Première adaptation du manga dantesque et surréaliste qu'est Jojo's Bizarre Adventure, et tellement dantesque que son réalisateur a choisi d'adapter le premier quart de la quatrième partie, à savoir l'illustre Diamond is Unbreakable.
Jojo en live-action, c'est le piège à tous les coups : l'auteur, Hirohiko Araki, est le maître absolu et incontesté pour ce qui est de mélanger habilement l'horreur, les situations absolument wtf-esques, l'action et l'humour. Takeshi Miike a-t-il relevé le défi de faire une adaptation à la hauteur de l'oeuvre originale ? Pas loin.
Diamond is Unbreakable Chapter 1, c'est l'histoire d'un lycéen pourvu d'un pouvoir surnaturel du nom de Josuke Higashikata, qui va découvrir qu'il se tapit dans sa ville d'autres personnes possédant eux-aussi des pouvoirs surnaturels : les Stands. Il va devoir élucider bien des mystères, en compagnie de son ami Koichi Hirose et de son neveu Jotaro, afin de protéger sa ville : Môrio-chô, véritable théâtre de phénomènes surnaturels.
Takeshi Miike frappe ici un très grand coup : plus qu'une adaptation, son film est ... Un film. Principalement pour les fans ? Pas vraiment. Jojo a une narration assez décousue pour que le non-initié ne soit pas complètement perdu. Il loupera pas mal de références, mais qui ne seront jamais cruciales à l’avancée de l'histoire ( en tout cas pour DiU ). Avec ce film, c'est pareil : à part pour Joseph Joestar, Tonio Trussardi et
Kira Yoshikage
, tous les personnages sont introduits et developpés au sein même du film.
Takeshi Miike nous livre une réalisation très soignée, très stylisée avec une colorimétrie à tomber : tout est beaucoup plus sombre que dans le manga, mais tout y paraît tellement authentique. On sent vraiment la patte Miike, et ça fait du bien. L'horreur est bien représentée et même parfois exagérée par rapport au manga ( c'est dire ), le maquillage est excellent, les acteurs sont assez bien dirigés, ça bouge beaucoup et ça sait se poser : Miike réussit là où l'anime à échouer, il nous livre du pur Jojo. Un Jojo plus sombre et moins "funky", mais un véritable Jojo qui découle du manga.
Non content de jouer la carte de l’adaptation très réussie, Diamond is Unbreakable s'occupe de gommer certains défauts du manga ( vous avez bien lu ), en développant certaines relations et certains personnages beaucoup plus loin que dans le manga ( le grand-père de Josuke est juste beaucoup plus intéressant, Angelo devient véritablement flippant même si il est très différent du manga ).
L'OST signée Kouji Endo décrit parfaitement l'ambiance de l'histoire : impressionnant, flippant, et tellement mystique : le thème principal est magnétisant. Elle est par contre assez inégale, flirtant parfois avec de la simple guitare électrique sous fond de techno.
Les effets spéciaux sont eux aussi inégaux : Crazy Diamond, Star Platinum et Aqua Necklace sont de toute beauté, mais The Hand sort du dernier paquet d'Action Man et
Sheer Heart Attack a été obtenu dans un Happy Meal je crois.
Malgré cela, et compte tenu du "faible" budget, ils sont d'excellente facture ( surtout que le rendu des Stands aurait pu faire très peur si il avait été mal fait ).
Concernant le cast, c'est un quasi-sans faute. Koichi est parfait, Angelo flippant comme il faut, Okuyasu paumé à la perfection, Keicho très crédible : bref, un cast 4 étoiles. C'était sans compter sur Jotaro et le grand-père de Josuke, qui jouent leur rôle à la perfection.
Mais tout dans ce film n'est pas parfait, à commencer par Higashikata Josuke, le héros, le JOJO ! L'acteur, Kento Yamazaki, nous livre une prestation très oubliable, assez mollassonne, qui ne colle pas du tout au personnage : Josuke est un lycéen rêveur et très impulsif, mais il est toujours bien-attentionné et prêt à sauver ses amis et même ses ennemis au risque de se tuer. Ici, c'est plus le lycéen forcé d'aider les habitants parce que bon, y a rien d'autre à faire sinon. Même sa réplique "je protégerai Môrio contre tous les dangers" est dit sur le même ton que "qu'est ce qu'on mange ce soir ?". On passe du lycéen à la great qui n'a peur de rien ou presque, au lycéen limite autiste qui sait pas trop ce qu'il fait ici. Rien ne se dégage de Josuke et c'est bien triste.
La fin du film ne respecte pas le manga, en plus de ne pas respecter un personne clé du manga :
Kira Yoshikage tue Keicho. Ah bon ? Mais pourquoi ? A cause de la flèche ? Mais tu veux pas une vie tranquille Kira ?
T'es bizarre.
. Mais c'est une adaptation, et je ne trouve pas ça si mauvais que ça.
Le film a un rythme extrêmement poussif, il possède beaucoup de longueurs notamment dans sa seconde moitié, enchaînant 3 fights sans répit au détriment de nous poser véritablement l'enjeu. On assiste donc à un amas de scènes surréalistes sans comprendre grand chose ( du point de vue du néophyte ). On voit des Stands taper, d'autres qui coupent l'espace, d'autres qui font tout exploser ou qui font pleuvoir un véritable déluge. Tout est vite expédiée, et le spectateur demandera vite à respirer.
4/5, parce que malgré ses défauts apparents, il a un nombre de qualités incroyables. Je m'attendais au désastre, j'étais finalement très agréablement surpris.