Le "Blob" de 1958, ou "Danger Planétaire" en France ( allez comprendre ), est une petite série b mineure dans le monde des films de science-fiction, le genre de petit film pas bien marquant amené à la postérité par un remake tardif et mieux fait. Cinématographiquement, il me paraît évident que l'excellent film de Chuck Russell fait un meilleur Blob que ce film-ci; seulement, si le métrage en question possède un tel capital sympathie, c'est surtout parce qu'il est le syndrome de son époque, le genre de film pas prise de tête pour un sou, une oeuvre imparfaite qui vise une approche différente de l'alien, une approche qui change de celle qu'on a l'habitude de voir dans les oeuvres du genre. Ici, le monstre possède un nom qui colle en bouche, un nom pâteux, gelé; un peu comme de la gelée, certes, et j'aime à penser que ce n'est pas une coïncidence. De nos jours, ce monstre tout en caoutchouc pourra paraître ridicule et grotesque, franchement comique, pour ne point dire qu'il manquera d'une certaine crédibilité; à voir la version de Russell, c'est sûr qu'on est loin du monstre visqueux et cauchemardesque. Mais critiquer le film sur un tel point, ce serait oublier son année de sortie en salles : 1958, soit 13 piges après la guerre. C'est pas rien. Entre temps, n'étaient ni sortis Star Wars, ni 2001, ni Alien; c'est tout juste si l'on avait eu droit au Body Snatchers de Siegel. Ouais, fallait pas être trop compliqué avec les effets spéciaux de l'époque, surtout que ceux ci sont franchement impressionnants. Non pas que l'on ait droit au sublime de maquillages de génie, mais le tout impressionne notamment par la gestion des formes et des mouvements de sa créature, crédible malgré ce que l'on pourra en dire; aimant ce genre de productions kitschs des années 50-60, je dois tout de même vous avouer avoir pris un panard pas possible. C'était bon, putain ! Face à la créature en gelée rouge, un Steve McQueen interprétant l'un de ses premiers rôles; imaginez donc ma surprise, moi qui n'avait jamais vu de film avec lui ( oui, je sais, c'est inadmissible ), de tomber sur l'un de ses premiers rôles. Et je dois vous confesser une triste chose : je n'aime guère sa manière de jouer. il manque de charisme, n'est pas assez investi dans son rôle; froid, peu expressif, je m'attendais à quelque chose de largement meilleur. En espérant que le reste de sa carrière ne soit pas à l'image de cette interprétation là. A ses côtés, des têtes peu connues que j'ai de suite oubliées. Au dessus d'eux, une mise en scène dynamique qui manque de personnalité; elle ne s'impose jamais, ne revendique jamais vraiment son statut de pièce fondatrice de l'oeuvre; sans elle, il n'y aurait rien. De même pour l'écriture, qui se perd trop souvent dans des incohérences décevantes, et des facilités scénaristiques de folie ( comme pour le remake, cela se déclenche vers la fin du film ). "Blob", c'est donc, au départ, un film mineur qui n'en finit plus de divertir, à défaut de vraiment convaincre. L'on ne s'ennuiera jamais lors du visionnage, aussi vrai que les défauts s'avèrent tristement présents. Le casting n'est pas bien marquant, mais la créature aura-t-elle au moins le mérite d'impressionner, et l'intrigue de passionner. Un bon petit film de genre sans prétention, une oeuvre honnête comme on aimerait en voir plus souvent.