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Laurent C.
262 abonnés
1 133 critiques
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4,5
Publiée le 20 janvier 2020
Elles sont deux sœurs, inséparables, l'une se rêvant comme pianiste, et l'autre aspirant à une émancipation sociale et amoureuse. Au milieu d'elles deux, il y a un père, autoritaire, brutal, dénué d'empathie. Le drame principal de ce récit s'articule autour de figures masculines d'une profonde inconsistance, ou, quand ce n'est pas le cas, d'une désolante grossièreté. A l'heure où les combats contre les féminicides ou les violences conjugales parviennent enfin à devenir audibles, "La Vie invisible d'Eurídice Gusmão" constitue un film emblématique de la lutte de deux femmes pour exister au sein d'un Brésil écartelé entre une économie émergente et la continuation d'une culture machiste et réactionnaire.
"La Vie invisible d'Eurídice Gusmão" est peut-être le film le plus surprenant et le plus abouti de l'année 2019. Il traverse l'existence de deux femmes que le destin va éloigner irrémédiablement l'une de l'autre. Il y a dans ce récit cinématographique dense, quelque chose qui fait penser aux œuvres d'Almodovar. Les femmes occupent le premier plan. Elles sont dotées d'une énergie magnifique qui leur donne la puissance d'agir sur leur destin. Elles se transforment en de véritables piliers politiques, au sein d'une société fragile, peinant à faire valoir l'égalité économique pour tous ses citoyens. Elles contribuent en effet, grâce à leur engagement, leur sens de la solidarité, à promouvoir un air de liberté.
Voilà donc un film absolument fascinant et fulgurant. On rentre et on quitte cette histoire sur une séquence forestière qui donne la part belle à une vision somptueuse de la capitale brésilienne. S'agit-il d'un mirage ? Sans doute, car la grande leçon de cette fresque familiale, montre que le progrès social et culturel viendra des femmes, si les hommes acceptent un temps soit peu de renoncer à leur pouvoir mortifère.
Voilà une œuvre qu’on n’attendait pas aussi forte et belle. Il n’en demeure pas moins qu’elle nous emporte durablement dans son tourbillon romanesque et nous hypnotise la rétine durant plus de deux heures avec maestria. Auréolé d’un Grand Prix mérité dans la section Un Certain Regard au dernier festival de Cannes, le film de Karim Aïnouz confirme la vitalité (et la diversité) du cinéma brésilien contemporain à l’instar de son compatriote Kleber Mendonca Filho (le beau « Aquarius ») et d’un cinéma argentin voisin tout aussi prolixe, des films de Lucrecia Marel (« La Cienaga ») à ceux de Michel Franco (le tétanisant « Despues de Lucia »). Avec « La vie invisible d’Euridice Gusmao », on nage en plein mélodrame à l’ancienne, de ces tragédies comme on n’en fait plus qui vous étreignent sans discontinuer et dont les émotions vous transpercent de toutes parts. Mais attention on n’est pas non plus dans un film passéiste ou désuet bien qu’il se situe dans les années cinquante et soixante; ce qui permet ainsi la plausibilité d’une histoire qui ne le serait plus de notre temps avec tous les moyens de communication actuels. Non, c’est une œuvre malgré tout moderne qui pourrait avoir une certaine résonance dans le Brésil d’aujourd’hui, un Brésil qui fait un pas en arrière dans le progressisme social et religieux avec son nouveau dirigeant. Mais attention, on est avant tout dans un beau drame feutré et cet aspect n’est qu’une interprétation contextuelle et ce n’est pas du tout le sujet du film.
L’histoire, faite d’occasions manquées et de coïncidences malheureuses, est parfaitement écrite et chorégraphiée. Elle nous déchire le cœur. Difficile à résumer sans en déflorer la teneur, on dira juste que c’est celle de deux sœurs séparées par un triste coup du sort et un père braqué sur des traditions archaïques. Deux jeunes femmes qui vont se manquer durant des années, des décennies, alors qu’elles vivent dans la même ville. Une sororité gâchée par un mensonge honteux. Aïnouz filme ces tristes événements d’une manière à la fois éminemment réaliste mais en même temps avec un lyrisme inattendu. Et le mélange des deux fonctionne à merveille sur le plan visuel entre couleurs chatoyantes et scènes éthérées (la scène de liesse dans le bar avec le marin grec) qui côtoient d’autres totalement ancrées dans un réalisme cru (la nuit de noces après le mariage). La lumière, les textures et les angles d’une caméra nonchalante sont en tous points admirables et font penser à un certain cinéma asiatique, dont le « In the mood for love » de Wong-Kar Waï (la photographie est ici signée de la française Hélène Louvart) en premier lieu. Esthétiquement, cette saga féministe est donc un diamant taillé avec soin, beau et envoûtant. Elle prend la forme d’une fresque tragique alternant moments de douceur et d’autres plus cruels. Ces deux destinées qui se parlent sans se répondre impriment durablement notre esprit jusqu’à un final littéralement bouleversant et déchirant. Du grand cinéma exotique et romanesque et une excellente surprise.
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Un très beau film sensible et délicat servi par de très belles images une musique magnifique et deux belles et bonnes actrices qui joue le rôle de deux sœurs séparées par le bête entêtement de leur pere
Je suis surpris que les critiques soient si bonnes. tout le long du film, j'avais la sensation que c'était raté à tous les point de vues. Le seul aspect positif c'est la musique, qui est bien gérée : Schubert au début, puis Chopin, c'est bien amené, ça crée une atmosphère intéressante,spoiler: la scène où elle joue l'étude de Chopin sur scène avec des flashs back etranges, est simplement magistrale . Tout le reste est raté : l'intégralité des hommes présentés sont machiste et/ou violeurs, on y croit pas une seconde, tous les personnages prennent des décision stupides sur des coups de tête, pareil on y croit pas une seconde, ce qui fait qu'à la fin, le dénouement n'est pas interressant, le suspens s'effondre. Les scènes de sexes sont trop longues et surtout inutiles. Les longueurs ne contiennent aucune tension, bref peu d'intérêt.
Un beau mélo sur deux sœurs séparées par le destin dans un Brésil des années 1950 complètement phallocratique. Réalisé par un homme, ce film est une ode à la femme, doublée d'une frontale attaque de la bêtise des hommes. Lâches (ils quittent des femmes qui croient en eux), brutaux (ils rejettent leurs propres filles), manipulateurs (ils laissent les femmes dans l'ignorance), ridicules (ils jouissent comme de bons abrutis) : les hommes ne sortent vraiment pas grandis de ce récit. La sexualité est montrée frontalement à trois reprises (âmes sensibles s'abstenir...) pour montrer concrètement ce jeu des dominations en vis-à-vis. La séquence du dépucelage marital sera jugée excessive par certains, vérace par d'autres... Les deux actrices sont formidables (surtout la plus âgée). Le scénario est un peu arbitraire, comme dans tout mélo. La fin est à pleurer. Et puis l'on goûte cette merveilleuse langue portugaise. Il y a sans doute plus intense en ce moment (Le Lac aux oies sauvages), mais un peu de Brésil fait du bien après toute cette Chine.
Si l'on aime les histoires d'amours impossibles : La Vie Invisible d'Eurídice Gusmão s'inscrit dans ce genre d'histoire où deux sœurs cherchent inlassablement à se retrouver après une déchirante séparation. Nous voilà plongés dans le Rio de Janeiro des années 1950. Euridice et Guida sont jeunes, belles et passionnées. L'une aspire à une carrière de pianiste, l'autre rêve de vivre de romance et de promesses. Fatalement, leurs aspirations respectives sont parsemées d'embûches. Entre un père résolut à voir ses filles devenir épouses et mères et désillusions, rien ne se passera comme prévu. Des scènes crues, nous montrent une réalité difficile. Une réalité où l'homme est maître : il impose ses désirs, la femme ne peut avoir d'autres ambitions que celle d'être une bonne cuisinière, ménagère et maîtresse. Après tout, quel autre mode de vie plus sain que celui-ci ? Cruelle ironie. Sous forme épistolaire, Aïnouz nous incite à voir successivement au travers du regard des deux héroïnes. Elles n'ont alors de cesse de se manquer, à la croisée des chemins. Le parallélisme est bluffant de dramatisme sous un soleil étouffant. Pourtant toujours liées d'un amour immortel, le seul à survivre dans cette avalanche de rigidités et de fausses bonnes moralités, nous verrons nos jeunes protagonistes grandir et vieillir. Pour nous, elles deviennent presque un membre familial à part entière, tant nous les accompagnons dans leur plus grande intimité. Entre larmes et courage ; deux âmes-soeurs abîmées qui attisent en nous une profonde compassion.
Un bijou !! 2h20 de bonheur !! Scénario riche et tellement réaliste, où toute une vie peut basculer dans les suites de mensonges basés sur de rigides principes moraux culturels parfaitement analysés et intégrés dans l'histoire. Les acteurs sont tous excellents, évidemment les 2 actrices principales, mais aussi les personnages secondaires, qui communiquent leurs émotions de manière très subtile et juste. Les images sont colorées, de vrais tableaux, la BO est superbe Ce film est magnifique, grandiose, tous les ingrédients sont présents pour le rendre incontournable!!
l'histoire des 2 soeurs ds ce Brésil des annees 50 est passionnante, cependant il y a 30 mns de trop et certaines images sont trop crues....et n'apportent rien de plus...un bon film néanmoins.
Je sors littéralement « scotché » du dernier film de Karim Aïnouz « La vie invisible d’Euridice Gusmao » dont il est impossible de parler sans déflorer l’intrigue sauf qu’il s’agit d’une histoire d’un amour très profond entre 2 sœurs qui débute à Rio de Janeiro dans les années 50. Guida rêve d’amour et de voyages et Euridice d’une carrière de pianiste en allant à Vienne mais l’opposition de leur père, boulanger du quartier, va faire échouer leurs projets et Guida passera sa vie à lui écrire et à essayer de revoir sa sœur. L’ambiance machiste de ce pays à l’époque est parfaitement bien rendue même parfois de façon très crue, et l’aspect un peu granuleux des anciennes pellicules, les décors intérieurs, les lumières … nous plongent à fond dans cette histoire assez incroyable de 2 vies gâchées peut-on dire. Un film primé à Cannes dans la section un certain regard, bouleversant et qui mériterait 6 sur 5 !
Le tournant de la décennie est décidément propice à l'affirmation du féminisme au cinéma, Après #metoo, et parallèlement à une nouvelle adaptation des Quatre filles du Dr March, ce film brésilien explore l'âge d'or du machisme au Brésil en nous faisant découvrir la place des femmes dans le "petit peuple" et la petite bourgeoisie de Rio au milieu du siècle dernier. La plupart des situations, de la misère de la "fille-mère" - on ne disait pas encore mère célibataire - au rôle de la religion dans la vie quotidienne, de la prépondérance des hommes dans toutes les décisions à la banalité du sexisme, se retrouvaient sous nos contrées de la même façon, il faut bien le reconnaître, L'exotisme ne change rien à la difficulté de vivre dans un tel monde. La force du film de Karim Aïnouz, le réalisateur, c'est d'utiliser un ton léger, presque badin pour évoquer les mariages arrangés, les filles répudiées et la pauvreté, sans toutefois jamais relativiser la dureté de son propos. L'exceptionnelle interprétation - les deux sœurs en particulier interprétées par Carol Duarte et Julia Stockler - apporte beaucoup de vitalité et d'entrain à un film qui aurait pu être plombé par son aspect mélodramatique de télénovelas. A cela, il faut ajouter une photo et une lumières remarquables, un sens du récit précis, des scènes d'anthologie - l’aquarium ! - qui conduisent sinon à un chef d'œuvre - quelques longueurs et scènes inutiles - du moins à un film que l'on aura du mal à oublier.
"Ce n'est pas un film du dimanche soir", ai-je entendu au sortir de la salle. Et c'est vrai. C'est un film d'un jeudi soir, en amoureux, avec son frère, quelqu'un de proche en tous cas. Une fois assis, c'est une immersion dans le monde tel qu'il existait dans les années 50, ici au Brésil, bien entendu, mais un peu partout pareil. La profondeur des liens entre Euridice et Guida va être mise à l'épreuve du patriarcat, de la place des femmes, non sans âpreté et violence, et toujours avec sincérité. Un film que j'ai trouvé beau, puissant, humaniste, et qui n'est pas sans faire écho à nos années 2000...
“La Vie Invisible d’Euridice Gusmao”, de Karim Aïnouz, est un film très dur sur la vie de deux jeunes femmes de 18 et 20 ans, des soeurs, et de ce que leur patriarche va leur fait endurer. L’action se déroule en 1950, à Rio de Janeiro, au Brésil. Comment, ce père, ne va pas hésiter à répudier l’une de ses filles, enceinte, et donc faire simultanément éclater sa famille. Elle serait la honte pour les siens, c’est donc une question d’honneur. Comment la fille cadette, ensuite, après qu’elle se soit mariée, est assujettie par son époux à son devoir conjugal, et de femme au foyer. La femme a peu de place, pour ne pas dire "pas", dans cette société patriarcale dominante. Cette époque là, pourtant révolue, voit cependant toujours des cas analogues, de nos jours, se perpétuer à travers le monde. Jusqu’à purement et simplement ne pas hésiter à les supprimer, comme j’ai pu le voir à travers des documentaires terrifiants. C’est donc bien un constat lucide, et horrible, que partage avec nous ce réalisateur remarquable, puisqu’il pose son regard pertinent sur des questions universelles.
Avec cette fresque familiale, Karim Aïnouz réalise bien plus qu’un mélodrame d’une incroyable beauté : lumière, cadrage, couleurs, textures,... L’histoire de ces deux soeurs qui passeront leur vie à tenter en vain de se retrouver dans le Brésil des années 50 résonne d’une implacable actualité pour dénoncer toutes les formes de sexisme et de patriarcat. Coup de Cœur !
Ce film est un petit bijou. Tout est parfait : l'atmosphère visuelle et musicale très travaillée qui donne, paradoxalement, du réalisme à ce drame, la subtilité du message féministe qui évite les clichés et, surtout, cette histoire si touchante entre ces deux soeurs séparées qui, comme des mains courant sur les touches d'un piano, jouent des notes différentes mais en parfaite harmonie. Magnifique.