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Loïck G.
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3,5
Publiée le 5 août 2023
L’industriel qui vient en aide à une association caritative, ça grince obligatoirement dans les rouages , car rien n’est gratuit et il défend l’idée d’une planète sans souci. Ce n’est qu’une parenthèse dans cette histoire de rédemption, mais elle est assez ouverte pour indiquer le ton employé par Paul Schrader pour alerter sur le sort de la planète. Bien secondé dans sa critique écologique par Ethan Hawke, le cinéaste use d’un code très stricte ( on parle de film transcendantal ) pour aller au bout de sa démonstration. Le chemin de croix d’un pasteur presque défroqué, qui pour oublier sa propre histoire ( la mort récente d’un proche ) va tout donner auprès d’un jeune couple en doute sur l’avenir du monde. Un film désespéré peut-être, mais tellement vrai . AVIS BONUS Le scénario, explication de textes par Paul Schrader. Le regard d'un spécialiste du réalisateur : Laurent Vachaud Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
De ne pas voir la trilogie de Paul Shrader dans le bon sens n’est pas gênant puisque seules les thématiques, l’aspect visuel et la caractérisation du personnage principal se répondent mais que les histoires n’ont absolument rien à voir. Après le décevant, singulier et neurasthénique « The Card Counter », second du lot, et avant l’excellent « Master Gardener », dernier à sortir temporellement, « Sur le chemin de la rédemption » (titre français trivial et ridicule du bien plus logique « First Reformed » en version originale) traçait déjà les grandes lignes de cette entreprise artistique lancée par ce réalisateur à la carrière en dent de scie. En effet, Shrader a aussi bien tourné des œuvres cultes (comme « Affliction » par exemple) que des séries B oubliables dont certaines commises avec Nicolas Cage dans ses pires moments... On a donc ici trois récurrences formelles ou de fond avec cette trilogie entamée en 2018 : un homme au passé trouble et ou torturé en personnage principal, l’association de deux thèmes ou sujets aux antipodes l’un de l’autre et un ascétisme volontaire de la mise en scène où tout accessoire ou fioritures est proscrit (sans tomber non plus dans le Dogme95 de Lars Von Trier et consorts).
Dans celui-ci on a donc un ancien aumônier militaire devenu prêtre, divorcé et ayant perdu un enfant, vivant dans une petite paroisse américaine en tant que protagoniste principal. Un homme d’Eglise donc qui va devoir tester sa foi envers Dieu et ses croyances lorsque le suicide d’un activiste écologique et la maladie vont réveiller en lui des sentiments contradictoires. Shrader oppose ou associe, selon le moment et le point de vue, conscience écologique et religion de manière bien plus pertinente et fluide que le faisait « The Card Counter » qui, lui, faisait se répondre tournois de pokers et torture à Guantanamo (!). Mais ce sera « Master Gardener », dont on parlera dans quelques semaines, qui représente le plus abouti et réussi des trois films sur ce versant (et les autres). Ethan Hawke livre une composition intense et forte en prêtre tourmenté et bousculé dans ses convictions les plus intimes. Shrader utilise le format carré qui intensifie le côté très froid de la mise en scène, cependant bien adaptée aux sujets et à l’atmosphère. Des décors aseptisés, une colorimétrie volontairement terne, un accompagnement sonore discret et des plans fixes mais très travaillés rendent « Sur le chemin de la rédemption » très austère. Mais cela sert l’œuvre et le propos. La plupart du temps.
On a droit à une scène de rêverie ou hallucinée également comme dans les deux autres, mais qui s’avère peut-être la moins bonne des trois et dénote du reste. Comme si Shrader testait encore les possibilités de son projet. Quant à la fin, très sibylline, elle s’avère assez frustrante. La tension d’un final magistral retombant avec une conclusion au mieux mielleuse, au pire incompréhensible ou illogique. Les dialogues sont également très poussés et travaillés. On assiste même à de nombreux tunnels d’échanges verbeux rendant « Sur le chemin de la rédemption » par forcément très abordable malgré la puissance de ce dont on parle; ils sont donc le plus souvent passionnants. On s’accordera pour dire que le film est trop long et très plat, peut-être le plus plat des trois, mais pas le moins intéressant. La critique des puissances d’argent négligeant l’écologie et la présence de Dieu dans tout cela est vraiment originale et intéressante mais cela reste du cinéma ténu, pas forcément divertissant tout en étant pleinement assumé.
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On sait que Paul Schrader (connu à ses débuts comme scénariste de Pollack, De Palma et Scorcese), n' a jamais fait mystère de son attirance pour le cinéma européen.
Vraisemblablement inspiré du " journal d'un curé de campagne", roman de Georges Bernanos mis en scène par Robert Bresson, " sur le chemin de la rédemption " (2017) nous donne à voir un pasteur pris dans des tourments intérieurs d'une profondeur extrême.
Réflexion sur la radicalité religieuse et sur la force de l'amour, vu ici comme l'expression de la pulsion de vie, c'est une réussite indéniable de Schrader porté par l'interprétation remarquable de Ethan Hawke.
Si le film n'est pas sorti en salles, mais directement en DVD, cela ne préjuge en rien de ses qualités, mais peut-être de certains passages de la fin du scénario qui recèle des passages hautement polémiques.
Scénariste puis réalisateur reconnu, Paul Schrader a depuis ses débuts fait cohabiter au sein de son œuvre, regard lucide et désenchanté sur la réalité, éloge de la culpabilité et de la rédemption. Le tout quelquefois agrémenté d’un goût pour « le tape-à-l’œil » que lui reprochera souvent la critique. Sous sa plume et derrière sa caméra quelques chefs d’œuvre et grands films ont vu le jour. « Taxi Driver » (1976) et « Raging bull » (1980) dirigés par son ami Martin Scorsese, « Rolling Thunder » (1977) de John Flynn mais aussi « Blue Collar » (1978), « Hardcore »( 1979), « Affliction » (1997) ou dernièrement « The card counter » (2021) qu’il a lui-même dirigés. Sa manière si personnelle d’aborder son art a été très fortement façonnée par son éducation au sein de l’Eglise chrétienne réformée qui, alors qu’il grandissait dans une époque libertaire, lui a inculqué un sens profond de la culpabilité dont il n’a jamais vraiment su ou voulu de départir, y puisant peut-être une part de son inspiration et de son originalité créative. Lors de ses études cinématographiques à UCLA, il s’entiche de réalisateurs comme Robert Bresson , Ingmar Bergman ou Carl Theodor Dreyer dont l’orientation religieuse guidait le choix des sujets qu’ils abordaient, mais aussi leur direction d’acteurs et leur esthétique visuelle et sonore. C’est ainsi que des parallèles osés, mais bien réels car validés par Schrader lui-même, seront dressés entre le parcours du Travis Bickle de « Taxi Driver » et celui-ci du jeune curé d’Ambricourt du « Journal d’un curé de Campagne » (1951) de Bresson. De purs films de genre ont bien sûr balisé la filmographie de Paul Schrader. Mais alors qu’il aborde le dernier versant de sa carrière, il a tenu pour ses deux derniers films dont « Sur le chemin vers la rédemption » qui nous occupe ici, à se laisser aller une nouvelle fois à son tropisme religieux. Ceux qui connaissent le film de Robert Bresson ne pourront que remarquer la volonté de Schrader de mettre ses pas dans l’œuvre de celui qu’il continue de tant admirer (son choix est difficilement contestable). Les personnages occupent globalement la même fonction dans le déroulement d’une intrigue ramassée même si celle-ci a été actualisée et transposée en Amérique. En proie au doute après la mort de son fils, le révérend Ernst Toller, interprété par un Ethan Hawke encore une fois formidable, doit faire face à la même maladie qui emportera le curé d’Ambricourt et choisit comme lui de tenir un journal intime qu’il finira par abandonner. Comme chez Bresson, le révérend s’adresse au spectateur à travers une voix off jamais envahissante ni trop didactique. Comme toujours à l’écriture du scénario, Paul Schrader souligne la lourdeur de l’institution, mais aussi ses liens un peu troubles avec les généreux donateurs qu’il faut bien satisfaire pour pouvoir continuer à exister. Toutes considérations impossibles à sereinement prendre en compte pour le révérend Toller, empêché par l’urgence existentielle et médicale dans laquelle il se trouve. En phase avec son temps, le réalisateur/scénariste introduit opportunément à travers l’un des paroissiens que tente de sauver du désespoir le révérend, la problématique environnementale. Via sa présentation sans détour qui n’est pas sans évoquer le geste ultime de l’écrivain Stefan Zweig (il se suicidera avec son épouse) désespéré face au déroulement du conflit mondial en 1942, Schrader montre à quel point il a mesuré l’extrême gravité de la situation. C’est à travers la relation qui se noue avec la jeune veuve du militant écologiste, interprétée par la très gracile et convaincante Amanda Seyfried, qu’un nouveau doute inattendu s’installe dans l’esprit du révérend pour conduire le film jusqu’à une conclusion qui amoindrit quelque peu la force de son propos, voyant Schrader revenir à son incorrigible goût pour l’épate. Une conclusion qui oblige malgré tout Ethan Hawke à sortir pour la toute dernière scène de la rigueur « bressonienne » à laquelle il s’était astreint avec brio. Un Ethan Hawke désormais mature dont on a peine à recenser les faux-pas au sein d’une filmographie plutôt étoffée. Quant à Paul Schrader, on ne le refera pas et c’est bien le personnage tout entier qu’il faut accepter si l’on veut apprécier pleinement son œuvre
Les thématiques sont très intéressantes, beaucoup d'introspection et des acteurs très justes. Ce petit film passé totalement inaperçu ne restera certainement pas dans les annales mais il a le mérite, heureusement, de se démarquer du cinéma Hollywoodien actuel. Le bas blesse au niveau de la forme, Paul Schrader ne s'est pas particulièrement sublimé, sa mise en scène est très neutre.
Un film contemplatif, trop peut-être. Sur le chemin de la rédemption nous offre de longs plans fixe. Dès les premiers instants on est propulsé dans cette longueur interminable. Même le fond de l'histoire en devient chiant, devenant un sermon écologiste.
Pourtant le film peut se targuer d'avoir de bons acteurs, des dialogues réfléchis et puissants. Mais c'est tout. Si on pense se frotter au début à un drame poignant, on navigue dans des débats douteux avec l'Eglise. Peut-être que ma vision est étriquée, mais ce film ne me parle pas, ces luttes de pouvoir, d'écologie et de "rédemption" n'apportent rien.
Ce n'est pas un divertissement. C'est un appel à la prise de conscience sur l'autodestruction de notre monde. Je n'aime pas ce type de cinéma moralisateur.
Une véritable onde choc. Ce tableau chirurgical peint en 4/3, a la patience des grands. "First Reformed" peut être le tournant attendu, ou le cris sourd absorbé dans l'obscurité infinie. Jamais lors des premières minutes, nous n'aurions pu nous attendre à un tel revirement de situation. Ethan Hawk est magistral, une fois de plus.
Peu nombreux sont les films à atteindre une telle profondeur dans la description de nos conflits individuels les plus intimes. L'écriture, la réalisation et l'interprétation des acteurs : tout est impeccable et concourt à en faire un vrai chef d'oeuvre.
Une plongée très exigeante par sa noirceur et sa densité dans les méandres de psychés humaines troublées voire perdues au premier rang desquelles celle d'un pasteur sur le fil, entre reconstruction et destruction, pris entre ses douleurs, ses démons et ses espoirs. A ce drame intime s'ajoute une réflexion fataliste sur l'écologie ainsi que les corruptions politiciennes, syndromes d'un mal-être généralisé. Ainsi, même l'amour fantasmé ne peur sauver du désespoir. Douloureusement pertinent.
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1,0
Publiée le 15 juillet 2020
Ce film n'est pas un exemple de génie cinématographique. En raison du réalisateur et des références à d'autres films les gens pensent que ce film tombe dans la catégorie génial. Mais non. Le film commence bien mais la fin n'a aucun sens. Si on n'a pas les références des films précédents à quoi bon la fin ?! Le film ou du moins sa fin est un énorme point d'interrogation. Chaque film doit pouvoir être jugé par lui-même et non sur ses références à des œuvres antérieures. C'est une bonne excuse pour beaucoup de scènes pseudo-intellectuelles et prétentieuses. Le réalisateur a joué une énorme blague a tout le monde. Je me suis forcé à finir ce film juste pour voir si ça allait jamais quelque part. First Reformer (non anglais) est un film prétendant présenter des juxtapositions sérieuses dans le monde d'aujourd'hui d'une manière significative et puissante. Mais le film au final n'a pas de sens. Ethan Hawke est merveilleux et si vous êtes parmi ses fan regardez-le. Sinon ne gaspillez pas votre temps à moins que vous ne soyez réceptif a la plaisanterie pseudo-intellectuelle et prétentieuse que ce film représente...
Le sujet est fort mais le film, malgré la prestation d'Ethan Hawke, est longuet. Démarrant de manière intimiste, il devient une espèce de pot-pourri de noirceur et, à trop multiplier les sujets (perte de foi, dépression, écologie, activisme...) ne parle de rien vraiment.
Je viens de découvrir le film sur ocs la'photo la lumière le scénario et la distributions sont impeccables.l sation se situe dans une petite ville américaine .un révérend apparemment éprouvé par sa vie antérieur découvre le quotidien d'un homme de Dieu .il côtoie une population qui bien que provinciale est la base de la pensée américaine.les plans sont remarquable le rythme est lent mais tellement réaliste.ethan hawke est impérial me Mme amande est très crédible.Bref un petit bijou a voir et à conserver. J avais adoré a l époque le film qui se passe à Venise avec hellen mirren et c.walken. un autre bijou fait de lenteurs et de rebondissements cliniquement amenés. (Confort of strangers)
First Reformed, injustement traduit en un "Sur le chemin de la rédemption" qui dépouille le titre de toutes les intentions dont fait preuve le film, est une oeuvre jalonnée de pessimisme et d'inquiétude. Son absence de sortie sur nos grands écrans appuie cette idée de téléfilm un poil mielleux et fataliste. Pourtant il n'en est rien.
Ethan Hawke y incarne avec une tristesse calcifiée, Toller, un aumônier embourbé dans une vie qui ne semble avoir plus rien à lui offrir, aussi bien physiquement que spirituellement. Il est visiblement diminué par une maladie dont on ne connait que les symptômes, urine rouge et vomissements qui ne laissent présager rien de bon, et son visage quasiment dénué d'expressions ne s'illumine plus qu'il joue son rôle de phare dans la vie de ses fidèles ou qu'il s'improvise guide touristique désincarné de sa paroisse pour de rares visiteurs. On pourrait penser que l'écriture du journal personnel dans lequel il s'est lancé cristallise une volonté de laisser un ultime témoignage, une trace. Mais il n'en est rien car très rapidement, Paul Schrader, aussi scénariste de son film, dévoile l'intention de son personnage de brûler ces écrits, marqueur fort de la désolation intérieure d'un homme qui n'attend plus grand chose de la vie.
De ce postulat, c'est un film froid qui se déroule sous nos yeux. L'espoir n'y a que très peu de place mais face à cette ambiance mortifère constante, qu'il s'agisse de constat globaux (le futur de l'humanité face au réchauffement climatique) ou plus intimes, subsiste perpétuellement une légère branche à laquelle se raccrocher dans la chute destructrice de la psyché d'un homme déjà brisé. Elle est identifiable, comme une faible lueur dans une obscurité pesante, mais si éloignée qu'on ne s'y rattache pas. Et ainsi, First Reformed pèse de tout son défaitisme à chacune de ses scènes. Le film évoque avec justesse des sujets d'actualités, sans les porter en étendard en les liant étroitement à une intrigue qui se révélera au fur et à mesure des minutes, presque naturellement, sans effets de style ni présentation aguicheuse. Et lorsque l'image se fait rarement glaçante à travers les corps mutilés, elle ne fait que lever le voile sur l’abdication que l'absence de sens et de réponses peut entraîner.
First Reformed se mâche lentement, attentivement, et les essences de tristesse et de résignation qu'il dépeint ne révèlent leur force qu'à posteriori. Ethan Hawke y est brillant d'incertitudes. Un film qui malgré sa sobriété ne laisse pas indifférent. Seule sa fin, à la fois prévisible et surprenante peut dérouter. Paul Schrader a fait un choix qui peut sembler être le mauvais mais à bien y penser, aussi déroutant qu'il puisse être tant il contraste avec l'ensemble, il n'est que le reflet d'une possibilité dans une apothéose à la mesure du ton général du film.
Une oeuvre pudique et touchante dont l'austérité peut paraître rebutante, d'une tristesse parfois nerveusement drôle, qui sait se faire puissante sur le retour.
Avec "First Reformed" (titre bien mieux que le français très passe-partout), Paul Schrader revient avec du grand cinéma en même temps qu'à ses premières amours avec ce film bressonien désespéré avec pas mal de "Taxi Driver" dans le fond.