Film profond et sublime, en noir et blanc, sorti fin 2018 sur Netflix.
Mexico, 1971, Cleo est une indigène, employée de maison dans une famille de « gringos » dotée de quatre enfants.
C’est « la bonne à tout faire », discrète, docile, serviable et corvéable. Et en même temps, elle fait un peu partie de cette famille, allant jusqu’à partager avec parents et enfants les repas, les soirées télé et les vacances… encore qu’elle reste traitée en toute circonstance comme la domestique qu’elle est.
Bien que de classe sociale, d’origine et de personnalité très différentes, Cléo et la mère de la famille pour laquelle elle travaille ont en commun d’être délaissées : Cléo est abandonnée par son amoureux lorsqu’elle a besoin qu’il s’engage, et la mère de famille est quittée par son mari pour une autre femme. Ces épreuves vont, dans une certaine mesure, rapprocher les deux femmes.
Alfonso Cuaron s’est inspiré de son enfance dans le quartier Colonia ROMA de Mexico pour réaliser ce magnifique film, récompensé notamment par un Lion d’Or à Venise en 2018 et trois Oscars en 2019.
Les thèmes qu’il aborde sont d’une grande profondeur, particulièrement l’ambiguïté de la relation employeur / domestique, la maternité et l’indépendance des femmes.
La réalisation est extrêmement soignée.
Il y a autant de travail sur les premiers plans que sur les seconds plans. Rien n’est laissé au hasard, chaque élément de décor, chaque personnage, chaque détail a été travaillé dans ce film qui comporte plusieurs plans séquence de toute beauté.
Certains diront que ce film est un peu lent, si ce n’est long.
Pour ma part, je l’ai beaucoup aimé.
Et j’ai d’autant plus apprécié le rythme de ce film qu’il m’a permis de savourer ses scènes ultra travaillées, de les interpréter et finalement de réfléchir aux questions posées.
C’est vraiment du beau cinéma, profond et esthétique. Un superbe travail.