La prière est l’histoire d’une rédemption, tout simplement. En vertu du thème décrit, le scénario n’offre pas vraiment de surprise : on va observer un protagoniste initialement réticent peu à peu progresser vers la conversion.
Ce caractère est un défaut non négligeable du film, car on s’attend plus ou moins à la progression des scènes, ce qui fait que le spectateur n’est finalement tenu en haleine que durant les « scènes fortes ». Autrement dit, certaines scènes attendues peuvent paraître un peu longue, notamment au début du film.
Si le film n’a pas grand-chose à offrir au niveau de l’histoire, assez simple, c’est plutôt au niveau de la narration de celle-ci qu’il tente de créer une tension, une attente chez le spectateur.
Fidèle au cinéma français, le film excelle dans l’illustration de l’émotion brute, violente, réelle, celle qui prend à fleur de peau. Les émotions portées à l’écran sont douloureuses et fortes, et certaines scènes (un peu à l’image d’un film de Ken Loach) sont à la fois difficiles à regarder en raison de leur charge émotionnelle, et en même temps sublimes de beauté et de puissance (je pense notamment aux scènes du pardon, ou de la confession).
Le jeu d’Anthony Beaujon est certainement la clé de voute du film, justement parce qu’il ne paraît pas être jeu, notamment en raison du facies de l’acteur, ni beau, ni laid, mais commun, comme le vôtre ou le mien, et à cause de cela, réel. Beaujon, qui ressemble au premier gars que vous pourriez croiser dans la rue, illustre à merveille ces émotions dont on n’ose pas parler, celles que l’on garde en soi car elles nous feraient trop de mal si on les exprimait : l’acteur dépasse cette limite et les fait surgir dans leur entièreté à l’écran.
Pour ce qui est de la réalisation, par grand-chose à dire là-dessus, si ce n’est que la caméra de Cédric Kahn évolue avec adresse dans la nature, avec notamment des scènes de course dans la forêt remarquables, mais mis à part cela, elle m’a paru relativement académique.
TL/PL
La prière n’est pas un mauvais film mais est freiné par son manque d’ambition général, tant dans la réalisation que dans le scénario.
La « réalité » du film est à la fois sa force et sa faiblesse. D’un côté, ce film très vrai, est relativement intéressant, notamment parce qu’il donne une représentation fidèle de l’existence. Pour autant, la tension émotionnelle n’est pas suffisamment maintenue durant le métrage pour ne pas qu’on s’ennuie de temps à autre, et c’est là où le film pèche.