Adapté du roman éponyme de Nicola Yoon, la réalisatrice Canadienne Stella Meghie propose, avec curiosité, la lecture d’une leçon de vie fondée sur les opportunités. Et autour de ce noyau, on y trouve une romance davantage huilée dans la maturité que la sensibilité. Le tout tend vers un équilibre que tous les teenage movies convoitent, celui du happy-ending clôturant les moments de tensions et d’angoisses que les protagonistes traversent. Sur ce point, on s’écarte légèrement de cette voie en adoptant le récit comme une fantaisie romantique et métaphorique. On nous attire sur le terrain émotionnel afin de mieux appréhender ce que la plupart des personnes portent en eux, une prison au sens propre comme sens large.
Dans cette optique, nous suivons la jeune Maddy (Amandla Stenberg), confinée chez elle du fait de sa vulnérabilité face à l’environnement extérieur. Son métabolisme justifie son cas d’étude particulier où les contacts humains, et donc sociaux, sont limités. Devant cette atmosphère de solitude, où l’on dépeint une routine qui semble convenir à Maddy, acceptant son destin, on prend tout le même soin de répondre par un message des plus explicites. L’amour et fantasme fascine à tout niveau et promet des interprétations vivifiantes sur une histoire de cœur, cherchant à construire une identité mature et objective. La couleur blanche est illustre ainsi l’une de ces figures qui ornent la personnalité de la fille. Elle est très caractéristique de la mentalité de Maddy par conséquent. Symbole de la pureté, la première partie du récit décrit le quotidien millimétré que suit la jeune fille, perdue dans ses livres et sa maison. Pauline, sa mère, occupe également une part importante de sa vie, étant donné qu’elle l’élève seule, avec l’aide extérieur du médecin Carla (Ana de la Reguera). Chacune à leur manière se positionne et Carla complète les idéaux de la mère avec une tendresse, basée sur la confiance. Il s’agit de la chose que Maddy souhaite cueillir auprès de l’instinct maternel et le débat s’accebtue eu fur et à mesure que l’intrigue évolue.
Cependant, l’isolement est traité de façon inadéquate dans le sens où le rêve qu’emprunte Maddy ne semble pas proposer plus que le courage et la curiosité d’agir. Si les risques font parties intégrantes de cette fantaisie romantique, le message de l’auteur est ailleurs. Si l’on commence à peser la crédibilité de l’intrigue, on s’en mordra les doigts pour un rien. Cela n’empêche pas pour autant le récit de mal négocier son instant de réflexion sur la frontière de la liberté et de la responsabilité de soi, avant celle d’autrui. On le comprend assez rapidement lorsqu’Olly (Nick Robinson), le voisin, dont le charisme est rongé par l’écriture trop stéréotypé du personnage. Il parvient alors à établir une relation de confiance avec Maddy et c’est à ce moment que l’on ressent une confusion. Une fois que les émotions prennent le dessus sur tout, il est difficile de juger les véritables motivations de chacun. Si l’on prend la peine d’exposer l’univers utopique de Maddy, où elle y trouve un confort de l’esprit, le message pourrait mal passer car ne prend pas assez de recul sur la situation. Une étude au cas est de rigueur, alors que le film tente de généraliser certains moments libérateurs comme la solution universelle. Il moralise bien évidemment, telle est sa mission, or cette morale manque de profondeur et loupe son twist qui aurait mérité une meilleure exploitation. Au lieu de cela, le dénouement déçoit car elle est trop brusque dans le montage et n’est malheureusement pas assez efficace pour permettre une attache émotionnel forte. Nous constatons, derrière l’écran, où l’empathie est la trahison ne se marient pas bien ensemble…
Pour son premier long-métrage, la réalisatrice propulse « Everything, everything » au stade expérimental. Une aventure proposant tant d’ascension émotionnelle est difficile à tenir à son maximum d’efficacité, certes. Si l’on se permet d’adopter chaque transition dans la vie de Maddy, on arrive à tourner en rond assez facilement. Au-delà d’une romance bien trop calibrée pour surprendre, les choix de vie rendent tout de même justice au récit. Une opportunité demeure pure du moment où l’on ne s’en saisit pas. Il suffit de l’adopter, ne serait-ce qu’un court instant, afin de dégager toutes les passions qui l’accompagnent. Voici le risque dont il est question. On porte de l’intérêt sur les nuisances qu’elles peuvent avoir sur soi avant celle d’autrui. Chaque protagoniste a saisi sa chance et essaye du mieux qu’il peut de conserver son rêve intact, en évitant les pièges de l’enfermement.