Pour son premier film de fiction, Casey Affleck confirme tout d'abord qu'il est bien réalisateur , mais ça vole tout de même pas bien haut.
Film post-apo fait avec trois franc six sous, où les femmes sont toutes mortes de la pestes ( le QTB a frappé apprend t' on au passage d' un ancien journal ) . Ainsi, l'univers auquel nous sommes nous conviés se veut assez réaliste, mais les origines de ce monde très proche ne nous sont pas expliquées ( Pourquoi les femmes ? Parce que c 'est comme ça ! ), visant dès le départ à construire un discours allégorique, se dédouanant de toute explication. Ce n'est pas dérangeant, il s'agit simplement pour le réalisateur de nous parler d'un monde hypothétique sans chercher de réelles explications, démarche que je trouve tout à fait honorable. De plus, le film ne sombre jamais dans un certain misérabilisme type : ouille, un monde sans femme, c'est vraiment horrible, et je trouve les retours en arrière - avec Eliizabeth Moss - assez réussis : ils sont d' une grande simplicité, elle destinée à une certaine fatalité et se comportant avec une certaine dignité. De plus, le film n'insiste pas trop sur les qualités du passé, au contraire, nous avons des personnages en pleine nature, Affleck y insufflant possiblement une certaine vision écolo : les mondes post apo sera peut-être un retour à la nature.
Bon c'est bien gentil, mais ça ne dit pas des choses très intéressantes, finalement, à part peut-être, qu'est ce que c'est qu'être un homme ou pas. Le film est sobre, trop même : la mise en scène, sans être déplaisante, est un peu plate, rappelant par moment des pubs Nature et découverte. Elle se compose quasiment de plans fixes, contrastant entre plans d'ensembles sur la nature et plans resserrés sur le père et sa fille.
Au sujet de ces derniers : le film n'est pas vraiment un survival post-apo; il a trait à la relation entre le père et sa fille, la seule fille - supposément - restante au Monde. Et , diantre , c'est ennuyeux au possible ! Déjà, le problème est que je n'ai aucune empathie pour la gamine : les gosses au cinéma c'est délicat à traiter, et disons que la, Affleck rate absolument là où, par exemple, Shyamalan est brillant. Tout simplement, il veut créer une gamine trop mignonne et trop intelligente, mais qui a autant d'émotions qu'une boîte de conserve. Ce qui veut dire qu'on tient presque plus au papa qu'à la fille. Et le film insiste, avec des scènes d' une longueur soporifique !
Dès l' intro , nous avons 10 minutes superflues . Puis cela continue : sur à quel point ils s'aiment, mais aussi que c'est difficile d'élever un gamin, et que les enfants, c'est un peu naïf (mais pas elle... Elle est trop forte), et que c'est un peu tétu etc...
Et, de par le fait, nous avons plein de dialogues entre les deux, assez creux. Et, étant donné que cela correspond à environ 70% du film , bah ... Ne nous mentons pas : ce film est ennuyeux. J' ai faillis m' assoupir , les yeux me piquait .
Après ce long métrage peut rester assez émouvant içi ou là ; surtout à la fin, avec un coup de théatre qui me semble peu crédible mais, passons, nous restons tout de même quelque peu émus et inquiets pour Affleck.
Il y a quelques scènes de tensions, et d'actions car, malgré la tranquillité, les deux personnages sont constamment traqués, avec un petit suspens, une peur de la découverte de la fille, qui est maintenue tout au long de film et qui fonctionne assez bien.
Les scènes où les protagonistes sont pourchassés par d'autres hommes fonctionnent aussi plutôt bien, ne montrant quasiment jamais l'ennemi, comme pour un enfant, qui sait qu'il se passe quelque chose de dangereux, mais ne le voit pas et se met donc à imaginer. Nous sommes placés sous le regard de l'enfant, nous confrontant à ses peurs. Mais ça n'arrive que deux fois dans le film, un film trop long ( je le répète ), qui se repose sur un sujet complexe, qu'il peine à maîtriser, à savoir un père et sa fille. (un peu plus d'Oedipe n'aurait pas été de trop ).
La durée de cette pellicule est de 1H 55 , alors qu' 1 h 25 aurait suffit.
Quant à l'avenir de Casey Affleck derriere la caméra ... Je nourris des doutes ; pour un coup d' essai ,ce n'est pas un coup de maître.
NB : " La route " , en 2009 , sur un thème fort similaire , a fait nettement mieux ...