On avait dit que Nichols s’était probablement inspiré de Stand by Me pour nous envoyer du lourd avec Mud. Après avoir vu ce premier, ça semble assez évident en effet, tellement il y a de similitudes. L’histoire se déroule dans une campagne américaine assez reculée du début des années 60, nous racontant les aventures de ces quatre gamins partis à la recherche du corps d’un autre enfant disparu, fauché par un train en pleine forêt. Dans les deux films, il est question de gamins qui partent en quête de quelque chose qui les sort de leur quotidien. Et si c’était la vie, tout simplement ?
Il faut savoir que l’histoire nous est racontée du point de vue de Gordie qui, 30 ans plus tard, est lui-même père de deux adolescents. Désormais devenu écrivain, il relate les faits de ce qui a constitué l’un des grands pas de la construction de son adolescence. On dit que les voyages forment la jeunesse. Alors si à 12 ans on est encore trop jeune pour voyager, rien ne nous empêche de s’aventurer dans les différentes expériences que la vie nous propose de tenter. Et c’est bien de ça que parle le film : les péripéties de 4 jeunes hommes encore innocents qui vont apprendre ensemble un petit bout de ce que la vie représente.
Le périple des quatre compères est donc enrichissant en découvertes, en défi, en relations humaines. A cet âge là, on ne rend pas forcément compte de ce que l’on fait ou de ce que l’on dit, et certains actes ou paroles peuvent avoir des conséquences toutes autres que celles qu’on imaginait. On pourrait reparler de chaque scène de ce film, car tout est utile et bien mis en scène. Tantôt triste, tantôt excitant, tantôt stressant voire effrayant, les personnages passent par différentes situations qui nous procurent des émotions diverses et variées.
Au-delà de cet aspect des adolescents qui découvrent le monde qui les entoure et les risques de la vie à prendre ou ne pas prendre, on a vraiment une narration intelligente qui porte le propos originel de Stephen King. Vivre l’histoire du point de vue de Gordie alors que ce n’est pas forcément lui le gamin le plus attachant ou le plus écrit de la bande, c’est vraiment passionnant. Car s’il y a bien un enfant qui ressort du lot, c’est celui joué par River Phoenix, acteur au talent déjà incroyable à l’âge qu’il avait. Ce faisant, on a un vrai recul sur l’histoire étant donné que ce n’est pas Gordie qui décide de tout ou a toujours raison.
D’ailleurs, on a bel et bien droit à quatre caractères très différents, mais très révélateurs aussi de la position que les enfants ont dans un groupe suivant leur origine sociale et économique. Le froussard qui s’inquiète un petit peu toujours de tout, le rebelle qui fait le malin, le chef de la bande qui à défaut d’être le plus intelligent est sans doute celui qui a le plus de charisme et de sympathie, et enfin le timide un peu en retrait avec qui tout le monde s’entend mais qui se sent incompris. Il est donc assez facile d’arriver à repenser à son enfance et à la place que chacun avait dans le groupe, et d’en tirer des conclusions sur la façon dont les choses ont évolué.
Alors si ce film est si fort et si prenant, c’est parce qu’il parle avant tout de choses simples et universelles de manière passionnante et très bien écrite. On a également une bande-son et des plans d’une beauté remarquable qui contribuent au plaisir que l’on prend devant ce film. Une belle œuvre qui doit en rendre nostalgique plus d’un, et qui rappelle que c’était forcément mieux avant…