Voilà un bouquet de bleuets, de boutons d’or, de coquelicots et autres fleurs des champs. Beaucoup de gens aiment les bouquets composites. C’est sérieux, c’est amusant, c’est absurde, c’est violent, c’est tendre, c’est émouvant. On va d’une sensation à l’autre. Mais est-ce un bouquet bleu ? Un bouquet jaune ? Un bouquet rouge ? L’affiche dit malgré tout que c’est ‘jubilatoire’ –la couleur jaune ? On y court donc ! On y voit un gentil mec innocent qui s’est payé huit ans de prison et qui a envie d’être coupable en sortant… On y voit une gentille nana qui découvre, pendant la même durée, avoir été trompée sur la marchandise par feu son mari, et qui a envie elle aussi d’être coupable –mais pas envie pour autant de traumatiser leur progéniture (qui garde des images de héros dans la tête) … Tout ça c’est du lourd, du sérieux, de l’exploitable –et a priori ce n’est pas du comique. Mais il faut être drôle, en même temps, ou faire le bête, puisque c’est la catégorie du film ! Alors les acteurs font bien tout ça. Pio Marmaï est excellent. Adèle Haenel tente un comique tendance british, elle sait faire (malgré sa centaine de ‘putain!’). On pouffe de rire quand la transition du grave au léger est réussie, quand le changement de couleur est réussi. Quand ce n’est pas le cas, on ne rit pas trop, mais ce n’est pas la faute aux acteurs, c’est que l’auteur est un peu présomptueux –il veut servir un repas trop copieux, avec des saveurs pas toujours compatibles. Exemple, des mecs se battent violemment et sont censés nous amuser, mais ça n’amuse pas quand il manque le clin d’œil (façon Jet Li). Donc ‘rires en cascade’, non –le problème du film c’est vraiment son affiche ! Le loufoque fait parfois penser à Victor Victoria, ou aux Blues Brothers –mais l’invraisemblance dans les Blues Brothers est un personnage principal, qui ne sort pas de scène, qui est dans toutes les scènes (comme la musique) ; dans notre film, l’invraisemblance est un rôle secondaire, dont les entrées et sorties de scène manquent d’à-propos.