Après avoir diverti, assumant pleinement les clichés de ses racines Africaines dans « Case Départ » et « Le Crocodile du Botswanga », Fabrice Eboué renoue avec un sujet qui tend à diviser, à savoir la religion. Sensible comme jamais, le thème ne manque pas de déborder dans l’excès mais le réalisateur souhaite rire de cette différence, tout en restant poli et sans froisser la foi des pratiquants. Hélas, l’espoir est de courte durée. On s’engouffre peu à peu dans une bouillie de clichés, sans que l’humour nous atteigne réellement. Si on arrive à en saisir un moindre sens, ou une once de palpitation pour ce genre de mascarade, on finit par perdre de vue les valeurs et les messages que le récit tente maladroitement de véhiculer.
Se cachant derrière un casting assez complet, on découvre d’une traite sur quoi la comédie tire son charme particulier. La chanson et la nostalgie sont les principaux alliés de cette vaillante initiative de Nicolas, incarné par Eboué. Il regroupe alors trois figures emblématiques de la culture religieuse d’aujourd’hui, racine même de la croyance occidentale. Benoît (Guillaume de Tonquédec) est un curé modeste et droit dans l’enseignement qu’il a acquis. Samuel (Jonathan Cohen) tient un profil plus détaché de ses croyances, où il aborde les vestiges de son apprentissage avec recul et peur récurrente. Quant à Moncef (Ramzy Bedia), il s’agit du maillon faible du groupe, là où tout l’enjeu de leur groupe de chanteur devrait relancer des débats intéressants. Or, Eboué n’exploite que la surface du potentiel qu’il a en main. Il tombe dans la facilité est vend des blagues à gogo, sans profondeur. On ne demande qu’à en rire, direz-vous. Mais il y a plusieurs façons de rire et d’en juger toute la noblesse qui s’en dégage. Ici, il y a peu de choses à en tirer.
Le blasphème n’est pas à signaler, mais il y a une certaine valeur d’égalité sociale qui fonctionne de temps en temps. Bien que l’aspect antireligieux puisse surprendre par moment, il ne s’agit là que d’un appel visant à regrouper toutes les différences au sein d’une communauté, utilisant la musique pour pallier aux frontières de la foi. Le malaise est tout de même présent lorsque le ressort comique ne parvient pas à évaluer la portée des préjugés. Souvent maladroit, il n’y a qu’un arrière-goût de malaise qui orne une chute bien crue.
Ainsi, « Coexister » détourne les péchés, mais à aucun moment le film ne les confronte pleinement à la foi des trois chanteurs. Le côté showbusiness est un thème surexploité alors que tout l’intérêt réside dans le marketing. L’appel à la nostalgie referme les personnages dans un univers dont ils souhaitent s’émanciper, car la vie est un progrès que si le patrimoine évolue avec leur personnalité. La surenchère n’est efficace qu’un temps, l’autre partie est consacrée à une autodérision moins convaincante.