3ème film Compétition Cannes 2000 : De par l'âge de sa réalisatrice, plus jeune femme sélectionnée en Sélection Officielle de l'histoire de la Croisette à l'époque, de par les promesses de son premier film "la Pomme" remarqué deux ans plus tôt en Sélection Parallèle sur le quotidien de deux jeunes filles cloitrées dans un carcan familial rigoriste dans l'Iran des Gardiens de la Révolution, de par l'ascendance de Samira Makhmalbaf, dont le père réalisateur est un membre majeur du renouveau du cinéma iranien post-révolution, les attentes sont plutôt élevées. Quel est le résultat ? Le film, qui apparait parfois comme documentaire, est poétique, parsemé de pointes d'humour mais également de tragique. Après le décor de la capitale iranienne dans son premier film, l'action se situe cette fois dans les montagnes escarpées et désertiques du Kurdistan iranien, suivant le destin d'instituteurs à la recherche d'élèves, jeunes ou séniles, pour leur apprendre les rudiments de la lecture, l'écriture et des mathématiques, dans cette région aride, reculée des centres urbains, où la prégnance du conflit avec l'Iraq voisin demeure avec le souvenir des attaques à l'arme chimique. La symbolique du poids, du fardeau revient continuellement dans ce film, que ce soit le tableau noir accroché aux dos des instituteurs errants, les marchandises de contrebande cheminées par de jeunes garçons débrouillards, le poids des traditions et de la guerre pour une poignée de vieillards kurdes souhaitant retrouver leur terre natale, ou encore la condition difficile des mères célibataires restant sous le joug du système patriarcal. Le film reste touchant mais un peu répétitif avec une action qui fait du surplace dans un film au minutage pourtant réduit, mais dont certaines images accrochent l'oeil, notamment lors des nombreux plans d'ensemble de la montagne, où les différents groupes de personnages dévalant les pentes pierreuses sont filmées comme des insectes avançant en colonie, ployant sous la lourdeur des paysages, l'aridité du climat et la tragique de leur condition ou lors de cette scène dans le brouillard cotonneux à la frontière irano-irakienne, accentuant la perte de repères et la confusion des protagonistes. Film prometteur mais pas totalement inabouti au regard des fortes attentes.