David Lynch est un immense cinéaste, certes. C'est aussi un sculpteur et un peintre de génie. "David Lynch The Art Life" raconte une vie où la création se mêle en permanence à l'existence. Il y a de l'agonie dans ces œuvres, pire, une profonde désespérance voire du dégoût. Et pourtant Lynch témoigne d'une enfance heureuse, guidée par l'obsession créatrice. La force du reportage réside dans le fait que, si Lynch évoque à peine son œuvre cinématographique, les productions picturales qu'il présente racontent complètement son cinéma. Ses peintures, même les plus anciennes, et surtout ces tranches d'enfance que l'artiste confie devant un micro immense, contiennent déjà les avenues interminables de "Mulholland Drive", les femmes sanguinolentes et sensuelles de "Twin Peaks" ou "Sailor et Lula", la terreur fantomatique d'"Elephant Man", les obsessions du double et de l'au-delà. Les œuvres cinématographiques de Lynch deviennent presque évidentes, jusqu'aux lapins étranges d'"Inland Empire". Sans vraiment parler de son cinéma, l'artiste déroule des œuvres qui synthétisent son génie. Les auteurs présentent même l'un des ses premiers courts-métrages qui lui a valu une bourse prestigieuse de cinéma. Déjà, dans ce drôle de film, il y a tout le cinéma à venir de Lynch. Ce film est un témoignage vibrant du processus même de création. On regarde avec délectation l'homme étaler les couleurs, répandre l'eau sur les toiles, façonner la matière organique. Le spectateur devient lui-même le créateur de ses œuvres tant la caméra filme l'homme au plus près de ses créations. "David Lynch The Art Life" décevra sans doute les plus grands fans du cinéaste, mais il régalera tous les spectateurs passionnés d'art et de spiritualité.
Très belle découverte d'un personnage complet, torturé, créatif. Les images sont authentiques. Un peu plus de détail sur sa vie de cinéaste aurait complété le biopic à mon avis.
David Lynch est probablement l’un des réalisateurs contemporains les plus marquants. L’univers particulier de ses films laisse une marque indélébile. Qu’on les ait aimés ou détestés, on n’oublie pas « Elephant Man », « Blue Velvet » ou « Mullholand Drive ».
Le documentaire qui lui est consacré le présente sous un jour inattendu. Loin du créateur torturé, on découvre un vieil homme (Lynch est né en 1946) nous raconter, sous un doux soleil californien en compagnie de sa dernière fille (née en 2012 de son quatrième mariage), son enfance épanouie dans l’Amérique du baby boom.
Seconde surprise : c’est moins le David Lynch cinéaste que le David Lynch peintre que le documentaire évoque. L’essentiel des imagées filmées le montre à l’œuvre, dans sa maison de Los Angeles, devant de grandes toiles cauchemardesques où s’expriment ses pulsions refoulées.
Le paradoxe – mais en est-ce vraiment un ? – de David Lynch est d’avoir accouché d’une œuvre cinématographique hallucinée alors qu’il est le rejeton emblématique de l’Amérique heureuse. Des parents unis. Un frère aîné et une sœur cadette. Une enfance dans les vertes prairies de l’Idaho. Un déménagement en Virginie au moment de l’adolescence. Rien que de très classique dans la vie du jeune David Lynch. Est-ce cette normalité abrutissante qu’il a voulu rejeter dans ces films ?
Le documentaire de Jon Nguyen, Rick Barnes et Olivia Neergard-Holm (pourquoi les documentaires sont-il si souvent co-réalisés alors que les œuvres de fiction ne le sont que rarement) est doublement décevant. Il ne nous dit pas grand-chose de l’œuvre picturale de David Lynch, dont quelques rares tableaux sont trop rapidement montrés. Il ne nous dit rien non plus sur son œuvre cinématographique s’arrêtant au début du tournage d’Eraserhead en 1972 alors que le jeune réalisateur a vingt-six ans seulement. Tout au plus nous explique-t-il comment un fou de peinture est passé derrière la caméra (« a moving painting with sound »).
David Lynch : The Art Life est un documentaire qui n’intéressera que les fans du réalisateur de Blue Velvet : il y raconte sa jeunesse et sa vie de jeune adulte jusqu’au tournage d’Eraserhead. Le débit lent de la voix de Lynch et l’absence d’interlocuteur peut facilement lasser le non-adepte du cinéaste mais les fans pourront toutefois s’intéresser aux différentes anecdotes narrées qui montrent que l’individu Lynch est au moins aussi étrange que le cinéaste. David Lynch : The Art Life est donc un film à voir une fois par curiosité pour les cinéphiles mais ne marquera pas l’histoire du documentaire.
À la rencontre de Lynch, l’artiste par excellence. Le film revient principalement sur la carrière de peintre de Lynch qu’il a choisi dans sa jeunesse et qu’il n’a jamais abandonné. Son atelier est à son image : des outils de bricolage, une ambiance solitaire et mystérieuse. C’est là où le documentaire touche particulièrement juste, car il parvient à montrer Lynch dans son élément tel qu’il est. Un artiste total qui vit pour son art et de son art.
A soixante-dix ans David Lynch n’avait pas encore eu de documentaire le présentant. Chose étonnante pour l’un des plus grands cinéastes de l’Histoire du cinéma. Mais Lynch n’est pas que réalisateur, il est aussi artiste peintre-plasticien, dessinateur et musicien. Pendant deux ans et demi, Jon Nguyen, Olivia Neergaard-Holm et Rick Barnes se sont invités chez lui, en particulier dans son atelier où l’homme passe la majeure partie de ses journées. The Art Life ne parle pas du cinéaste, mais de l’homme depuis sa plus tendre enfance jusqu’à son premier film Eraserhead en 1977. Au travers d’images d’archives, de ses œuvres mais surtout d’interviews de Lynch la clope au bec et la coiffure dressée, les trois réalisateurs décrivent son éducation heureuse, sa période un peu plus sombre avec de mauvaises fréquentations, ses souvenirs marquants telle cette nuit où il rencontra une femme nue ensanglantée à la bouche, mais surtout sa rencontre avec Bushnell Keller qui a éveillé en lui sa passion de la peinture. On découvre aussi les conséquences de sa première marijuana, une anecdote au concert de Bob Dylan, le jour où il s’est imaginé un tableau en mouvement avec du son. Le cinéaste se confie sur ses parents, ses amis, sa femme Peggy, ses filles Jennifer et Lula mais aussi sa visite nocturne dans une morgue, son premier film d’animation de trente mètres de pellicule qui ne verra jamais le jour mais dont il ressortira construit pour nous offrir The Alphabet. Bref, David Lynch : The Art Life est un documentaire saisissant et très intime qui nous aide à comprendre les choix artistiques et cinématographiques de cet homme plein de mystères. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44