Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Roub E.
958 abonnés
4 997 critiques
Suivre son activité
3,5
Publiée le 25 octobre 2021
La patine de temps a donné à cette version du portrait de Dorian Gray une forme de poésie morbide sur ce personnage de la haute société qui glisse peu à peu vers la décadence. Il a une beauté graphique qui l’éloigne d’une forme de réalité mais pour glisser vers un cauchemar perturbant. C’est aussi un film bavard du fait des personnages qu’il décrit, prétentieux et qui dissimulent la vacuité de leurs existences par de longues logorrhées. Un mot aussi sur le fameux tableau qui est au cœur du film et qui est une grande réussite, qui s’avère être quasiment aussi perturbant au début qu’à la fin. A classer dans la liste des anciens films fantastiques qui ont très bien vieillis.
Vision intéressante de la célèbre histoire imaginée par Oscar Wilde, ce film vaudra le coup d’œil essentiellement pour le subtil jeu de dupes qui s'insinue entre ses personnages, dans une mise en scène où le noir et blanc est habilement utilisé pour rendre compte du cheminement intérieur de Dorian Gray. Il faut autant tendre l'oreille qu'écarquiller les yeux pour saisir toutes les finesses de ce long métrage, au style un peu suranné mais efficace en l'occurrence.
Albert Lewin réalise là la meilleure adaptation du roman d'Oscar Wilde et colle parfaitement à l'univers de l'auteur, teinté de cynisme et d'un peu de mysticisme. En effet, Dorian Gray ne semble jamais vieillir tandis que le portrait de lui qu'a effectué un de ses amis peintres ne cesse de s'enlaidir tandis que l'âme de Dorian se pervertit. Conte cruel, "Le portrait de Dorian Gray" est une très belle réussite. Albert Lewin, cinéaste peu connu et peu prolifique mais réputé pour son intellect et sa culture met ici tout son talent au service d'une histoire qu'il adapte avec brio, gardant le génie de Wilde dans la représentation de la société londonienne du XIXème siècle et dans la psychologie des personnages (en particulier celle de Lord Wotton, aristocrate cynique qui ne se prive de rien interprété par l'irrésistible George Sanders). Les dialogues sont en effets excellents et la mise en scène (à la superbe photographie) est soignée, nous plongeant au cœur d'une atmosphère de plus en plus inquiétante au fur et à mesure que l'âme, et donc le portrait, de Dorian se dégrade. Dans ce rôle difficile, Hurd Hatfield est d'ailleurs impeccable, notamment grâce à sa beauté froide et à son visage renfermé mais néanmoins expressif qu'il arbore durant tout le film.
Un beau film fantastique, remarquablement mis en scène (utilisation des objets, de la couleur, du champ, de la lumière, de l'espace) et avec une bonne interprétation des acteurs. Si le film manque un peu d'émotion, cela demeure un classique du genre.
Le fabuleux portrait de Dorian Gray est à la fois fascinant et inquiétant, son visage pictural et lisse se durcit au fur et à mesure d’un engrenage infernal. Les conventions socialement rigides sont contraintes à l’intrigue, avec une jeune actrice tragédienne rayonnante. La mise en scène change ses couleurs noir et blanc au moment de révéler l’obscurité vicieuse de ce personnage d’expression envoûtante.
Le fait de nous en dire si peu sur la nature des méfaits de Dorian Gray tout en insistant sur leur gravité pouvait sembler naturel au public du temps d'Edgar Alan Poe. Le public d'aujourd'hui est moins "imaginatif" et moins « actif ». Il lui faut plus de technologie, plus d'effets spéciaux. Ce par quoi le film ne brille pas. Il lui faut aussi plus de technique narrative cinématographique. Ainsi, l'avancée, l'accélération, et le retard du suspense doivent être gérés avec plus de finesse qu’ils ne le sont dans ce film. Les choix pris par Albert Lewin sont en réalité justifiés par le fait que le cinéaste est resté trop « littéraire », ne s’est pas suffisamment émancipé des techniques narratives propres à l'écrivain Poe. Bref, il n’a pas assez exploité sa dimension de cinéaste. Reste que l'atmosphère victorienne est bien rendue, les jeux de George Sanders et surtout de Hurd Hatfield sont parfaits, et l'histoire est si géniale que l'on ne peut pas résister à l’envoûtement opéré par l'ensemble.
Dorian Gray, jeune homme séduisant de l'Angleterre Victorienne, voit son portrait vieillir et s'avilir à sa place au fil des années. Le célèbre personnages de Wilde eu le droit en 1945 à cette adaptation de très bonne tenue, où le travail de photographie est assez impressionnant (éclairages, incrustations troublantes de couleurs...), tandis que l'époque est parfaitement retranscrite. Par ailleurs, la mise en scène et direction d'acteurs d'Albert Lewin est plus que solide (le personnage de George Sanders est assez jouissif !), tandis que celui-ci évoque de manière intéressante le rapport entre moralité et plaisir, entre innocence et décadence. En bref, un film fantastique ayant peu vieilli qui demeure à voir.
Film fantastique classique, les dialogues sont somptueux normal adaptation d'un roman d'Oscar Wilde. La seconde partie est bien mieux que le début car faut avouer le film met un peut de temps à démarrer. Belle réflexion sur la beauté, l'art et la jeunesse éternelle.
Le décadentisme fin de siècle reconstitué par Hollywood, mais avec finesse. Les références à l’Asie, au bouddhisme, abondent. Dorian Gray est une sorte de Faust du narcissisme. Le narcissisme serait-il une forme dévoyée d’aspiration au nirvana ? Le dédoublement de la personnalité, l’occultation d’une partie, la qualité de gentleman fréquentant les bas-fonds londoniens, apparentent le personnage à celui de Jekill/Hyde. L’adaptation d’ A. Lewin magnifie très intelligemment et avec culture le roman d’O. Wilde. La mise en scène est recherchée, inventive (la scène des retrouvailles du marin retrouvant D. Gray dans un bouge est particulièrement réussie à cet égard). Très belle réussite qui ne déçoit ni les profanes ni les lecteurs du roman.
Version érudite du mythe d’Oscar Wilde. Des beaux restes d’expressionnisme dans ce film en noir et blanc mais agrémenté de couleur dans le tableau. Le balancement de la lampe rappelle l’ampoule du Corbeau. Certains plans sont des citations de peintures comme l’infante.
Parabole très actuelle au contraste saisissant, et ou les damnés ne sont d'autre part pas ceux qu'on pense dans une tragédie à double face. Captif et contaminant.
J’avais un souvenir marquant du « Portrait de Dorian Gray » vu maintenant il y a plusieurs années. Cette redécouverte ne fait que confirmer mon impression. Il s’agit du second long-métrage d’Albert Lewin adaptant un célèbre roman d’Oscar Wilde. Le cinéaste a donc une bonne base entre les mains et si il y a bien quelque chose que l’on ne peut reprocher au film, c’est son originalité. La mise en scène est incontestable ; fine dans le drame, implacable dans le suspense. Très appliqué, l’esthète Lewin de par ses mouvements de caméra et ses cadrages majestueux sait fasciner son spectateur avec une maestria jamais vue. La tension ne tombe à aucun moment. L’interprétation est elle aussi de premier ordre ; Hurd Hatfield frappant de charisme et de froideur. Et même si il ne manque presque rien pour atteindre la perfection (un peu trop bavard parfois), l’œuvre est une pièce indispensable du fantastique. Superbe et passionnant.
Sans pour autant trahir l'esprit de l'oeuvre d'Oscar Wilde, le réalisateur-scénariste-producteur Albert Lewin adapte avec quelques libertés le roman sur grand écran pour mieux le faire correspondre à sa vision d'esthète sur le plan pictural en incrustant quelques plans en couleur du tableau et à travers une très belle photographie en noir et blanc avec une superbe profondeur de champ et au contraste (symbolisant le bien et le mal) admirable, musical mêlant la musique de Chopin, de Mozart et de Beethoven entre autres, littéraire faisant des allusions à Omar Khayyam et à Oscar Wilde lui-même, et occultiste à travers la présence mystérieuse de cette statue égyptienne d'un dieu en forme de chat. Le choix de l'acteur Hurd Hatfield pour le rôle-titre se révèle excellent tant l'aspect rigide du comédien accentue le caractère mystérieux et fantastique du personnage, et George Sanders se montre parfaitement à l'aise dans le rôle du cynique Lord Henry. Une très bonne adaptation.
On présente souvent "Le portrait de Dorian Gray" comme un roman illustrant le thème de la jeunesse éternelle. Car Dorian Gray jouit du don miraculeux de ne pas supporter les stigmates des ans, ayant transmis cette tare au portrait qui a été fait de lui dans la fleur de son âge. Ce thème serait d'une étonnante modernité. Ce n'est pourtant pas celui du roman d'Oscar Wilde écrit en 1890 ni de son adaptation à l'écran en 1944. Pour les deux, il y est moins question d'âge, de vieillissement, que de morale. Les deux reposent sur deux postulats. Le premier est discutable : nous porterions sur notre visage le témoignage des bienfaits et des méfaits de nos vies. L'autre franchement fantastique : Dorian Gray a réussi à transmettre à son portrait ce poids.
Le roman d'Oscar Wilde faisait l'éloge du dandysme. Le film de Albert Lewin est beaucoup plus moralisateur. Chez Oscar Wilde, Dorian Gray bénéficie de l'impunité que lui donne son visage éternellement jeune pour se vautrer dans la débauche - voire horresco referens dans la pédérastie. Chez Albert Lewin, le héros est dévoré par le remords de ses méfaits et réussit in extremis à s'amender dans un geste ultime. Evidemment, toute référence, même implicite, à son homosexualité est gommée.
Le film de Lewin a été influencé par la psychanalyse freudienne dont Holywood était entiché ("La maison du docteur Edwards" de Hitchcock est réalisé la même année). Dorian Gray remise son portrait au grenier, dans une pièce interdite à quiconque, comme on refoule ses pulsions dans son subconscient. Mais il ne parvient pas à les y contenir.
Adapter à lécran un chef duvre de la littérature à lécran est toujours un pari plutôt risqué : il faut savoir conserver lessence de luvre original tout en nen restant pas prisonnier. Cest ce qui constitue la principale faiblesse de ce film. Si le souci de rester proche du matériau original est une intention louable de la part du réalisateur, il est cependant dommage que le film reste trop plaqué au récit, ne sautorisant que peu de libertés. Les dialogues ont une résonance souvent trop littéraire Quant au recours récurrent à la voix off, il donne un certain style au film, mais ne fait que confirmer ce trop grand respect pour luvre originale (et semble une solution de facilité). Le réalisateur se rachète toutefois avec une esthétique victorienne sombre et séduisante, la photographie noir et blanc est très réussie (surtout pour lépoque), et toujours très bien mise en valeur (cf. meurtre de Basil, lune des meilleures séquences). On peut également se réjouir de lacteur principal, qui se montre à la hauteur de la figure quil incarne, en jouant un Dorian Gray sombre et angélique. Indépendamment du roman génial de Oscar Wilde, le film en lui-même séduit, mais souffre en fait de la comparaison ; il manque un élément essentiel dans ce film : la retranscription des relations entre les personnages, subtiles, subjectives, passionnantes dans le roman. Toute lambiguïté des relations (rapport dattirance, de domination, damour..) manque à cette adaptation. Finalement, ce film souffre de ne pas égaler la richesse de son modèle, dautant plus quil reste un peu sage (on aurait voulu plus de noirceur ). Pour résumer, ce Portrait de Dorian Gray est une adaptation honnête et globalement réussie, mais qui reste trop collée à luvre originale. Dommage que le réalisateur ait délaissé les relations entre les personnages, élément-clé du roman.