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Un visiteur
4,5
Publiée le 5 juin 2014
Quelques petites libertés pas dérangeantes du tout par rapport au roman de Oscar Wilde, le seul qu'ait écrit cet auteur à la réputation sulfureuse et qui devait lui valoir d'être voué aux gémonies, par la bienpensance de l'époque, pour ses aspects immoraux.
Le film m'est apparu réussi pour, non seulement de par le fait qu'il restitue parfaitement l'atmosphère mystérieuse du livre mais également de par sa réalisation très soignée, à la fois classique et moderne, ses dialogues teintés, certes, d'amoralité et de cynisme mais néanmoins savoureusement subtils, notamment dans les répliques de Lord Henry Wotton, campé par l'inébranlable Georges Sanders, et l'excellente composition de Hurd Hatfield qui incarne à merveille Dorian Gray.
Une interprétation fascinante et toute en sobriété par laquelle il parvient à représenter le personnage dans toute sa complexité, tiraillé entre sa volonté de jeunesse éternelle et une culpabilité, refoulée tant bien que mal , de devoir employer des moyens odieux pour perdurer dans sa logique et conserver son secret. Le besoin naitra ensuite de faire un choix entre son hédonisme le conduisant à la débauche ou la repentance envers lui-même et celle qu'il aime, de plus en plus accaparé par la transformation hideuse de son portrait lui révélant le coté néfaste de son intériorité.
Une belle histoire riche de sens sur la question du salut de l'âme, déjà exploité par Goethe avec "Faust", mise en image de manière très fine, sans complaisances dans le fond ou excès d'artifices dans la forme, malgré quelques gros-plans en technicolor, sur le portrait, qui nuisent un peu à son homogénéité bien que cela puisse s'expliquer comme une preuve d'amour pour la peinture de la part d'Albert Lewin qui employa également cette technique dans ces deux premiers films.
Albert Lewin réalise là la meilleure adaptation du roman d'Oscar Wilde et colle parfaitement à l'univers de l'auteur, teinté de cynisme et d'un peu de mysticisme. En effet, Dorian Gray ne semble jamais vieillir tandis que le portrait de lui qu'a effectué un de ses amis peintres ne cesse de s'enlaidir tandis que l'âme de Dorian se pervertit. Conte cruel, "Le portrait de Dorian Gray" est une très belle réussite. Albert Lewin, cinéaste peu connu et peu prolifique mais réputé pour son intellect et sa culture met ici tout son talent au service d'une histoire qu'il adapte avec brio, gardant le génie de Wilde dans la représentation de la société londonienne du XIXème siècle et dans la psychologie des personnages (en particulier celle de Lord Wotton, aristocrate cynique qui ne se prive de rien interprété par l'irrésistible George Sanders). Les dialogues sont en effets excellents et la mise en scène (à la superbe photographie) est soignée, nous plongeant au cœur d'une atmosphère de plus en plus inquiétante au fur et à mesure que l'âme, et donc le portrait, de Dorian se dégrade. Dans ce rôle difficile, Hurd Hatfield est d'ailleurs impeccable, notamment grâce à sa beauté froide et à son visage renfermé mais néanmoins expressif qu'il arbore durant tout le film.
On présente souvent "Le portrait de Dorian Gray" comme un roman illustrant le thème de la jeunesse éternelle. Car Dorian Gray jouit du don miraculeux de ne pas supporter les stigmates des ans, ayant transmis cette tare au portrait qui a été fait de lui dans la fleur de son âge. Ce thème serait d'une étonnante modernité. Ce n'est pourtant pas celui du roman d'Oscar Wilde écrit en 1890 ni de son adaptation à l'écran en 1944. Pour les deux, il y est moins question d'âge, de vieillissement, que de morale. Les deux reposent sur deux postulats. Le premier est discutable : nous porterions sur notre visage le témoignage des bienfaits et des méfaits de nos vies. L'autre franchement fantastique : Dorian Gray a réussi à transmettre à son portrait ce poids.
Le roman d'Oscar Wilde faisait l'éloge du dandysme. Le film de Albert Lewin est beaucoup plus moralisateur. Chez Oscar Wilde, Dorian Gray bénéficie de l'impunité que lui donne son visage éternellement jeune pour se vautrer dans la débauche - voire horresco referens dans la pédérastie. Chez Albert Lewin, le héros est dévoré par le remords de ses méfaits et réussit in extremis à s'amender dans un geste ultime. Evidemment, toute référence, même implicite, à son homosexualité est gommée.
Le film de Lewin a été influencé par la psychanalyse freudienne dont Holywood était entiché ("La maison du docteur Edwards" de Hitchcock est réalisé la même année). Dorian Gray remise son portrait au grenier, dans une pièce interdite à quiconque, comme on refoule ses pulsions dans son subconscient. Mais il ne parvient pas à les y contenir.
Vendu comme film d'épouvante, "Le Portrait de Dorian Gray" tient toutes ses promesses en la matière, malgré un style suranné et légèrement défraîchi. Impeccablement drapé de ses plus beaux atours, plongé dans une introspection de tous les instants, Hurd Hatfield déambule tel un fantôme noir entouré de personnages plus ou moins intéressants. Et la taille de la somptueuse demeure qu'il habite (et qui finit par rendre claustrophobe) n'a d'égale que celle de son ego cruel mais caché. Au contraire de la fameuse peinture maléfique qui se déforme peu à peu, prenant l'aspect de l'Enfer, ses traits restent désespérément figés dans une jeunesse éternelle qui a brûlé son existence sans pour autant le toucher personnellement. Réfléchissant à la bonté, à l'âge et au temps, à la femme aussi, devenant objet de désir fatal et condamné par le regard froid de Gray, Albert Lewin signe ici une adaptation de bonne facture, malgré quelques langueurs. La scène finale, véritable apogée de la tension montante du scénario, laisse de glace autant qu'elle glace, par la simplicité de son jeu, la pénombre de son décor et la voix entêtante d'un narrateur omniprésent tout au long de l'intrigue. On aurait aimé justement que les femmes soient plus présentes (Reed et Lansbury), mais "Le Portrait... " reste un film profondément masculin, tout autant qu'il est un film d'Homme. Difficile de s'attaquer à Wilde, monument énigmatique de la littérature anglo-saxonne. On pardonnera donc à Lewin ses erreurs, et à certains acteurs la fausseté de leur ton. 3,5/5
Un beau film fantastique, remarquablement mis en scène (utilisation des objets, de la couleur, du champ, de la lumière, de l'espace) et avec une bonne interprétation des acteurs. Si le film manque un peu d'émotion, cela demeure un classique du genre.
La transposition du «Portrait de Dorian Gray» de l'écrit à l'écran par Albert Lewin m'a vraiment conquis! Bien sûr rien ne remplace la lecture du roman original, mais sa mise en image lui reste fidèle et fait même preuve d'une grande sensibilité. Le classicisme, voire le conformisme de la mise en scène, certes de très bonne facture, ne fait pas de ce long métrage une merveille du 7e art, où images et sons se conjuguent avec subtilité et beauté pour créer quelque chose d'unique. Certains passages sont bien trop convenus, certains effets de caméra et autre symboles récurrents sont parfois trop appuyés. Idem pour la distribution, solide mais peu audacieuse. Néanmoins ces faiblesses prennent part au charme du film, et sont de toute façon compensée par une atmosphère prenante de bout en bout, et surtout l'interprétation fascinante et très équivoque de Hurd Hatfield. Il suffit d'une ombre sur son visage d'ange pour lui donner une dimension incroyable, une ambiguïté malfaisante absolument magnétique. Certainement que le roman de Wilde y est pour beaucoup, mais le jeu magistral (sans en avoir l'air) d'Hatfield exprime la plus grande des contradictions entre vice et pureté, haine et amour, mensonge et vérité, horreur et beauté. Il laisse planer avec une intensité sourde le doute le plus malfaisant sur sa conduite de dépravé à la noble allure, sur son âme damnée et pourtant capable d'aimer. La fin s'achêve un peu comme un mélo, sur un ajout du réalisateur à l'oeuvre d'origine. Toutefois, il faut bien le dire, le talent de Wilde, les thématiques convoquées d'une façon si intelligente et subtile (surtout à propos de la culpabilité et du vice), le charisme incroyable d'Hurd Hatfield, l'expressionisme de certaines séquences, beaucoup de qualités font de ce film une oeuvre fascinante et hautement recommandable! [3/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/
Film magnifique. Magnifique par sa beauté implicite. Etant en noir et blanc, la beauté ne pouvait que s'exprimer de cette manière. J'ai apprécié les ajouts du réalisateur par rapport au livre original. D'abord, la première scène lorsque Lord Henry lit l'édition française des 'Fleurs du mal'. Après, dans le cabaret, quand Sybil Vane chante sa chanson 'Little Yellow Bird', ce regard que lui porte Dorian Gray, habillé en veritable gentleman, est fascinant. Puis, bien sur, les nombreuses références à Chopin tout au long du film. Bien mieux que le film de 2008, et pourtant plus jeune de 63 ans! (1945).
Les premiers moment du film sont un délice entre la voix off et les répliques de lord Henry Wottom. Celui-ci est superbement incarné par Georges Sanders qui joue à merveille cet aristocrate cynique, qui apporte la graine du mal dans l’esprit de Dorian Gray. Ce dernier est interprété par Hurd Hatfield qui joue d’une manière trop linéaire et un peu décevante à mon goût. Mais le film est formidablement mené, un film qui lui n’a pas vieilli.
Film fantastique classique, les dialogues sont somptueux normal adaptation d'un roman d'Oscar Wilde. La seconde partie est bien mieux que le début car faut avouer le film met un peut de temps à démarrer. Belle réflexion sur la beauté, l'art et la jeunesse éternelle.
Ayant lu le roman récemment j'ai voulu voir ce que donnait cette adaptation cinématographique. Je ne suis pas là pour juger la fidélité du film par rapport au roman (pour moi, ce n'est pas sur ça qu'il faut juger une adaptation). Je trouve que globalement le réalisateur a bien su comprendre et s'approprier cet univers pour en faire quelque chose d'intéressant. On pourra tout de même regretter quelques points : une voix-off ne me dérange pas mais elle est utilisée de façon trop récurrente je pense dans ce film. Parfois le réalisateur préfère nous dire plutôt que de nous montrer, ce qui est dommage. Hurd Hatfield n'est d'ailleurs pas toujours très convaincant dans le rôle de Dorian Gray. De plus, les musiques tonitruantes agacent par moment.
Excellent conte mystérieux de Albert Lewin, mis en scene a la perfection et qui bénéficie d'une photographie tres intéressante... Les acteurs sont tous extrêmement convaincant, Hurd Hatfield est franchement intriguant, Donna Reed est sublime, quant a George Sanders, il tient le rôle d'un personnage agaçant, mais parvient a jauger brillamment son jeu pour que tout soit tres agréable ! Le scenario est bien construit, fait évoluer progressivement mais surement l'histoire pour en arriver a une scène finale sincerement magistrale ! Quelques passages presque terrifiants, d'autres tres émouvants... Une réussite !
Le décadentisme fin de siècle reconstitué par Hollywood, mais avec finesse. Les références à l’Asie, au bouddhisme, abondent. Dorian Gray est une sorte de Faust du narcissisme. Le narcissisme serait-il une forme dévoyée d’aspiration au nirvana ? Le dédoublement de la personnalité, l’occultation d’une partie, la qualité de gentleman fréquentant les bas-fonds londoniens, apparentent le personnage à celui de Jekill/Hyde. L’adaptation d’ A. Lewin magnifie très intelligemment et avec culture le roman d’O. Wilde. La mise en scène est recherchée, inventive (la scène des retrouvailles du marin retrouvant D. Gray dans un bouge est particulièrement réussie à cet égard). Très belle réussite qui ne déçoit ni les profanes ni les lecteurs du roman.
Un très grand film américain des années 40, assez loin de la production de l'époque. Lewin est un réalisateur assez à part. Les images, noir et blanc très esthétisant oblige, sont une grande réussite et contribuent fortement à la réussite du film. On sent progresser un malaise indéniable à mesure que Dorian Gray s'enfonce dans le vice. L'autre point fort de cette géniale adaptation de Wilde c'est l'interprétation de George Sanders, dont le rôle de dandy-cynique lui va comme un gant (et dont il usera et abusera un peu tout au long de sa carrière).
Parabole très actuelle au contraste saisissant, et ou les damnés ne sont d'autre part pas ceux qu'on pense dans une tragédie à double face. Captif et contaminant.