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Olivier Barlet
298 abonnés
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4,0
Publiée le 6 mars 2018
Plutôt que de chercher un scandale stérile, c'est une proposition d'inversion du regard que propose ce film avec ce thème hors-normes, en rupture avec les photos de femmes voilées ou fétichisées visibles au générique, ou avec les autoportraits d'Amel. Il fallait une actrice expérimentée comme Hafsia Herzi pour porter ce rôle délicat : le film est écrit pour elle. (...) Si Amel est provocante, le film n'est pas sulfureux. Il n'est jamais voyeur. Une fine sensualité s'installe au contraire, en accord avec le jeu sensible d'Hafsia Herzi, des corps se dénudent dans les séances de pose mais tout cela reste somme toute assez prude. Le scandale n'est pas l'enjeu : il détournerait le débat. Car L'Amour des hommes questionne cette inégalité qui empêche les femmes d'affirmer un désir - une question d'une grande actualité à l'heure des dénonciations de harcèlement. A la recherche de l'Autre, du masculin, Amel tente d'en saisir des images. Saisit-elle une illusoire essence ou des êtres singuliers ? Le film n'évacue pas leur inscription dans le réel, si bien que ces visages et ces corps disent une histoire. Une histoire parcellaire certes mais qui donne envie d'en savoir davantage sur leurs destins, sur cette jeunesse tunisienne qui s'interroge. Ces photos, et partant les séances de pose, cherchent davantage l'absence que la présence, au sens iconique du terme, c'est-à-dire une vision qui ne cherche pas à tout voir mais à percevoir, à sentir, à éprouver, et ainsi comprendre et se comprendre. C'est dans cette subtilité de la distance que cherche à s'inscrire L'Amour des hommes. Inattendu et dérangeant, il y parvient ma foi fort bien. (Lire l'intégralité de la critique d'Olivier Barlet sur le site d'Africultures)
Définitivement, Hafsia Herzi est une actrice magnifique et talentueuse. "L'amour des hommes" est un film particulièrement audacieux. Ce qu'il questionne autour du positionnement d'une femme vis-à-vis des hommes, vis-à-vis de la société (ici tunisienne de surcroît) est un engagement dans une réflexion féministe rare. Quelle place occupe le désir (ici au féminin, mais on peut se souvenir de Flaubert, qui affirmait "Madame Bovary, c'est moi"), quelle liberté d'expression de ce désir est possible au sein d'une société, qui délimite le champ des possibles ? Lorsque cette femme définit son objet de création, elle objectalise les hommes, qu'elle utilise comme modèles de son art : c'est elle, qui semble prendre le pouvoir sur eux. Elle est aux commandes, mais jusqu'où est-ce supportable pour ses modèles ? Ne vont-ils pas tenter de rétablir la répartition sexuée telle que la société définit les codes et les rôles de chacun ? Où est le désirable ? Qui est désirable et désirant.e ? Si une femme se positionne comme celle qui orchestre le désir, qu'elle prend une position active, ceux qui sont l'objet de son regard vont-ils supporter la passivité résultante de cette position d'objet de convoitise passivé par le lieu du regard ? Si le lieu du désir s'origine du féminin, que devient la virilité ? Un homme orchestré par le désir féminin se dévirilise-t-il, se féminise-t-il ? Le pouvoir peut-il changer de camp ? Qu'est-ce qu'une posture progressiste dans une société, où le voile porté sur et/ou parles femmes est une question aigue ? Amel (le personnage central du film) est-elle une femme "libre" ? Si tel est le cas, cela signerait-il qu'elle cesserait d'appartenir aux hommes, d'être un objet de transaction entre hommes ? Qu'est-ce qu'aimer ? Aimer librement a-t-il un prix ? A-t-il un coût ? On ne sort pas indemne de ce fim bousculant.
À Tunis, Amel, jeune femme émancipée se consacre à sa passion pour la photographie en croquant des portraits d’hommes. Fascinée par le corps charnel elle immortalise ceux qui acceptent de s’offrir à sa vision. C’est une chorégraphie du mouvement et une exploration de l’âme féminine que nous propose Mehdi Ben Attia, réalisateur tunisien déjà primé dans de nombreux festivals avec ses deux précédents films « Le fil » (2010) et « Je ne suis pas mort » (2013). Œuvre touchante et dépourvue de tout voyeurisme ordinaire, le film surprend de par sa capacité à dresser avec beaucoup de justesse l’approche d’une artiste d’aujourd’hui dans des sociétés où la femme demeure encore cloisonnée dans une image de soumission devant répondre aux moeurs en vigueur. Amel déroute, inquiète, échappe aux idées reçues et doit faire sa place pour imposer son identité. La sensible Hafsia Herzi (actrice encore trop méconnue du grand public malgré son César du meilleur espoir en 2008 pour « La graine et le mulet ») est filmée par Mehdi Ben Attia avec délicatesse, telle Amel « sculptant » ses modèles. Le réalisateur impose un style proche du cinéaste Satyajit Ray, explorant la société tunisienne d’aujourd’hui en un témoignage pudique qui est aussi un acte de résistance. Acte militant envers le droit des femmes, bousculant les idées reçues, « L’amour des hommes » est le reflet d’un monde en pleine mutation dont les bouleversements résonnent en écho avec notre actualité, la femme prenant la parole pour occuper la place qui lui est due. Le personnage de la jeune photographe inverse le processus d’une femme-objet représentée habituellement dans les images et il faut louer le travail du réalisateur pour avoir su faire éclater une vision devenue hélas lieu commun. Les acteurs sont tous excellents parmi lesquels Raouf Ben Amor (vu dans « Or noir » de Jean-Jacques Annaud) qui s’impose à l’écran dans le rôle du beau-père d’Amel. Souhaitons que le film trouve la place qu’il mérite dans le ras de marée des sorties où l’on ne sait plus que voir à force de matraquages. Si l’on aurait souhaité davantage d’épaisseur dans l’histoire d’amour entre Amel et Sami, notamment dans la dernière partie du film, la justesse de l’œuvre, lumineuse, offre néanmoins au spectateur une bouffée d’air pur et d’intelligence salutaire de par les temps qui courent.
L'Amour des hommes souffre d'une crise d'identité car il n'a aucune idée de quoi il parle. Il se trouve séducteur mais ne fait aucun effort pour nous mettre dans l'ambiance. Il prétend être féministe mais ne se bat pas, ou se dise politique mais n'a rien à dire.
L'actrice principale, par exemple, ne prend pas des photos, mais elle joue à prendre des photos, tout comme le réalisateur ne fait que se comporter comme il pense un réalisateur se comporte, ou l'écrivain qui écrit un scénario qu'il pensait un écrivain écrierait.
L'Amour des hommes est superficiel et couvert par une voile qui nous empêche de toucher le film, ou d'être touché par cela.
Après Corps étranger, L'amour des hommes offre un nouvel aspect du cinéma tunisien. Le portrait d'une femme qui s'émancipe et acquiert sa liberté dans un pays plus que jamais dominé par le pouvoir masculin, après une révolution qui n'a pas changé fondamentalement les moeurs. Le sujet évoque le travail d'une photographe qui tente de renverser les enjeux de séduction et d'érotisme avec un certain aplomb. Le scénario n'est pas mal écrit mais il a du mal à rester concentré sur son thème majeur, soucieux de ne pas aller trop loin, et manque singulièrement de fluidité, malgré les bonnes intentions. Indépendamment de la superbe interprétation de Hafsia Herzi, qui rend bien toute la complexité de son personnage, le film n'élève pas suffisamment le débat, en demeurant au niveau d'un cheminement individuel alors qu'il y avait là matière à construire une oeuvre plus politique. On a comme l'impression que Mehdi Ben Attia se trouve un peu gêné par le potentiel de son film et qu'il préfère, à l'inverse d'un Nabil Ayouch dans Much Loved, botter en touche plutôt que d'aller plus loin dans la peinture sociale. L'amour des hommes reste intéressant mais presque indolore.
Dans une société conservatrice, comment oser faire de l'art ? Dans une société où une femme qui désire est forcément mal vu, comment briser un tabou ? L'Amour des hommes est un passionnant film sur la photographie, ce que c'est que d'être photographe et d'être modèle. C'est aussi une plongée dans Tunis. Film à ne pas louper.
Amel est photographe. Elle expose ses premières œuvres lorsque son mari décède brutalement laissant cette orpheline seule avec sa belle-famille, des riche patriciens de Tunis. Encouragée par son beau-père, Amel décide de continuer à photographier et entend donner à son art un tour de plus en plus provocateur, invitant des jeunes hommes à poser nu pour elle. Mais c'est sans compter sur les résistances que ses choix suscitent, chez sa belle-famille et dans son entourage.
"L'Amour des hommes" aurait pu être un film extraordinaire. Un film sur la photographie - comme "Blow up" d'Antonioni dont il revisite l'affiche. Un film sur la libération des femmes - car Amel entend photographier le corps des hommes avec la même gourmandise que les hommes ont coutume de photographier celui des femmes. Un film sur la Tunisie contemporaine - couturée de tabous mais vibrante de ses libertés refoulées.
Mais hélas "L'Amour des hommes" est un film raté. Un film qui ne marche pas. Il ne s'en faut de pas grand-chose. Et je confesse volontiers une part de subjectivité assumée dans ce jugement à l'emporte-pièce.
Prenez l'élégante musique de Karol Beffa dont les accents veloutés ne sont pas sans rappeler ceux de Georges Delerue : ils conviendraient mieux à un drame bourgeois tourné par Chabrol ou Ozon dans la froideur de l'hiver parisien des années Pompidou qu'à ce film tunisien sous un soleil brûlant. Prenez Hafsia Herzi. La jeune actrice d'origine tunisienne était, sur le papier, l'actrice parfaite pour le rôle d'Amel : suffisamment étrangère pour oser ce que les Tunisiennes n'oseraient pas, suffisamment tunisienne pour ne pas faire figure de pièce rapportée. Mais malheureusement, malgré son charme et son talent, la greffe ne prend pas et son jeu sonne faux, dès la première scène du film qui la confronte à la mort de son mari. Prenez la figure de son beau-père, un patriarche cultivé qui prend l'orpheline sous son aile protectrice mais qui hélas se révèle tristement animé par de bien vils motifs... jusqu'à une scène splendide qui l'exonère de ses pêchés. Prenez l'ultime pirouette de "L'Amour des hommes" qui voudrait exalter l'irréductible liberté d'Amel. Elle manque de crédibilité et fait tourner court la seule histoire d'amour du film.
Je m attendais a un film avec beaucoup plus d'érotisme, de nus, de provocation. Le film parle d'humanité et me semble très réussi là dessus. Tôt dans le film, saïd raconte une histoire de son enfance. La fille du métayer qui a le bac et veux faire médecine. Cette histoire m a beaucoup plu car sa moralité finale est assez souple. Elle incite plus à réfléchir que réellement à proposer une solution sur une situation, elle propose une alternative à laquelle je n'avais pas pensé. Pour moi,
le film débute par un drame puis l'idée forte se développe : la liberté artistique (parfois à la limite de l'érotisme) et de la femme dans un pays d'hommes, où les carcans culturels sont ancrés. mais ce pari plutôt bien défendu, avec élégance se perd un peu en cours de route pour les états amoureux et amicaux de l'héroïne et certains aspects peuvent paraître assez peu plausibles. un film toutefois agréable à regarder.
L'Amour des Hommes, un récit assez décevant... En vérité, je ne m'attendais pas à voir quelque chose de surprenant, mais peut être un peu d'intime ou de mise en scène un peu sombre par moment, mais en réalité, à part une demoiselle prenant des photos d'hommes, le film reste dans les cordes. Je suis arrivé à suivre les différentes rencontres entre les différents hommes et la photographe et les spécificités de chacun dans un paysage de Tunis tellement inégal. Le jeu d'acteurs est maladroit, voire inintéressant. En fait, ce qui est bien démontré tout au long du film, c'est le visage changeant du beau-père qui devient de plus en plus envahissant et la relation va devenir assez glauque.
La talentueuse Hafsia Herzi joue une photographe tunisienne qui vient de perdre son mari dans un accident. Pour ne pas se perdre dans son chagrin, elle est accueillie par son beau-père qui l’incite à pratiquer son art. Elle choisit alors des hommes au hasard pour les photographier dénudés. Mehdi Ben Attia réalise non pas une œuvre érotique mais un brillant pamphlet d’une société en mouvement. Dans « L’amour des Hommes » il n’est plus question pour les femmes d’être des objets. Au contraire, notre protagoniste a le pouvoir sur ce qu’elle photographie et c’est alors l’homme qui devient l’objet du désir. Mais les anciens démons refont souvent surface et la femme doit sans cesse travailler à se faire entendre. Mehdi Ben Attia s’éloigne malheureusement trop du fantasme en prenant toujours du recul. Il préfère filmer son personnage prendre des clichés, plutôt que de nous plonger directement dans l’œil de la photographe. Le choix étonne un peu face à la volonté de présenter une génération qui se libère. « L’amour des Hommes » est une œuvre sensuelle chargée d’audace mais peut-être pas assez assumée. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
Voilà un film original, interprété par une jeune actrice au charme certain, et qui avec pudeur se cache derrière un objectif photo, pour fréquenter de beaux et mauvais garçons….En jouant sur une fausse innocence, elle séduit et se fait séduire… Le scénario est original, sensible et généreux….Les personnages sont attachants, les hommes séduisent par leur virilité et leur nudité…..Milieu dangereux dont elle fait parfois l'expérience….L'ambiance tunisienne (rues de Tunis) dépayse le spectateur….Les dialogues sont fluides parfois équivoques ou sensuels...La relation avec le sexagénaire est particulière et montre une certain philosophie (les murs les plus hauts sont ….) Je vous laisse découvrir cette relation riche d'enseignements….Au final, une belle impression sur des personnages attachants (surtout l'héroïne) et un sujet traité original….Je conseille….
Au delà du postulat de base, c'est toute une société en mutation que pointe le scénario du film. Pour bien connaitre la Tunisie et la place de la femme, particulièrement dans le sud, car la capitale reste plus moderne, on peut comprendre que photographier les hommes est un acte de révolution. La mentalité du beau-père est loin de traduire une généralité et l'absence de protestation voir d'agression rend le film quelque peu orienté et éloigné de la réalité. Une tentative intéressante mais de parti-pris qui ne reflète certainement pas la réalité, même si la Tunisie fait partie des pays musulmans en progression.