Le réalisateur de « La Planète des singes : Les Origines », un sujet plutôt porteur, un bon sujet de science-fiction (les extraterrestres ont pris possession de la Terre où la grande majorité des humains collaborent, seule la Résistance, traquée, tente de s'y opposer), quelques beaux noms au casting... Hélas, d'emblée le malaise s'installe. Dépourvu de tout contexte, ne s'inscrivant dans rien de précis, je me suis immédiatement senti perdu et totalement laissé de côté par cette « acte de bravoure » où l'on ne comprend rien la majeure partie du temps, nous obligeant à restituer ce que nous avons vu pour piger les grandes lignes. Cela est aussi dû à une écriture sans ampleur, mais surtout des personnages non seulement interprétés sans aucun charisme par des acteurs souvent de seconde zone, mais surtout notre absence totale d'intérêt pour leur combat, d'autant que pendant trèèèès longtemps, on ne sait pas vraiment qui est qui, qui fait quoi, quel est son rôle précis... J'ai déjà vu des accidents à grande échelle à Hollywood, mais là, on atteint un niveau rarement égalé. Alors peut-être était-ce en partie volontaire : brouiller les pistes, faire de « Captive State » un objet mystérieux qui ne révélera tous ses secrets que lors du dénouement : pourquoi pas. Encore aurait-il fallu qu'il y ait au moins un fil conducteur, que l'on comprenne ce qu'il se passe, les enjeux de cette opération... Sur mon siège, j'étais parfois sidéré. Comment peut-on bâcler à ce point ses protagonistes et un joli potentiel niveau intensité ? C'est incompréhensible. Seuls points positifs : le visuel d'ensemble, sombre, presque désespéré, colle bien à l'ambiance, dépourvu, hélas, de toute dimension politique ou sociale, et la présence du toujours impeccable John Goodman et de Vera Farmiga (totalement sous-exploitée). Reste cette fin, donc, ayant au moins le mérite d'éclaircir en partie les innombrables questions laissées de côté jusque-là, si ce n'est que l'effet pervers de ce scénario et approche chaotique m'avait amené en partie à comprendre (du moins à avoir de sérieux doutes) la position de
Mulligan
, faisant plus de cette révélation une petite péripétie qu'un « twist » majeur (c'est un peu mieux pour l'identité de « Numéro Un »). Je me rends compte que je n'ai même pas parlé des effets spéciaux, preuve que ce n'est vraiment pas ce qui m'a le plus gêné : au moins ont-ils le mérite d'être sobres, à défaut d'être marquants. On évite ainsi le désastre, mais alors que l'occasion était belle de redonner ses lettres de noblesse à la science-fiction, l'espoir tourne court, au point de rendre le ratage presque fascinant. Non-événement total.