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Kurosawa
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2,5
Publiée le 19 juin 2020
Raoul Peck tente de restituer la pensée de James Baldwin en rendant compte dans un montage qui mêle références historiques, autobiographiques et cinématographiques des luttes et des inégalités des afro-américains lors de la deuxième moitié du XXe siècle. Le film réclame une documentation rigoureuse dans la mesure où sont convoqués des personnages importants tels que Martin Luther King, Malcolm X, Medgar Evers, les mouvements qui leur sont rattachés et de manière plus globale la pensée complexe de Baldwin. Il est difficile de tout saisir de "I am not your negro" tant les constats sont nombreux ; toutefois, certains d'entre eux n'échappent pas à un effet de redite et font pencher l'ensemble vers une forme d'académisme. Rapprocher le sort d'un noir de l'indien, c'est en effet pertinent ; pour autant, on peut questionner la soit-disant modernité de cette affirmation. De plus, Raoul Peck prend le risque du raccourci, notamment quand il taxe John Ford de racisme à travers un extrait de "La chevauchée fantastique" : on a le sentiment que c'est moins le film qui est visé que le cinéaste, alors que Ford a fait des films pro-indiens. Sur le plan historique, il y a de quoi se demander ce qu'apportent les scènes où sont sommairement retranscrites le désaccord entre Malcolm X et Martin Luther King tandis que Baldwin lui-même ne tranche pas. Les moments les plus forts du film sont ceux où l'on voit Baldwin à l'écran, sa pensée devenant plus limpide quand elle est concrète. On est impressionné par le débit de l'orateur et par l'articulation claire d'une pensée pessimiste mais en un sens ouverte. Le "nègre" est une projection de l'homme blanc et pour briser cet antagonisme, c'est à ce dernier qu'il revient de s'interroger : pourquoi l'homme blanc a-t-il besoin d'un nègre ? Pourquoi l'a-t-il créé ? Sans réponse, les Etats-Unis seraient destinés à composer encore longtemps avec ces violences.
À l'origine, il y avait un texte d'une trentaine de pages. Pas n'importe quel essai, puisqu'il évoquait trois figures de la lutte pour les droits civiques (Martin Luther King, Malcolm X et Medgar Evers). Pas n'importe quel auteur, la prose étant signée James Baldwin, l'une des voix les plus brillantes du mouvement progressiste aux U.S.A durant les années 60/70. De ces précieuses pistes esquissées, contractant les années de lutte et tentant d'encapsuler l'aura colossale de ses plus illustres défenseurs, le cinéaste (et militant) Raoul Peck tente d'illustrer plus d'un siècle de racisme et de violences à l'encontre de la communauté noire. l Am Not Your Negro est à la hauteur de cette énorme ambition. Peck rend un hommage vibrant à la sagesse de Baldwin au cours de cette odyssée temporelle, qui juxtapose l'acuité de sa pensée aux évènements ayant émaillé le combat. Les trois grands noms qui ont marqué de leurs empreintes ou de leurs tessitures sont montrés comme les représentants d'une révolte qui a pris différentes mouvances avec le temps. Mais ils ne supplantent pas les destins individuels tout aussi porteurs de sens, à l'instar de l'étudiante Dorothy Counts, la dramaturge Lorraine Hansberry ou l'acteur Harry Belafonte. Puis évidemment, celui de James Baldwin, un individu parmi tant d'autres qui a su exprimer toutes les émotions d'un peuple sans jamais sombrer dans les extrêmes (et Dieu sait qu'il en avait des raisons). L'intelligence du dispositif est décuplée quand la narration entrechoque voyage dans le passé et retour vers le futur. L'effet est saisissant, terrifiant même. À mesure que les noms de victimes récentes défilent sur l'écran (Trayvon Martin, Eric Garner, Michael Brown,...) on mesure la valeur des réflexions de l'écrivain décédé en 1987. Les temps ne s'arrête peut-être jamais d'aller de l'avant, mais les avancées pour la communauté afro-américaine demeurent timides. À contrario d'une récupération culturelle opportuniste ou d'assimilation politique qui ne masque pas la frilosité du système à se remettre en cause. Le génie de James Baldwin n'est pas tant d'avoir mis des mots sur le passé que sur le présent. C'est à la fois remarquable et effrayant.
Ce documentaire diffusé sur Arte récemment est sorti en salles le 10 mai dernier. Par la voix de l’écrivain américain James Baldwin, le réalisateur interroge la violence faite aux Noirs depuis toujours. Peu connu en France (alors même qu’il y passa une grande partie de sa vie et qu’il y mourut en 1987, dans sa maison de Saint-Paul-de-Vence) cet humaniste magnifique au talent d’orateur exceptionnel, s’est fait le porte-parole de la cause noire dans son pays où il a combattu sans relâche les injustices à l’égard de sa communauté. Aux côtés de ses frères de combat (Medgar Evers, Malcom X et Martin Luther King) qu’il a tous enterrés, ce poète sensible a dézingué les préjugés avec une constance et une détermination aussi implacables que fut sa pensée, lumineuse et incontestable. À base de documents tous plus stupéfiants les uns que les autres (archives, extraits de films et interviews), Peck fait le parallèle entre la réalité décrite par Baldwin dans les années 60 et celle constatée aujourd’hui. Très sobrement commentées par Samuel L. Jackson (Joey Starr en VF), les images, malgré un montage un brin confus, foudroient : l’Amérique blanche, malgré l’inscription des droits civiques des Noirs dans la Constitution, n’a guère fait de progrès et les Afro-américains sont toujours une minorité opprimée. « J’imagine qu’une des raisons pour lesquelles les gens s’accrochent à leurs haines avec tellement d’obstination, écrivait Baldwin, est qu’ils sentent qu’une fois la haine partie, ils devront affronter leurs souffrances. » Une explication glaçante pour tenter de comprendre l’expression la plus ignominieuse de la bêtise humaine : le racisme. Un film nécessaire et passionnant.
"L'histoire des Noirs, c'est l'histoire des américains et ce n'est pas une belle histoire ...". Rien n'est plus paradoxal pour une Nation que de se revendiquer libre alors qu'en réalité elle ne l'est pas. Un très beau documentaire narré par l'auteur James Baldwin et qui résume les luttes sociales et raciales afro-américaines des dernières décennies à travers ses trois figures emblématiques (Medgar Evers, Malcolm X et Martin Luther King). Ce film, très esthétique sur la forme, au montage dense est basé sur des images d'archives, interviews, mais aussi de nombreux extraits de classiques hollywoodiens ... Superbe !
Une oeuvre exceptionnelle, extrêmement bien documentée, qui retrace le parcours des Noirs contre l'Amérique raciste. Un rappel que les choses n'ont pas beaucoup évolué ces dernières années.
En 1979, l'intellectuel noir américain James Baldwin (1924-1987) a commencé l'écriture d'un livre qu'il n'a jamais achevé. "Remember This House" raconte la lutte de trois de ses cadets, morts assassinés avant quarante ans : le leader des "Black Panthers" Malcom X (1925-1964), le militant pour les droits civiques Martin Luther King (1929-1968), le membre de la NAACP Medgar Evers (1925-1963). Le réalisateur haïtien Raoul Peck le met en images et lui donne la voix, belle et grave, de Samuel Jackson (Joey Starr dans la version française).
Deux idées forces traversent son documentaire diffusé fin avril sur Arte avant de sortir deux semaines plus tard au cinéma. La première est de faire résonner le passé et le présent. En entrelaçant des images d'archives et des images d'actualité, Raoul Peck veut montrer que les combats d'hier sont toujours d'actualité. Le mouvement "Black Lives Matter" lancé en 2013 résonne avec la lutte pour l'émancipation des Noirs menée par la NAACP dans les années 60 ; les violences policières dont étaient hier victimes les Noirs sont toujours de mise aujourd'hui (la mort de Eric Garner en 2014 ("I can't breathe"), celle de Michael Brown la même année à Ferguson).
La seconde idée force est peut-être la plus stimulante. Elle consiste à replacer la question noire au centre de l'histoire sociale américaine, à refuser qu'elle n'en constitue qu'un appendice désagréable. Pour le dire autrement, Baldwin soutient que le WASP protestant n'existe que dans la négation du Noir : négation qui prenait hier la forme de l'esclavage, qui prit ensuite celle de la ségrégation, qui prend aujourd'hui celle plus insidieuse de la relégation géographique (les ghettos noirs) et culturels (la culture noire).
L’œuvre de Baldwin est un cri. Un cri contre l'injustice qui est faite aux Noirs d'Amérique. Un cri contre leur assignation à une condition dévalorisante. Un cri dont il raconte comment il est monté dans sa gorge lorsqu'encore enfant il découvrit qu'il n'était pas blanc dans une société où il allait de soi de l'être.
un documentaire avec des images inédites tres fortes sur un sujet très fort. pourquoi les noirs ont mis longtemps a être considérés. un commentaire exception et superbement bien dit par Joe Star, un film nécessaire pour comprendre l'Amérique telle qu'elle était et peut être qu'elle est encore dans certains états.
Documentaire coup de poing sur l'exclusion sociale des noirs aux États-Unis à travers les récits philosophiques de James Baldwin, intellectuel noir américain. Les images d'archives d'actualités s'entremêlent avec des extraits de films hollywoodiens dans un desordre chronologique, ce qui montre bien que le sujet est malheureusement intemporel. Parfois le récit est peu accessible et m'a un peu perdu dans ses analyses philosophiques. Le sujet reste fort et l'amertume saisissante.
Voici un excellent documentaire par lequel il est admirablement raconter ce racisme qui persiste ente le blanc et le noir qui fait qu'il est difficile de penser qu'il pourrait finir par être une histoire ancienne qui ne pourra que nous faire bien rire. Tout y est décrit de façon juste et équitable, il faut absolument le voir!
Cet excellent documentaire de Raoul Peck revient avec grandeur sur la condition des Afro-Américains et leur lutte pour les droits civiques et contre la haine raciale en se basant sur un manuscrit inachevé de James Baldwin. Je ne connaissais cet écrivain et j’ai été séduit par sa personnalité aussi bien que par la justesse et la portée de ses propos, notamment lors de ses interventions/interviews télévisés. Un bémol toutefois, ses écrits sont dits, dans sa version française, par Joey Starr dont la diction manque parfois de clarté.
Sélectionné aux Oscars 2017, ce magnifique documentaire sublime la prose de James Baldwin autant qu'il met en lumière la vie de cet auteur noir américain trop peu connu, compagnon de route de Medgar Evers, Malcolm X et Martin Luther King. En résulte un film d'une très grande poésie, très politique aussi, superbe réflexion sur la condition des Noirs aux États-Unis et, par un jeu de miroir, critique acerbe de la société américaine empreinte de marxisme. Puissant et stimulant.
J’ai trouvé ce documentaire très bon et surtout extrêmement instructif. Je ne connaissais pas du tout James Baldwin et son combat est beau à voir. On va nous montrer beaucoup d’images d’archives, dont certaines inédites, qui mettent en valeur sa philosophie et sa lutte. Les propos tenus sont pertinents et fondent réfléchir sur le fond du problème. J’ai apprécié cette analyse. On n’est pas juste spectateur de fait, on nous aide à les comprendre. L’époque était propice avec Medgar Evers, Malcolm X, et Martin Luther King. On ne va pas rentrer dans les détails, mais une explication sur leurs différentes manières de voir le problème va être abordée. Un très bon résumé pour ceux qui ne connaissent pas, et qui peuvent donner des idées pour une plus grande exploration. Le rythme est assez lent car on prend le temps développer chaque idée. Il faut faire attention de bien suivre la chronologie car ce n’est pas toujours évident. Les parties narrations sont capitales car elle axe l’avancement. Malheureusement, je n’ai pas du tout accroché avec le choix de Joey Starr pour la version française. J’aurais préféré tomber sur la VO avec Samuel L. Jackson. C’était réellement le petit caillou dans la chaussure pour apprécier comme il se doit le documentaire.
Quoi rajouter à ce documentaire ? Que dire de plus dans une chronique sur le discours explicite de James Baldwin ! J'ai visionné la VO avec la voix de Samuel Lee Jackson. Les quelques extraits que j'ai entendu avec la voix de Joey Starr, ne m'avait pas vraiment convaincu. Pourtant bon choix sur le papier , mais ratage car il y a 2 prise de la VF pour raison technique et la seconde a été retenu malgré la voix et les conditions d'enregistrement, dommage . James Baldwin exprime la vision du monde au travers ses yeux de "negre"! Et elle est terrible de lucidité de clairvoyance et de prémonition 40 ans avant ce jour! Sur ce sujet complexe James Baldwin apporte des arguments simple et clair. Il m'a semblé assez rare d'entendre de comprendre des écrits et discours de manière aussi simple. Surtout sa capacité à transmettre à moi spectateurs de couleurs blanche toute la tragédie de l'existence du peuple nègre nord américain ! Inutile de vous le dire la transposition vers nos "nègre" à nous Européen nous explose à la figure! Raoul Peck apporte une lecture tres actuelle des proposé de JB et le montage sa créativité est à la hauteur de fond .... Et c'est atterrant de constater le conservatisme de la classe blanche dominante avec même un President Barack Obama... Encore plus avec un Donald Trump et sa courte vue du monde et des situations des ses concitoyens. Donc magistrale ! Ps: Je recommande le hors série du point "comprendre l'autre" les textes fondamentaux commentés . Il complète, structure la compréhension sociologique ethnologique du monde . Il n'y a pas de peuple primitif, il y a des peuples des modes de pensées différentes qui ne sont pas à hiérarchiser les uns par rapport aux autres.
Raoul Peck nous en met plein la vue et les oreilles et signe là un docu essentiel. Plein la vue en nous exposant, par thématiques abordées en chapitres, la vision de James Baldwin sur son pays si... haimé qu'il l'a fui une bonne partie de sa vie pour tenir la peur à distance. Peck nous livre donc, en l'illustrant magistralement, la vision dont Baldwin, intellectuel noir et homo assumé, avait commencé à faire à la fin de sa vie un livre qu'il n'a pas eu le temps de finir. Vision sans concession, pointue comme le stylet d'un graveur visionnaire extra-lucide, vision amère-amour, chargée à bloc d'émotion contenue et maîtrisée, exprimée en mots précis qui font mouche au fil de l'histoire des 3M (M.Evers, Malcom.X et M.L.King qui marquèrent à en mourir la lutte pour l'égalité raciale)... Oui le blanc a peur du noir qu'il a asservi et c'est sa peur inavouée, refoulée, qui sous-tend sa violence, autant d'ailleurs que son négationnisme (la nation des rois du monde se croit l'exemple de la démocratie mais elle tolère des svastikas brandies par de jeunes blancs conspuant leurs concitoyens noirs manifestants dans les années 60/70). Entre les noirs-et-blancs parfois jaillissent, comme des éclairs d'espérance trop brefs, des séquences d'images colorées souvent flashies, symboles outranciers du consumérisme narcotique à mesure qu'on s'avance vers le présent, jusqu'à Obama, le dernier des espoirs déçus ... Oui l'homme noir autant que l'homme blanc a produit les USA, il a sa place à la table du partage, oui il doit peser sur le bilan. Enfin bref, ces évidences vont de soi mais ça fait pas de mal de se les entendre répéter, quitte à frémir d'indignation au spectacle régulier des exactions policières ou, à la fin du docu, à une ballade des pendus pas vraiment subliminale...
Plein la vue, donc, et plein les oreilles grâce à une bande son au cordeau où le blues des origines colle à l'image comme pour un duo de sorcellerie, ponctuant de loin en loin la diction de Joe Star pour la version française...
Un seul petit regret pour moi, qui ne suis pas assez anglophone mais suffisamment pour comprendre des morceaux de texte écrit : le défilement des sous-titres, rapide et collant bien au phrasé, me rendait indécis et j'essayais trop souvent de lire le texte original en écoutant la traduction que nous en disait J.Star, gymnastique dont j'aurais dû me dispenser pour mieux profiter de la musique des mots français, fort bien choisis. Mais je ne m'en prends qu'à moi-même, ça n'enlève rien à la puissance intrinsèque globale de ce moment d'intensité à la fin duquel ne me venait qu'un mot : Bravo !
touchant, tragique, plein de lyrisme, de vérité et de force, remarquable. Une œuvre sincère et concernée, et douloureuse, qui marque durablement et dont les mots résonnent longtemps après la projection.