L’affiche du troisième opus du périple meurtrier de John Wick porte une citation dont on pourrait croire qu’elle a été tirée directement de la Bible par sa construction. Elle n’a pourtant rien à voir, bien que des objets religieux soient utilisés. Il s’agit en fait d’une ancienne citation latine : « si vis pacem, para bellum ». Traduction : « si tu veux la paix, prépare la guerre ». Dans les faits, cette seule citation résume parfaitement ce film car c’est justement ce qui attend John Wick pour avoir enfreint des règles, des règles établies de façon irrévocable et donc on ne peut plus stricte. Toujours est-il que le spectateur ne peut être guère surpris par cette débauche de violence. Et donc d’action. Car dans ce troisième volet de "John Wick", il n’y a plus de place pour les sentiments humains, "John Wick parabellum" s’inscrivant dans la continuité des films précédents. D’ailleurs au début j’aurai bien vu un petit récapitulatif pour remettre le spectateur directement dans le bain car, à moins de s’y être préparé au préalable en visionnant "John Wick" 1&2 avant d’aller voir celui-là, ça lui aurait évité d’avoir à essayer de se souvenir sur quoi le 2 s’était terminé. Heureusement, le scénario rappelle l’origine de cette violence : un vol de voiture, devenu anecdotique par la perte d’un chien. Eh oui, petite cause, grands effets, surtout quand on a la mauvaise idée de réveiller un tueur à gages endormi dans une vie plus paisible. Cependant je n’ai pas été convaincu plus que ça par ce chapitre 3. Pourtant il y a de l’action, des fusillades à gogo, des corps à corps pour certains impressionnants et guère de matière propice à la réflexion, bref de quoi ravir les aficionados du genre. A condition de ne pas attendre une trop grande crédibilité des films tournés ostensiblement vers l’action. C’est vrai quoi, on se prend un coup de couteau, une balle, voire deux ou plus, des beignes pas possibles n’importe où sur le paletot, mais ça ne fait rien, on continue presque comme si de rien n’était. Mais d’un autre côté, si on est un peu plus tatillon, on constatera tout de même quelques bizarreries. Les deux premiers combats par exemple : à plusieurs reprises on voit l’assaillant arrêter son geste au moment de porter le coup de grâce.
Grossière erreur quand on est face à John Wick !
Sans compter que la chorégraphie du premier corps à corps n’est pas des plus soignées, surtout en ce qui concerne Ernest. Résultat : ce premier corps à corps n’est pas convaincant du tout mais il a l'avantage de donner le ton. La qualité de la mise en scène n’est donc pas toujours au rendez-vous, pas plus que la teneur des dialogues dont la palme revient à Laurence Fishburne
quand il constate la mutilation de l'homme traqué
. J'aurai bien cité la réplique, mais apparemment les modérateurs ne sont pas d'accord, même en mettant l'extrait en caché, simplement parce que la réplique comporte des gros mots. Malgré ces manquements, le spectateur adhèrera à la cause de John Wick, simplement parce qu’il sait qu’il n’a pas eu le choix et qu’il connait son histoire, ensuite parce que d’une façon générale il aime bien Keanu Reeves. Et puis Chad Stahelski sait filmer, ça c’est indéniable. J’ai beaucoup aimé le flouté sur les danseuses classiques avant de faire sa mise au point, ainsi que sa façon d’appréhender certaines scènes en faisant glisser sa caméra pour donner une vue circulaire et créer du mouvement là où il n’y en a pas. Quant à la musique, sans rester dans les mémoires, elle accompagne plutôt bien le film. Le plaisir des oreilles viendra surtout de la bande son, absolument énorme en 7.1 : des coups de feu qui font tout vibrer, et les craquements d'os ou d'articulations qui auraient été un peu plus crédibles s'ils n'avaient pas été un peu trop exagérés. Par contre ce qui change, du moins il me semble, c’est qu’un semblant d’humour a été incorporé. D’abord par l’intermédiaire de Mark Dacascos, très bon dans la peau de son personnage accessoirement fan et admirateur du tueur qu’il poursuit. Il est si convaincant, si inquiétant, si potentiellement dangereux qu’on devine très tôt qu’il va donner du fil à retordre au héros. Ensuite par l’intermédiaire de ses deux meilleurs élèves, donnant une tournure assez inattendue lors de leur face à face avec l’homme traqué. Le film se révèle finalement plutôt convenu dans son ensemble, mais il s’en sort par une pirouette surprenante, laissant augurer un quatrième épisode. Mais alors un quatrième épisode qui promet d’être musclé ! Eh bien aussitôt pensé, aussitôt prévu. "John Wick" quatrième du nom est d’ores et déjà annoncé pour mai ou juin 2021. En attendant, ce "John Wick parabellum" est bien difficile à noter tant les attentes des uns et des autres dans un film de ce genre peuvent différer du tout au tout. Hormis le fait que ce n’est certainement pas un chef-d’œuvre, il n’est pas non plus un navet. On a vu mieux, mais on a vu bien pire aussi. Chacun se fera sa propre idée sur la question. Dans tous les cas, on a une explication intéressante sur l’étymologie du mot assassin et j'avoue que ça m'a agréablement surpris d'avoir un zeste de culture dans ce film. Mais au fait, j'y pense : bon ok je change de sujet mais... le toubib ? Qu'est-il devenu ?
Le personnage aurait-il été le grand oublié alors que la Grande Table semble tout deviner, tout savoir ?