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Roman G.
19 abonnés
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5,0
Publiée le 20 mai 2017
Un documentaire indispensable pour mieux comprendre, voir découvrir tant d'années de luttes pour simplement être vu, intégrer en tant qu'hommes, en tant que femmes. Un documentaire des témoignages d'hier pour mieux écrire demain ...
La magnifique voix de Samuel L. Jackson récitant un texte de James Baldwin parmi les multiples images d'archives et extraits de films en dit très long sur les générations de Noirs sacrifiés mais aussi sur la haine irrationnelle. Grace à son montage particulièrement minutieux, le film de Raoul Peck soulève les questions les plus essentielles, comme la détestation de l'autre pour la seule et unique raison qu'il est noir de peau, un rejet qui a forcé des millions de citoyens américains à vivre sans identité parce que noirs nés dans un pays - d'immigration pourtant - qui s'est décrété blanc. N'oublions jamais.
[Notes : je ne comprend pas pourquoi ma critique est modérée : elle ne comprend aucun propos révisionniste ! ce serait un comble] Un documentaire sur l'histoire de la négritude aux US à travers les témoignages de Medgar Evers, Martin Luther King, Malcolm X et l'éloquent James Baldwin également narrateur. Celui-ci étant mort c'est Morgan freeman qui se charge de lire ses écrits. La narration très littéraire est originale mais également exigeante. Elle rend le propos moins accessible aux masses ce qui est paradoxal pour un documentaire dont le thème est la lutte contre les inégalités. J'avoue avoir été un peu paumé en début de documentaire cherchant à intégrer le contexte, les idées articulées, les images et la voix off. Le tout en VO. De ma position de spectateur semi éduqué j'ai aussi ressenti beaucoup de prétention et d'emphase dans la voix du narrateur. A moins que mon jugement ne soit basé sur la personne qui l'exprime. On remet forcément en cause ses certitudes en regardant un documentaire pareil. Le montage est souvent inspiré, par exemple lors de l'expression par Malcolm X de la violence (longtemps niée) dont souffre sa communauté. Son besoin de la verbaliser et de la traduire en actions est illustrée avec les manifestations de Ferguson... 50ans plus tard. Le documentaire brasse beaucoup d'éléments : spoiler: les clips montrent des manifestants avec pancartes white power et des policiers qui brutalisent sans vergogne devant caméra. La construction d'une histoire fantasmée de la création de l'amérique : le massacre d'indiens premiers occupants de leur terre est transformés en une "conquête de l'ouest" héroïque. Le cinéma qui reflète et renforce le rapport de soumission entre "race". La scène dans laquelle Malcolm X dénonce la position de soumission adoptée par la communauté noire depuis des siècles. Il met en cause l'influence de la pensée chrétienne qui enjoint à tendre l'autre joue lorsque l'on se fait frapper. Il s'oppose ainsi à la résistance sans violence prônée par Martin Luther King "MLK is just a 20th century modern Uncle Tom". La condition des noirs est le résultat du racisme d'une partie de la population mais aussi de l'ignorance de ce qu'est la vie d'un noir par ceux dont le jugement ne semble pas biaisé par les préjugés. Il l'est aussi car c'est le prix de la ségrégation : l'ignorance de la réalité d'Harlem, de l'autre coté du périph. La réponse de Kennedy lorsqu'on lui demande que la première noire à intégrer une école soit accompagnée par un représentant de l'Etat, un policier. Cet engagement moral qui symbolise que ceux qui crachent sur cette enfant crache aussi sur l'Etat ne sera jamais donné, Kennedy la qualifiant d'un "meaningless moral gesture". La haine du noir pour le blanc basée sur la rage et la volonté de l'écarter de son chemin tandis que celle du blanc est basée sur la peur. "We have a 100years debt to pay." Nous avons une capacité limitée à accepter la réalité et la TV a une fonction de réassurerance en nous présentant une réalité fantasmée. Elle affaiblit aussi notre capacité à être témoin du monde tel qu'il est vraiment. La thèse du narrateur veut qu'en 1960 un homme noir est en danger de mort à chaque fois qu'il marche seul dans une rue et croise un blanc ou même un policier. Qu'une jeune fille blanche est plus en sécurité dans les rues la nuit, seule plutôt qu'accompagné d'un noir. Le moment dans lequel les USA sont le plus ségrégationné est à l'heure de la messe le dimanche car il existe une chapelle pour les blancs et une chapelle pour les noirs. Qu'est ce que cela dit sur ce pays prétendument chrétien ? J'ai été plusieurs fois choqué par la binéralité des discours blanc VS noir et moins convaincu par la fin qui n'offre aucune solution et se perd même dans des élans lyriques convenus : "nous n'avons pas besoin de chiffre mais de passion", "Les gens qui disent prendre la cause des noirs à cœur ne pensent vraiment qu'à leur profit" (avec un background sur les chiffres du nasdak). Difficile aussi de souscrire à l'analyse selon laquelle les américains (encore une fois on parle d'un ensemble sans nuance) ne sont pas conscient des limites du modèle de l'American way of life. L'objectif professé en conclusion est en tout cas atteint : "nothing can be changed until it is faced". Dommage toutefois de ne pas être allé plus loin.
Bravo, félicitations au réalisateur, c'est magistralement mise en scène, magistralement interprété. Comme film de genre qui réussi à dire des choses très fortes sur le plan politique aux États-Unis le film est très réussi, à voir absolument.
Documentaire brillant, fort et bouleversant, réquisitoire contre le déni blanc américain face au racisme mais aussi appel à la fraternité. Je retiendrai cette citation de James Baldwin qui résume ce film de haute volée :« L'histoire des USA, c'est l'histoire des Noirs, et ce n'est pas une belle histoire. » Et documentaire inquiétant car s'il y a eu des progrès indéniables contre le racisme, n'y a-t-il pas les prémices d'une régression ?
Il ne constitue pas à proprement parler un tableau du racisme aux USA (comme je l'imaginais un peu benoîtement en ayant survolé la presse), mais un voyage à l'intérieur de la pensée d'un écrivain, James Baldwin.
La bande-son est constituée de lecture d'extraits d'ouvrages de ce dernier, et du coup, le film oscille en permanence entre plusieurs pôles : la biographie de Baldwin (son séjour à Paris, son enfance, ses rencontres), ses pensées à propos de la société américaine (avec des fulgurances qui laissent parfois pantois) et des apports historiques, souvent glaçants.
La mise en scène de Raoul Peck est très maîtrisée, recherchée, mais ne contribue pas à simplifier le propos. Au final, on est souvent désarçonné par ce que l'on voit et entend, parfois sidéré, et rarement ému.
A défaut d'être vraiment captivante, l'expérience reste enrichissante et me laisse dans la bouche un arrière-goût prononcé de pessimisme quant à l'avenir de la société américaine. Rien ne semble avoir vraiment évolué depuis l'époque où Baldwin s'exprimait, et l'époque Obama apparaît aujourd'hui comme une parenthèse incongrue.
A voir en cas d'ambiance intellectuelle émolliente nécessitant une stimulation ponctuelle.
« J’en sais plus sur vous que vous sur moi, car vous n’avez jamais eu à me regarder, moi j’ai dû le faire, j’ai cet avantage… ». C’est en voix off que Samuel L. Jackson prête son talent aux paroles de l'écrivain noir américain James Baldwin, dont les écrits trouvent ici une illustration puissante à travers le documentaire de Raoul Peck. L'autre Histoire de l'Amérique. Une véritable déflagration qui chamboule très intelligemment les images d’archives, les nombreux extraits de films (dont beaucoup de westerns) et de la télévision, et les prises de paroles des témoins de l’époque (« un geste moral futile… » dira Ro bert Kennedy quand on lui demande d’intervenir). Si ce documentaire passionnant et édifiant dénonce ce que l’on savait déjà, il nous rappelle surtout que rien n’est jamais acquis dans bien des domaines et particulièrement ceux de la tolérance, du respect et de la dignité. Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
Un film passionnant et indispensable où le travail de documentariste de Raoul Peck est à la hauteur de la plume de James Baldwin. Malgré les deux mandats d'Obama, malgré la fin de la ségrégation, on se dit que bien peu de choses ont changé au pays de l'oncle Sam. Cela fait mal mais ce mal est nécessaire : à voir séance tenante !
Un documentaire intéressant même si, malheureusement, il ne nous apprend pas grand chose que l'on ne sache déjà. On est surpris par le ton monocorde adopté par Joey Starr : au point que, pendant tout le film, j'ai cru que la voix off était celle de Jean Claude Ameisen.
A travers les écrits de James Baldwin, illustrés par des images d’archives saisissantes, un retour percutant sur la lutte pour les droits civiques des Afro-Américains au XXe siècle.
L'année 2017 fut chargée pour Raoul Peck avec la fiction "Le jeune Karl Marx" et ce documentaire. Deux oeuvres, si l'on peut dire, complémentaires l'une de l'autre. Pour cette seconde oeuvre nommée à l'oscar du meilleur documentaire, le cinéaste a l'ingénieuse idée de se baser exclusivement sur les écrits de James Baldwin afin de traiter son sujet. En une heure trente, le cinéaste va à l'essentiel. Son message est juste, millimétré et efficace. Le film comporte des images d'archives de première main et se sert généreusement du cinéma en tant que support d'analyse, ce qui ravira les amoureux du septième art. Mais à la manière de "Le Chagrin et la Pitié" en son temps, ce film témoigne d'une réelle inventivité du genre documentaire. Ainsi Peck a l'astucieuse idée de mélanger les écrits de Baldwin avec des images d'aujourd'hui. Dès lors, par cette technique il atteint son but ultime : faire comprendre à quel point son propos demeure d'actualité.
Indispensable doc qui analyse le racisme en confrontant la réflexion de James Baldwin, écrivain et activiste, au cinéma américain.
Un film clair et brillant qui nous rappel que le réel n'est qu'un mot; la réalité a toujours pour structure la fiction. Continuer à travailler sur l'informulé, passer de l'ignorance obscure à la vérité lumineuse, c'est un peu le projet depuis la nuit des temps pour notre espèce. Une vraie dialectique à la star wars, à l'origine platonicienne et par delà bien et mal. Mais ce travail est teinté d'un manichéisme puritain loin de la sagesse de l'antiquité. Le film s'interroge: est-ce qu'on ne rejouerait pas ce duel absurde entre Caucasiens (blanc, pur, donc a fond dans son bon droit ethnocentré, bref on connait ces saloperies de race élue) et Afro, l'incarnation de l'autre, de la difference, de l'inconnu, bref de son double (Diabolo, en latin, ça vous rappelle quelque chose?). Raoul Peck fait un travail de fond captivant en débroussaillant un thème difficile et rebattu en nous tendant le mirroir du cinéma, et c'est un coup de poker réussi. Violence symbolique, domination de classe, analyse de films, sans jamais tomber dans le doc pédago universitaire conçu pour impressionner à peine trois collègues surdiplomés à la Sorbonne, petite plongée dans la mauvaise conscience socio-culturelle fondatrice occidentale.
Trouver le courage de " Nuire à sa bêtise", comme disait Nietzsche à propos de la philosophie...avec Baldwin aux commandes, on est invité comme rarement à se remettre en question, et à réaliser que nos préjugés les plus dangeureux sont ceux que dont nous n'avons même pas encore conscience nous-même. Ce serait trop facile ma pov lulu.
Un voyage humaniste passionnant, une vraie joie de cinéphile.
Ce documentaire puissant traite du racisme ordinaire, historique , qui mine viscéralement une partie des Etats-Unis. L'élection de Obama n'était -elle qu'un arbre qui cache la forêt? Vous ne connaissez pas James Baldwin? - comme moi jusqu'ici. Voilà l'occasion de vous rattraper. Une pensée puissante, pénétrante, qui s'est forgée des convictions, car l'homme qui écrit a été confronté à la violence contre les nègres dès son plus jeune âge et a connu les émeutes de l'époque des sixties, quand disparaissaient sous les balles Martin Luther King ou Malcom X. Raoul Peck, haïtien d'origine, met son talent pour donner force et vivacité aux écrits de Baldwin, avec la voix off de Joey Starr dans la version française, dont la voix saccadée et hargneuse colle parfaitement à la situation. Baldwin a ensuite émigré et fini sa vie en France, et pose des questions sous un angle inattendu. Pourquoi le pouvoir blanc, qui a su rayer les indiens du territoire des USA, garde-t-il des nègres à coté de lui? Qui sont là depuis 400 ans, donc aussi légitimes que les hommes blancs dans ce, somme toute, jeune pays. "Il n'y a pas de problème noir, mais un problème américain" nous dit-il en substance. Peck fait ici un documentaire certes, mais s'autorise à épouser l'engagement politique de son personnage, à souligner son intelligence, sa répartie, son art oratoire. Il donne vie à un livre embryonnaire que Balwin n'avait jamais pu terminer...car porteur d'événements trop douloureux à revivre. A découvrir absolument alors que le 45 ème président de USA, élu démocratiquement continue son travail de retour en arrière. TV1 - octobre 2018