Encore une pièce de théâtre que l'auteur même se sent "obligé" de mettre en scène au cinéma. Quel est l'intérêt ? Ici, peu d'éléments cinématographiques car, avant même de savoir que c'était donc une pièce à l'origine, j'ai ressenti le "style" théâtrale, avec des mimiques, des dialogues bien précis qui ne peuvent prendre corps et sens que sur une scène unique, avec un tempo précis pour que l'alchimie entre la comédie et l'émotion pure prenne. Ici, c'est assez vain. Les acteurs essayent mais peu de scènes fonctionnent, qu'elle soient (soit-disant car tout est dans la BA!) drôles, ou dans l'émotion donc.
Ces derniers sont assez platement dirigés et font ce qu'ils peuvent, pensant surement bien faire. Clavier fait du Clavier mais tjs bien (perso, c'est ce que je viens chercher), Frot est tjs délicate et belle, mais sous-employée. On sent qu'elle appuie parfois seule sur la pédale de l'accélérateur pour donner un coup de pouce à son rôle, qq peu "désarçonnant". J'ai eu du mal suivre son "pétage de plomb en 1h top chrono!!! C'est ce qui s'appelle une belle décompensation alors!
Sébastien Thiery est pour moi insipide et "too much". Pascale Arbillot est la seule qui peut surprendre avec ce rôle pas si barré au final.
Le super rôle revient au Chien "Schnell" ! Idée ici brillante.
J'ose imaginer la pièce qui devait effectivement détonner et exploser les codes, les thèmes (la maternité, le handicap) et faire véritablement rire en tordant le cou aux idées préconçues. Le film doit se limiter dans sa loufoquerie, c'est bien dommage. il semble comme aseptisé dans son humour, plus pantouflard qu'autre chose. Quel dommage car les thèmes méritaient effectivement d'être (bien) traités. On sent l'originalité dans la vision proposée : et si être parent et enfant, c'était plus l'amour que la filiation ? C'est quoi d'ailleurs la filiation, le manque ? Comment voyons-nous le handicap ? Qu'en faire avec ses codes biens fermés ?
Il y a là matière pourtant à rire (oui oui!) et effectivement, être touché. Raté. Surtout à cause d'une mise en scène hautement classique, qui fait trainer en longueur les scènes (notamment celle dans le supermarché, puis la mise en place de Patrick) ou les ressorts comiques qui semblent s'étirer car il faut remplir l'image et le temps...
Ou la musique qui guide littéralement le spectateur vers telle ou telle émotion ou rire. C'est bien l'une des rares fois où je me suis sentie aussi "manipulée" (outre les films de Lars Van Trier!) par la musique "sirupeuse ou au contraire un standard moderne" ou "comique"...qui alors, dès le début de la scène, indique clairement quoi en penser et ressentir. C'est même étrange parfois car l'action ne correspond pas à ce que j'aurai envie de ressentir ! Il y a comme une inadéquation entre les scènes, la musique et les dialogues mêmes. Les acteurs semblent alors combler cela en surjouant. Le résultat laisse comme une sensation que les réalisateurs eux-mêmes n'étaient pas assez surs de leur rendu pour oser la scène se faire "seule". On passe d'une scène à une autre, sans savoir s'il faut rester sur le rire, ou là, s'émouvoir...ah non, là c'était plus rigolo...pas de sens véritable, ni de tempo comme ça devait l'être au théâtre.
La scène de révélation de la vérité est bien faite mais trop théâtrale là encore pour être tout à fait crédible. C'est l'élément central, ou l'élément comique d'une pièce, pas d'un film. L'apothéose émotionnelle des 90mn de rires ou de quiproquos qui font que le spectateur revient dans la réalité.
Bref...encore une comédie merveilleuseeee comme le cinéma français en fait à la pelle. De la soupe bien jolie dans son emballage, certes, mais pas transcendante.
On en ressort tjs en se demandant à quand le retour de la VRAIE comédie ??