Olivier Marchal sait y faire, pas à dire. Il signe encore un polar à la française haut de gamme, avec tous les ingrédients pour que la mayonnaise prenne. Le scénar tient la route, même si le montage financier de l'embrouille à la taxe carbone n'est pas si évident à comprendre (après tout il s'appuie sur des faits réels, si on en croit le glacial entrefilet juste avant le générique de fin). La montée en puissance de la tension est efficace, bienvenue après une petite baisse de régime aux 2/3 du film, quand tout semble rouler pour l'équipe de rusés carambouilleurs. Des gueules, la distribution n'en manque pas et les seconds rôles ont de l'épaisseur (quand je dis épaisseur je ne parle pas que de Depardieu, qui ne s'est pas mis au régime mais tient son rôle de beau père tyrannique, sans se forcer dans le genre ignoble). Dani, en maîtresse femme pas si rangée des voitures que ça et qui n'a pas froid aux yeux, a tout bon jusqu'au final. P.Catafilo, en flic plutôt ambivalent, est bien crédible. M.Youn, en comptable dégourdi qui sent venir la misère, fait le job. Les malfrats prêteurs de cash sont méchants bien comme il faut, mais je suppose que des gonzes de cet acabit existent bel et bien. Et vraiment, derrière ses kilos de mauvaise graisse et ses lunettes fumées, Magimel est parfait en looser qui s'accroche, grimpe en flèche et perd le contrôle de son légo malin gonflé.... Le Paris borderline, extérieur nuit et petit matin, luxe et glauque mêlé, passe bien à l'écran et la bande son fait son boulot, avec notamment un rap qui prend grave la tête . A la fin de cette drôle de marelle, on saute sur la case enfer et on tente de digérer la triste vision de l'homo-urbanis que nous a balancée Marchal, en se disant qu'elle ressemble bien à de la clairvoyance malheureusement. Mais si on a bourlingué loin des bisounours, on n'a pas pour autant plongé deux heures dans le manichéisme pur jus : chez Marchal, au coeur de la noirceur se loge toujours beaucoup d'humanité.