Découvrant que son défunt mari, héros des forces de police locales, était un ripoux de la pire espèce qui a expédié un innocent derrière les barreaux durant huit ans, sa veuve, bien qu’elle ne soit en rien responsable de cette erreur judiciaire, commence à nourrir l’idée floue de venir en aide à ce dernier...sauf que le mitard a rendu l’intéressé un peu borderline en tout cas bien décidé à s’autoriser les délits qu’il estime avoir payé anticipativement. J’avais découvert Pierre Salvadori avec ‘Dans la cour’, une remarquable comédie dramatique tout en délicatesse sur la dépression, mais qui n’était apparemment pas très représentative de la Vis comica de ce brillant auteur. Avec ‘En liberté’, je découvre aujourd’hui ce qu’est la comédie selon Salvadori, et je ne suis pas déçu du voyage ! Instable mais jamais désordonnée, loufoque mais jamais absurde, sombre mais jamais désespérée, cette comédie policière possède un style qui n’appartient qu’à elle, radicalement différent des thèmes et des quiproquos fatigants qui règnent en maître sur la comédie populaire hexagonale, mais qui ne semble pas davantage influencée par la notion d’humour tel que la conçoivent les voisins britanniques, belges ou italiens. A la rigueur, son tempo impeccable et quelques autres de ses caractéristiques essentielles pourraient lui donner une vague air de cousinage avec les screwball comedy américaines, mais il s’agit surtout d’une question de rythme plus que de ton, le film dévoilant par ailleurs des spécificités bien françaises : une romance en sourdine, qui imprègne le récit sans jamais s’imposer au premier plan, d’authentiques moments de poésie, comme cette scène dans laquelle l’ex taulard rentre chez lui plus tôt que prévu, sa compagne lui demandant alors de rejouer son arrivée à plusieurs reprises car prise au dépourvu, elle n’a pas eu le temps de se préparer à en savourer chaque seconde. Enfin, ‘En liberté!” verse aussi dans l’humour de cartoon avec une habileté étonnante : chaque soir, l’épouse raconte à son petit garçon une histoire consacrée aux prouesses de son père...ce récit fantasmé, qui déboule sans crier gare dans le scénario à plusieurs reprises, évolue à chaque fois pour mieux correspondre à la vrai nature du héros déchu. Très bel exemple de réalisation touche-à-tout, qui réussit à traiter toutes ses facettes avec un talent égal, ‘En liberté’, qui porte vraiment bien son nom, est un authentique moment de grâce après tant de mauvaises comédies formatées et interchangeables.