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Caine78
6 853 abonnés
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4,0
Publiée le 24 octobre 2013
Admirablement construit et pensé, « La Garce » fait partie de ces œuvres complètes, terriblement cruel et pourtant profondément humaine, pouvant compter sur les talents conjugués devant comme derrière la caméra. Car King Vidor était un grand, un très grand : difficile d'écrire le contraire devant toutes ces scènes mémorables, superbement filmées et éclairées, le tout avec un sens de la rigueur et de la précision rare. Mais si la réussite de l'œuvre est aussi complète, c'est aussi grâce à la finesse d'écriture caractérisant chaque personnage : toutefois, si tous les seconds rôles sont très intéressants, c'est évidemment celui de Rosa Moline qui retient toute notre attention. En effet, alors que celle-ci devrait nous être odieuse (ce qu'elle est quand même à plusieurs reprises), on ne peut s'empêcher de la comprendre, voire de l'estimer. Il faut dire que la prestation magistrale de Bette Davis apporte toute la complexité possible à ce superbe portrait de femme, dans lequel on lit, ne serait-ce que quelques secondes, une détresse, un désespoir, un mal-être profond devant lequel on ne peut que compatir. C'est là l'un des grands talents de « La Garce » : nous offrir une héroïne inoubliable, unique en son genre et franchement subversive pour l'époque... Une immense actrice pour un immense rôle, le tout par un immense réalisateur : cela ne pouvait donner qu'un immense film.
Un film qui jouit d'une réputation assez mauvaise en rien arrangée par un King Vidor, qui avait du mal à dissimuler son agacement quant à la censure d'une scène trop explicite autour du sujet de l'avortement, et par une Bette Davis, qui n'avait absolument pas la moindre envie d'y jouer et, avec le caractère qu'on lui connaissait, ne s'en cachait absolument pas. Bref la seule et unique rencontre entre le réalisateur de "La Grande Parade" et la star de "L'Insoumise" n'a pas été un bon souvenir pour ces deux grands artistes... Par contre, le spectateur que je suis si. Certes le film est marqué par le lourd sceau de la morale et cela dès la fin du générique du début. Mais quelle morale ??? OK le personnage de Bette Davis est chargé à mort, méchant, froid, calculateur, totalement égoïste mais il est parfois paradoxalement d'une telle inconséquence et d'une telle naïveté qu'au fond c'est peut-être celui qui attire le plus la sympathie, si on excepte celui de la domestique indienne qui ne se laisse pas faire ; sympathie renforcée aussi par le fait qu'il évolue parmi des personnages et un environnement peu reluisants.La petite ville de campagne industrielle dans laquelle étouffe la protagoniste est autant égratignée dans sa médiocrité qu'une grande ville comme Chicago. En ce qui concerne l'époux gentil interprété par Joseph Cotten, il est trop neuneu pour qu'on ressente pour lui autre chose qu'une forme de dédain. Et puis Bette Davis est franchement excellente (contrairement à ce qu'elle disait !!!), j'irais même jusqu'à dire que c'est un de ses meilleurs rôles, y donnant toute la hargne et toute la haine qu'elle était capable d'insuffler à ses personnages sans le cabotinage sous lequel certaines de ses compositions antérieures, même parmi les plus admirées, étouffent. Elle avait atteint une maturité, une grandeur, un réalisme dans son jeu. La meilleure Bette Davis pour moi, c'est celle-là, celle des années 50 et des années 60. Quant à King Vidor, le cinéaste connu pour son baroque et son lyrisme, se montre quelques fois bien inspiré à l'instar des plans avec en fond la cheminée d'usine constamment en feu qui symbolise le bouillonnement intérieur de l'anti héroïne. On peut ajouter aussi quelques répliques cinglantes et cruelle, du genre "J’adore qu’ils me détestent, ça veut dire que je ne suis pas des leurs", qui font mouche. Bref "Beyond the forest" est bien sûr un portrait impitoyable d'une femme médiocre dans toute son inimitié mais il est surtout un portrait impitoyable du genre humain dans son ensemble.
Le carton d’ouverture donne le ton et la visée moralisatrice du film, mais c’est surtout l’étude de caractère qui fascine et le bovarysme extrême de Rosa Moline. Le scénario raconte l’histoire d’une femme à l’étroit dans sa ville de province, mais j’en retiens surtout le jeu explosif de Bette Davis, elle aussi à l’étroit dans ce film un peu étriqué. Quelques scènes fortes malgré tout et un ensemble agréable (bien qu’un peu répétitif). A regarder comme une répétition générale avant les grands numéros d’All about Eve et Baby Jane.
Même si le film a indubitablement souffert de la censure qui a poussé à diaboliser le personnage de Bette Davis et à faire de son mari une figure de vertu, au détriment de toute crédibilité (son impossible naïveté face au comportement de sa femme), « La Garce » demeure une virulente critique de la société américaine, dans son puritanisme hypocrite comme dans sa nature aliénante (surtout pour les femmes). Sa vision mortifère de l’industrialisation capitaliste, la dureté implacable de son regard sur la province (pétrie de conformisme), comme sur la grande ville (solitude et névrose y font bon ménage), font du film une radiographie étonnamment sombre de la société américaine, qui a gardé toute sa virulence. Au-delà d’une mise en scène au scalpel (qui nous rappelle que Vidor a su magnifier le classicisme hollywoodien), la grande force du film vient évidemment de Bette Davies qui parfait ici son personnage rebelle et antipathique de « La Vipère », amenant son radicalisme sauvage dans le portrait d’une femme rongée par le ressentiment et l’envie. A travers la noirceur de son personnage, condamné sans appel par le film, l’actrice insuffle une vibration humaine bouleversante, transformant son parcours destructeur en un long cri au secours ; Ce cri que poussent tout ceux qui n’arrivent pas à rester dans les clous d’une société formatée et aliénante.
Je trouve qu'il y a des discontinuités dans la réalisation. On a l'impression qu'ils manquent des passages et des personnages secondaires sous exploités dommage.
« La garce » est le dernier film de Bette Davis pour la Warner, le studio où elle aura connu sa période de gloire de 1932 à 1949 tout en étant en conflit quasi permanent avec son directeur Jack Warner au sujet de son intégrité artistique peu compatible avec la politique des studios. Alors âgée de 41 ans, Bette Davis a conscience que son mode de vie ne lui permet plus d’interpréter les vamps incendiaires et encore moins quand celles-ci sont d’extraction rurale. Elle se juge donc trop âgée pour tenir de manière crédible le rôle de Rosa, bourgeoise d’une petite bourgade ayant des rêves de grandeur superficielle devenus obsessionnels. Pourtant le roman de Stuart Engstrand attire l’actrice par son propos sulfureux. Jack Warner qui espère obtenir encore un succès avec son actrice fétiche acquiert donc les droits du roman. Il oblige King Vidor peu enthousiaste à s’atteler à la réalisation. Mais avant même que la moindre ligne du scénario ne soit écrite, le comité de censure s’émeut du sujet du livre traitant sans équivoque de l’adultère et du désir sexuel féminin clairement évoqué. C’est Lenore J. Coffee connaissant bien Bette Davis qui se charge de l’adaptation conforme. Après plusieurs allers-retours, l’intrigue est substantiellement remaniée faisant du docteur Moline (Joseph Cotten) un époux à la morale et au comportement irréprochables ne laissant ainsi à Rosa (Bette Davis) aucun espoir de s’attirer la moindre sympathie de la part du public. Effectivement rien ne sera épargné à Rosa, séductrice provocante amorçant la pente du déclin n’ayant plus vraiment d’autre atout dans sa manche que sa sexualité mise en étendard de manière un peu vulgaire. Maîtresse d’un enfant du pays (David Brian) devenu riche industriel à Chicago, la mégalopole voisine, Rosa a dans l’idée de convaincre par tous les moyens celui-ci de l’épouser pour aller vivre avec lui après avoir divorcé. Assurément mégalomane et maniaco-dépressive, Rosa qui s’est mis toute la petite communauté à dos à force d’un mépris ouvertement exprimé par ses attitudes dédaigneuses, entame une longue descente aux enfers. Le scénario enferme sans doute un peu trop le personnage central dans un carcan psychologique ne lui laissant aucune marge de manœuvre même si ce type de personnalité capable de nuire gravement à leur entourage peut le plus fréquemment trouver à s’épanouir dans les arcanes des milieux professionnels. Bette Davis en appuyant sans doute un peu ses effets pour faire passer le trouble qui habite cette femme parvient à rendre l’angoisse qui l’habite, trottinant affolée comme un hamster prisonnier de sa cage. Encore une fois la grande actrice occupe tout l’écran, n’hésitant pas pour cela à offrir son visage le moins sympathique. Grandiose et effrayant. Une préfiguration troublante des fameux « Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? » (1962) et « Chut…Chut chère Charlotte » (1964) de Robert Aldrich qui relanceront la carrière de Miss Davis.
Même si annoncé d'emblée le propos moralisateur se mâtine d'une certaine compassion pour cette nouvelle Emma Bovary aveuglée par les paillettes des contes de fées, les lumières de la ville et les rêves d'une vie exaltante, dont le sens ne serait pas réduit à la bonne tenue d'un intérieur et à la procréation. Porté par une éblouissante Bette Davis et une impeccable mise en scène le film nous plonge ainsi dans les tourments et les frustrations d'une femme mémorable. Comme un miroir tendu...
Adapté du roman « Beyond the forest » (littéralement, à l’orée de la forêt) (1948) de l’Américain Stuart ENGSTRAND (1905-1955), le film a un titre français plus explicite car centré sur Rosa Moline (Bette Davis, 41 ans), épouse d’un médecin (Joseph COTTEN, 44 ans) de la petite ville industrielle (présence d’une scierie) de Loyalton et qui a pour amant, un homme d’affaires de Chicago qu’elle retrouve dans sa maison au bord d’un lac, à l’orée d’une forêt. Histoire classique de ménage à trois mais le film vaut par l’interprétation de Bette Davis, son personnage étant malfaisant et égoïste, une Emma Bovary mais en plus perverse. Un film noir, magnifié par la photographie de Robert Burks (1909-1968) et qui travaillera plus tard, de 1951 à 1964, 12 fois pour Alfred Hitchcock (1899-1980). C’est aussi une belle description de la vie provinciale du Wisconsin (capitale : Madison et plus grande ville : Milwaukee) qui jouxte l’Illinois où se trouve Chicago.
Superbe drame fatal. Cette femme cynique qui veut s’élever au-dessus de tous. L’ambition d’une femme de province à l’instar de Madame Bovary. Une femme que rien n’arrête et BD somptueuse dans un rôle qui veut l’amour comme un trophée.
Un mélodrame noir qui dresse le portrait d’une femme vénale et arriviste, interprétée par la fascinante Bette Davis dans un rôle taillé pour elle."What a dump !"
bien que le rôle ne soit pas à proprement parler fait sur mesure pour bette davis ( une actrice plus jeune aurait été plus appropriée), il est remarquable de voir ce qu elle à pu en faire. une garce sans scrupule et un monstre d égoïsme qui lui siet à merveille. à voir absolument ...
La Garce! Parfaite description de Bette Davis, prete a tout pour atteindre ses objectifs: argent, respectabilité, amour de l'homme qu'elle a toujours désiré. Mais quand on detruit les reves d'un homme...