Aux commandes de Captive State, nous retrouvons le Britannique Rupert Wyatt, à qui l'on doit le blockbuster La Planète des singes : les origines, mais aussi le méconnu thriller The Gambler emmené par un Mark Wahlberg méconnaissable. Le réalisateur a écrit le scénario de ce thriller d'action avec sa compagne, Erica Beeney. Il explique : "Je voulais créer un univers complet, une réalité cohérente. L’histoire se déroule plusieurs années dans le futur. J’ai donc dû imaginer l’évolution de notre monde entre l’invasion, qui a eu lieu aux environs de 2016, et le début de l’histoire. Je suis parti de ce qui se passe aujourd’hui à plusieurs niveaux – social, politique, environnemental – et j’ai exacerbé ces problématiques. Je voulais créer un monde très réel auquel les gens pourraient encore s’identifier, une société dans laquelle nous serions privés de nos droits civiques et où les progrès technologiques ont régressé."
Le personnage principal de Captive State est joué par un certain Ashton Sanders, qui s'est fait remarquer via l'oscarisé Moonlight dans la peau du protagoniste principal lorsqu'il est adolescent. Le jeune comédien né en Californie incarnait aussi un jeune que Denzel Washington prend sous son aile dans le récent Equalizer 2.
Pour son scénario original, Rupert Wyatt s’est inspiré des travaux de deux célèbres cinéastes européens : le Français Jean-Pierre Melville et l’Italien Gillo Pontecorvo. Il déclare : "Jean-Pierre Melville est l’un de mes cinéastes préférés. Il a été membre de la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale et pendant toute sa carrière, il a voulu raconter des histoires de contestation et de lutte contre une puissance occupante. L’Armée des ombres est un film centré sur les personnages, une oeuvre extraordinaire. Il représente à bien des égards la quintessence du cinéma français classique, mais il est tourné comme un film noir. Il a été une grande source d’inspiration, tout comme La Bataille d'Alger."
Captive State se déroule et a été tourné à Chicago. Rupert Wyatt connaît bien cette ville puisqu'il y a réalisé le pilote de la série L’Exorciste. Le cinéaste et son équipe ont tourné neuf semaines à Chicago, à l’automne 2017. Il explique :
"D’après moi, c’est LA grande ville américaine par excellence. Elle est extrêmement représentative et c’est la raison pour laquelle il était logique de placer ce qui est en fin de compte une histoire mondiale à bien des égards dans cette ville à l’environnement très vertical avec tous ses gratte-ciels. C’est une ville à l’échelle impressionnante qui abrite pourtant des communautés et des quartiers dans un environnement très dense, très surchargé. Nous avons tourné partout ! Dans le centre-ville, dans l’immeuble du Chicago Tribune, le long de la rivière Chicago, sur les rives du lac Michigan et au Soldier Field, le stade de football américain de la ville, foyer des Chicago Bears. Notre histoire se déroule principalement dans le quartier populaire et ouvrier de Pilsen."
Le chef décorateur Keith Cunningham et son équipe ont voulu représenter les extraterrestres de la manière la plus concrète possible, même s’il y a évidemment beaucoup d’images de synthèse. Le défi principal consistait à concevoir une espèce venue d’un autre monde que l’on n’avait jamais vue auparavant, et de rendre ces êtres intéressants. Le maquilleur Gregory Nicotero déclare : "Nous voulions nous éloigner de l’anatomie humaine en allongeant l’arrière de la tête ainsi que les bras et les jambes, tout en redessinant la zone des épaules. Nous avons créé des casques qui imitent l’aspect d’une ‘plaque de recouvrement’ métallique reliés à un appareil respiratoire et de petits ‘yeux’ à lentilles pour apporter une sensation humanoïde globale. Les casques étaient fixés très haut sur la tête de chaque acteur pour allonger le cou et modifier au maximum la silhouette."
Le célèbre comédien à la carrure imposante John Goodman (qui a déjà eu sa dose d'aliens dans 10 Cloverfield Lane et Valerian et la Cité des mille planètes) retrouve le réalisateur Rupert Wyatt qui l'avait dirigé dans The Gambler, où il jouait un gangster chevronné.
Les costumes recouvraient tout le corps des sept acteurs jouant les extraterrestres chasseurs, et il fallait entre 20 et 30 minutes pour les habiller. Ils ont été sculptés sur le corps de Carey Jones, le superviseur de la création des créatures – qui a d’ailleurs interprété le chef des chasseurs dans le film. Collaborateur de longue date de KNB EFX, la société de Gregory Nicotero, il a notamment remporté un Emmy Award pour son travail sur un épisode de The Walking Dead en 2012. Nicotero raconte :
"Les sous-vêtements, les coussinets et l’équipement de protection ont été incorporés dans le corps sculpté tandis que les détails des mains allongées, des épaules, des plaques situées sur la poitrine et le dos et de la ceinture ont été sculptés et moulés pour être ajoutés après coup en plastique dur. Nous avons également vieilli et patiné les costumes pour illustrer leur usure consécutive aux longues années de combats. Pour donner une apparence unique à ces créatures, nous avons ajouté une dernière modification à leur costume : des ‘trophées’ récupérés au cours de leurs différentes batailles qui peuvent être des objets de tous les jours comme des panneaux de signalisation, des indicateurs de haute tension, des masques à gaz militaires ou des turbans du Moyen-Orient."
Pour habiller les personnages humains de Captive State, la chef costumière Abby O’Sullivan a puisé son inspiration dans le style urbain des années 1970, que l’on voit par exemple dans Mean Streets de Martin Scorsese. C’est un look urbain qui plonge le spectateur dans une atmosphère moite qui frise la claustrophobie. Abby O’Sullivan confie s’être également inspirée de deux films bien connus : le long métrage brésilien La Cité de Dieu et La Haine de Matthieu Kassovitz. La chef costumière précise : "On retrouve beaucoup de points communs avec La Haine dans notre histoire. C’est un très grand film en noir et blanc qui m’a aussi énormément inspirée. Au cours de mes recherches, je me suis attachée à examiner ce qui se passe après une occupation, ce qui dure, ce qui ne dure pas, etc. J’ai étudié la mode pendant longtemps, alors je savais vraiment dans quelle direction je voulais aller avec les vêtements."