Avis sur Beatriz at Dinner

Ce nouveau film de Miguel Arteta est très différent de ce qu'il a pu faire avant et surtout récemment lui qui est habitué aux comédies assez simples comme "Cedar Rapids", "Youth in Revolt", "Alexander and the Terrible...", etc. Comme pour ce dernier, l'histoire se déroule pendant une journée et plus précisément un dîner avec une invitée inattendue, une vieille histoire qui refait surface et surtout deux mondes qui vont se côtoyer puis s'affronter. Les différences sont au centre de cette histoire tant au niveau des idées que du style de vie. Le réalisateur joue d'ailleurs beaucoup dessus et pas que sur les dialogues qui eux accentuent encore plus l'écart entre ces personnes. Salma Hayek incarne avec délicatesse et sensibilité, une femme qui se fait un plaisir de passer une soirée dans un cadre somptueux avec des gens qu'elle n'a pas l'habitude de côtoyer avec l'idée de ne pas rester dans son coin. Le film manque parfois de subtilité et devient parfois lourd un peu à l'image de Beatriz qui est attachante, mais qui peut être aussi exaspérante et paraître hypocrite et une fausse gentille alors que c'est tout l'inverse ce qui est étrange. Ce qui ressort du film du moins comme je l'ai vu, c'est surtout le ras-le-bol d'une femme qui en a marre de ce monde et cela se ressent dans cette dernière partie assez triste et très mélancolique. En gros, le film est pas mal notamment grâce à Salma Hayek et John Lithgow tous deux très bons.

Film assez sombre qui est totalement centré sur le personnage de Salma Hayek,immigrée mexicaine, reeducatrice ou thérapeute avec des méthodes de médecine alternative, et qui est très attachée à la nature, la terre, les animaux, presque de façon mystique. Travailleuse plutôt pauvre elle essaie d'alléger les souffrances des autres et par un coup du sort, une panne de voiture chez une riche cliente, va se retrouver bloquée et invitée au dîner du soir. Un dîner où les participants sont des couples très riches, à 1000 lieues de sa philosophie et de ses idées, dont en particulier un personnage assez sordide et archétype du capitaliste sans interdits. Ce personnage elle va le ressituer dans son propre parcours, investisseur immobilier qui n'hésite pas à détruire des peuples, des paysages, des milieux naturels, des destins humains, le tout dans la corruption, avec aucun sentiment de compassion. C'est cet affrontement assez atypique et inattendu qui va occuper ce dîner où la pauvre immigrée d'abord transparente va prendre la lumière, la parole, la direction des discussions en n'hésitant pas à dénoncer frontalement ce personnage horrible. Un choc de classes sociales, de cultures, de mentalités, de philosophie même si parfois les arguments sont un peu mystiques. Salma Hayek est énorme, dans un rôle à l'inverse du glamour, un rôle profond, très présent dans la parole, par l'être plutôt que le paraître. Elle semble la plus normale dans ce milieu de riches notables arrivés et arrivistes mais du coup en total décalage. La fin un peu mystérieuse et ésotérique laisse un peu le spectateur en plan et une conclusion dans le réel aurait été plus positive et plus lisible pour le film, quelle qu'elle soit. Mais quelle actrice talentueuse, quel rôle pour Salma Hayek.

Alors, ne vous laissez surtout pas berner pas la BA qui annonce un film sur une soirée qui dérape (comme Carnage ou Le Prénom) !
Bien que le milieux du film soit comme cela (ce qui est d'ailleurs la meilleure partie du film selon moi), toute la dernière partie traite vraiment presque que de la spiritualité du personnage joué par S.Hayek et est beaucoup plus lente (et selon moins beaucoup moins intéressante); avant de déboucher sur une fin (que j'ai trouvé) complètement incompréhensible à moins d'être un habitué des séances de sophrologie...
Dommage car les dialogues ainsi que les acteurs sont géniaux, je n'aurais probablement pas regardé ce film ou l'aurait apprécié différemment si j'avais su quel genre de film j'étais sur le point de visionner.