« La comédie de l’année » nous promet l’affiche, une comédie joyeusement déjantée nous promet la bande annonce, et les premiers minutes semblent donner corps à ces deux promesses. La scène d’ouverture, véritable parodie des films policiers de série B, violente et complètement irréaliste, promettait presque un exercice de style, une comédie policière bien barrée. Mais le problème c’est que très vite, le film se perd, sans jamais vraiment se retrouver. Pourtant, il y a des idées de réalisation sympathiques, un montage dynamique, une musique agréable (mais un peu passe-partout), quelques scènes franchement drôles aussi. Mais il y a aussi et surtout des longueurs, des énormes incohérences, des gags qui tombent à plat et surtout une intrigue improbable. Pierre Salvadori a confondu « libre » et « décousu », son film est trop long de 20 bonnes minutes, on en croit franchement à rien ou presque, et pire, on ne croit pas vraiment à ses personnages. Que ce soit Pio Marmaï ou Adèle Haennel, que ce soit Audrey Tautou ou Vincent Elbaz (encore que lui a le rôle le plus court, le plus drôle et le plus cohérent), aucun n’a l’air de vraiment croire à ce qu’il joue. Je n’ai jamais réussi ni à croire à leurs folies respectives, ni à les trouver un tant soi peu attachants. Pire, le personnage d’Audrey Tautou est exaspérant dés sa première scène, une scène de retrouvaille qui frôle le ridicule. Je ne crois pas que les comédiens soient en cause, ils m’ont l’air de faire de leur mieux, mais ils semblent mal dirigés, ou bien ils n’arrivent pas à rendre crédible des rôles étrangement écrits. C’est dommage pour Pio Marmaï que j’aime bien d’habitude, et dont on sait qu’il a un vrai potentiel comique. Je n’en dirais pas autant d’Adèle Haennel, qui s’essaie ici à la comédie et honnêtement, c’est assez peu convaincant. Décidément, j’ai du mal à cette actrice ! Je vais quand même souligner le joli rôle tenu par Damien Bonnard, le plus crédible et le plus attachant des personnages, amoureux transi et un peu maladroit de la veuve de son collègue. Dans l’ensemble, le casting fait le job et fait ce qu’il peut avec ce qu’il a à jouer, c'est-à-dire des rôles mal écrits, parfois grotesques, souvent improbables et outranciers. On s’ennui finalement assez vite devant « En Liberté ! » parce que le film ne va nulle part. Quelques running gags réussis ne font pas le poids face à d’autres presque navrants, les quiproquos s’enchainent comme dans une comédie de boulevard et tout cela se termine sur une sorte de « pied de nez » scénaristique qui ne casse pas trois pattes à un canard ! Mais qu’à voulu prouver, démontrer ou même simplement filmer Pierre Salvadori :
la prison qui casse les gens, les rends fous ou pire, les rends dangereux ? A moins que ce soient les injustices que personne ne peut réparer, malgré toute la bonne volonté du monde ? Ou bien, filme –t-il deux histoires d’amour parallèles, l’une étant le miroir déformant de l’autre ?
On ne sait pas trop, mais ce qu’on sait c’est que même si on a rit de temps en temps devant « En Liberté ! », on s’y est aussi terriblement ennuyé, lorsque qu’on n’était pas en train de se dire « Mais qu’est ce qu’il me raconte là ? ». Entendons nous bien, je n’ai rien contre la folie douce, les films un peu déjantés ou même les histoires absurdes, mais dans ce cas là il faut que ce soit très drôle, ou alors terriblement décalé, franchement parodique. Avec « En Liberté ! », Pierre Salvadori s’essaie à un genre très difficile et il se prend les pieds dans son film : il voulait une comédie policière loufoque, il rend une copie chaotique et moyennement drôle, une vraie occasion manquée !