, sorte de gentil «Festen» pas très inspiré sous éthanol... Au final donc, pas grand chose à retenir de ce joyeux bordel orchestré par un Pavel Lounguine sympathique (et qui ne doit pas boire que de l'eau). Toutefois, je ne sais pas si c'est la musique folklorique, la tête des acteurs ou le coup de la fourchette sur le front, mais il y a un « petit quelque chose » qui fait de «La Noce» un film attachant. Loin d'être indispensable, une curiosité euphorique et bien déjantée. [1/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/

Une comédie douce-amére, reposant sur l'intrigue d'une noce à la russe, décidée sur un coup de tête, sur fond de critique sociale. Servi par des acteurs qui s'en donnent à coeur joie, du bon cinéma d'auteur, sans prétention. LA NOCE n'est pas sans faire ressentir quelques émotions même si ce n'est pas l'extase non plus.

Dommage qu'il soit impossible de se mettre à la place du public russe rapport à ce film. Il y a apparemment été apprécié et son réalisateur a connu Cannes...Pourtant, le résultat ressemble plutôt à une danse hystérique remplie de personnages laids et sans volonté propre. Il y a sûrement une raison aux honneurs qu'il a reçus mais ce n'est pas moi qui serai en mesure de la dire. A la place, je qualifierai même de défaut l'utilisation de plans caméra au poing pour des scènes qui ne sont même pas actives.

12ème film Compétition Cannes 2000 : Cette nouvelle édition cannoise pourrait-elle en partie se placer sous le signe de l'apaisement ou du mélioratif chez certains réalisateurs connus pour leurs films sombres et bien souvent pessimistes ? A l'instar de Ken Loach ou Amos Kollek, c'est ce qu'il serait permis de penser à propos du russe Pavel Lounguine qui pourrait se ranger dans cette catégorie puisque sa nouvelle réalisation délaisse la capitale moscovite et ses violences, ses escroqueries ou son racisme pour croquer une ville provinciale, loin de son terrain de jeu habituel. Le cadre d'une noce villageoise apporte une fraicheur et une vivacité à ce film beaucoup plus jovial que ses précédents, bien aidé par une troupe de comédiens aux trognes pittoresques, campant des personnages variés, ayant chacun leur part sombre ou solaire. En dépit de cet écrin beaucoup plus positif, Pavel Longuine n'oublie pas de traiter en filigrane des maux de son pays, corruption, mafia, pauvreté, lutte des classes, alcoolisme, violences conjugales, prostitution, opposition ville/campagne. En somme, le réalisateur russe poursuit sa description de la Russie post-communiste dans cette commune de Lipka à 300 km de Moscou et son film ne perd pas de sa force ou ne sombre dans l'anecdotisme, malgré ce ton plus solaire. La force de l'union de Tanya et Mishka leur permet de survivre à tous les obstacles qui s'érigent devant eux et ces derniers symbolisent (peut-être) le renouveau de la Russie tant espérée, loin de la misère de la capitale, qui semble réenchanter le réalisateur autant que le spectateur.

Pavel Louguine fait parti des quelques réalisateurs russes post-soviétiques sur qui il faut compter pour nous narrer les errements de la Russie actuelle. Ce film raconte le mariage de 2 jeunes russes dans un village minier. Les personnages que l'on pourrait s'imaginer en réalité assez exagéré ne sont que les reflets du caractère slave exalté des russes. On boit, on piccole, on baise, on cogne et on se réconcilit de manière théâtrale. Les acteurs sont tous excellents et chaque personnage marque un défaut que tout le monde pourrait avoir. La dernière partie du film, le mariage en lui-même, est un moment anthologique où l'âme russe se dévoile dans toute sa splendeur. A voir !

Superbe film plein d'humanité, qui nous montre le charme de l'organisation d'un mariage populaire, le potentiel d'empathie qui se cache derrière chaque brute, la beauté dans le pari de l'amour et du couple, des décisions prises sur un coup de tête, de l'amitié quand elle implique un sacrifice, de la simplicité qui triomphe de l'opulence. En fait, il y a pleins de choses dans ce film d'ailleurs très bien joué et trop peu connu !