Après plus d'un An d'abstinence,me voilà dans ce petit cinéma indépendant comme j'aime tant. Je visite, je regarde les expositions dans les couloirs, puis la séance est ouverte.
Je rentre dans cette magnifique salle avec de vieux petits fauteuils rouges, des tableaux accrochés aux murs, tout en velours...Instantanément je suis bouleversée d’émotion de me retrouver dans ce milieu que j'aime tant...Peu importe le film, je suis heureuse d'être là...
Le film commence, et c'est un premier film en langue anglaise que nous propose le réalisateur Chilien Sebastian Lelio qui aime nous dresser des portraits de femmes qui malgré les obstacles, choisissent la liberté. Ici, elles sont deux, l'une qui a fui sa communauté, l'autre qui est restée et s'est marié avec leur meilleur ami. Ils étaient toujours ensembles tous les 3 Ronit, fille unique du Rabin, Estit et Dovid ses meilleurs amis. Ronit revient des années plus tard car le Rabin, son père est décédé. Elle ne fait plus partie de la communauté, elle ne veut pas porter la kippa et se soumettre aux règles de la communauté. Le Rabin n'a rien laissé à sa fille, il lègue tout à la synagogue et a fait de Dovid, son fils spirituel qui va logiquement prendre la relève. Mais le retour de Ronit va perturber beaucoup de choses et beaucoup de vies...
On retrouve à nouveau chez Lelio cette bienveillance autour de ses personnages et une absence de violence malgré un conflit sentimental qui bouleverse ce trio. Sur fond de deuil, le film se joue des codes habituels du mélodrame pour avancer à pas comptés, dans une austérité magnifique Et comme toujours avec le cinéaste, quelle extraordinaire direction d'acteurs, et particulièrement d'actrices, même si Alessandro Nivola est excellent, Les deux Rachel, McAdams et Weisz sont remarquables avec une petite préférence pour la seconde qui joue avec une finesse considérable et toute en nuances un rôle infiniment difficile à défendre (la fille du rabbin émancipée) sans tomber dans les clichés. Désobéissance force le respect par sa dignité constante Le but n'est pas de critiquer la communauté orthodoxe mais plutôt de montrer les dérives du communautarisme et surtout de s'intéresser à la manière dont les personnages peuvent s'émanciper d'un cadre établi. A ce titre, je trouve ce film tout simplement passionnant. Chacun des personnages devant faire face à des dilemmes moraux très bien exposés.. Il y a une vraie poésie qui se dégage de chacune des images et également comme une grande sensualité. Le réalisateur chilien sublimant véritablement ces deux actrices par le biais de sa caméra. Ces dernières sont d'ailleurs exceptionnelles tout comme Alessandro Nivola qui montre tout l'étendu de son talent dans un final magistral.. Je sors de cette projection encore plus heureuse qu'à mon arrivée. Non seulement j'ai découvert un magnifique petit cinéma indépendant, de toute beauté, mais j'ai eu la chance de voir l'un des plus beaux films de Sebastian Lelio. Merci à tous ces réalisateurs,réalisatrices, acteurs, actrices cameramans, ingénieurs sons, photographes, scénaristes, compositeurs, compositrices, producteurs, productrices, monteur, monteuses, costumiers, costumières, maquilleurs, maquilleuses et toutes et ceux qui font que nous spectateurs, spectatrices, pouvons vivre des moments de bonheur.
Oui je confirme, le cinéma me rend heureuse, même quand il me fait pleurer. Très beau film....