Je m'apprêtais à mettre une étoile supplémentaire, avant de me rendre compte que ce serait encore trop au vu de ce que je vais écrire. Car un constat s'impose avant tout les autres : je n'ai pas aimé « Aladdin ». Alors certes, entre la bande de débiles à pop-corn derrière moi et l'autre bande de débiles à pop-corn... devant moi (et bruyants), je n'étais pas dans des conditions optimales, et nul doute que si j'avais eu une lampe magique, l'un de mes souhaits aurait été de les dégager fissa de la salle. Mais pour revenir au film, juste : pourquoi ? Autant cela ne m'avait pas trop dérangé avec « La Belle et la Bête » (sans doute ne pas avoir le classique original en tête a t-il aussi aidé), autant là... Dès les premières minutes le malaise s'est installé : soit on modifie (un peu) sans que cela apporte quoi que ce soit, soit on refait exactement les mêmes choses... en moins bien, à l'image de cette bande-originale m'ayant parfois irrité au plus haut point, preuve de l'incroyable manque de créativité des studios Disney pour ces réécritures « live ». L'introduction est du même acabit : certes on évite pour le coup le copier-coller, mais du coup cela manque totalement de contextualisation et de structure, en mode : « de toute façon ils ont tous vu le dessin animé, donc ils ne vont pas nous emmerder, ils comprendront ». D'autant que ce qui fonctionne à merveille en animation est parfois beaucoup moins vrai en images « réelles », ce qui se ressent à bien des égards, notamment à travers les personnages. Mon Dieu, que tout ça manque d'incarnation. Naomi Scott est celle qui s'en sort le mieux face à un Mena Massoud mignon mais vraiment fadasse, Will Smith donnant beaucoup de lui-même sans faire oublier un seul instant le « duo » Robin Williams/Richard Darbois. Mais la Palme du bide revient de très loin à Jafar : alors que celui-ci est de loin l'un des méchants les plus charismatiques et inoubliables du studio, le voici réduit à un beau gosse n'en imposant pas une seconde, à des années-lumière de l'imposante stature de son modèle, que la prestation insignifiante de Marwan Kenzari ne fait que renforcer. Après, je ne dis pas : il y a quand même du boulot. Malgré une numérisation omniprésente, cela reste relativement agréable à l'œil, la dimension féministe n'est pas déplaisante (bien que faisant vraiment rajoutée), le récit a été un peu étoffé, l'histoire et l'univers se suffisant à lui-même pour que l'on ne s'ennuie pas (trop) durant ce 130 minutes. Mais à quoi bon ? Hormis « Speechless », plutôt jolie (sans être mémorable), aucune nouvelle chanson, aucune nouvelle scène ne retient notre attention
(allez, la danse d'Aladdin est aussi plutôt sympa)
, tout comme l'ensemble de l'imagerie créée pour l'occasion, n'ayant pas le dixième du charme et de l'élégance de l'original
(mention spéciale, pour ne citer qu'elle, à la transformation en Génie de Jafar)
. Bref, ce qui aurait été un divertissement vaguement convenable sans motif de comparaison devient ici nul et non avenu, parfaite incarnation du terrifiant manque d'imagination touchant Hollywood depuis maintenant de nombreuses années. De quoi être sérieusement refroidi avant la sortie du « Roi Lion » d'ici deux mois...