"Les Veuves" s'inspire d'une série télévisée britannique du même nom des années 80. On retrouve aussi Steve McQueen à la réalisation qui a eu l'Oscar du meilleur film pour "12 Years a Slave" il y a quatre ans. Il apporte une lecture féministe au film de braquage tout en mettant en scène un thriller politique.
Après que leurs maris aient échoués leur braquage, quatre femmes se retrouvent veuves. Sans se connaitre, elles vont prendre leur destin en main en terminant la mission inachevée de leurs défunts époux afin de rembourser leurs dettes.
On attendait avec impatience le retour de Steve McQueen et force est de constater qu'il étonne avec avec ce film de braquage féministe sur fond de politique corrompue. D'emblée, on est plongé dans l'action via les scènes d'un braquage réalistes, crues et intelligemment filmées. En effet, bien que cette histoire puisse décevoir par son genre déjà beaucoup de fois revisité, on est séduit par les innovations et la grande maitrise de mise en scène propres au réalisateur : ses mouvements de caméra sont puissants, rares et servent amplement la dramaturgie et les personnages. Face au machisme et au pouvoir des hommes se dressent ce groupe de femmes déterminé à ne pas faiblir face aux menaces, face aux hommes qui ont soif de pouvoir. Ce que "Ocean's 8" faisait avec humour et paillettes, "Les Veuves" le fait avec froideur et hémoglobine. L'émotion du deuil est le moteur principal à cette intrigue qui semble tout à fait surréaliste et magouillée pour en faire un pur blockbuster hollywoodien. Mais la prestation des acteurs, assez troublante pour certains, rendent les situations percutantes. Mention spéciale à Viola Davis, qui dans sa froideur est bourrée de sensibilité, Michelle Rodriguez en contre emploi total, et surtout Daniel Kaluuya en grand vilain dégénéré qui fait flipper !
Outre le divertissement avéré qu'est "Les Veuves", je dois avouer qu'il m'a beaucoup moins secoué et marqué que les précédents films de McQueen. On sent bien que derrière la couche traditionnelle de l'histoire de braquage se dévoile un monde usurpé, incertain, une société inégalitaire menée par des politiques malhonnêtes. Tous ces éléments chargent lourdement l'atmosphère pesante du film, tout en renforçant son côté imprévisible lors du braquage final. Donc oui, il y a quelque chose de très prenant qui s'opère mais qui, en fin de compte, reste très commun. Pour ma part, "Les Veuves" m'a fait ni chaud ni froid car le regard sur les thèmes abordés n'apportait rien d'exclusif, comme une vague sensation de déjà-vu. Les coups de génie sont ponctuels et offrent des magnifiques scènes mais dans l'ensemble, les enjeux de l'histoire ne me sont pas parvenus, me confrontant alors parfois à un ennui inattendu. Le fait que l'histoire se déroule de nos jours démontre le danger du monde crapuleux dans lequel on vit, mais rien de nouveau là-dedans. Et le braquage féminin, bien que synonyme de bon divertissement, ne préserve pas notre intérêt jusqu'au bout. A trop vouloir connecter ce récit à notre présent, le côté romanesque perd de sa splendeur et semble en désaccord avec le reste. Ce film est le premier du genre dans la filmographie de McQueen mais face à la force de ces précédents métrages, je suis navré de dire qu'il ne restera qu'anecdotique à mes yeux...