Réunir Anne Hathaway et Rebel Wilson en têtes d'affiche d'une comédie n'était à priori pas la plus bête des idées. Plutôt à l'aise sur le terrain de l'humour, la première était dernièrement une des rares à tirer son épingle du jeu dans le médiocre "Ocean's 8", déjà un film d'arnaque à l'ambiance légère et n'existant que par son postulat de féminisation (car, oui, "Le Coup du siècle" est également un remake féminin, celui de "Le Plus Escroc des deux" réalisé par Frank Oz), et la deuxième est l'équivalent d'une véritable tornade possédant un tempérament comique capable d'emporter tout sur son passage si on lui offre le matériau adéquat ("Isn't it romantic" a d'ailleurs prouvé récemment qu'elle pouvait prétendre à autre chose qu'un statut d'éternel second rôle). Bref, avec tel duo d'actrices accompagné d'un bagage de capital sympathie incontestable, "Le Coup du siècle" pouvait au moins apparaître comme un honnête divertissement estival ayant la capacité de nous arracher quelques sourires...
N'y allons pas par quatre chemins : on a beau avoir vu pas mal de comédies US ratées par le passé, le film de Chris Addison va se donner tous les moyens pour nous prouver que l'on n'avait pas encore assisté à la pire !
Dès la scène d'introduction d'une platitude magistrale, on comprend que rien ou si peu ne va fonctionner sur le terrain de l'humour (la scène la plus drôle de "camouflage" de Rebel Wilson était dans la bande-annonce... cela se vérifiera pour tous les autres rares bons moments) et le ton est donné pour à peu près tout ce qui va suivre. "Le Coup de siècle" aura beau avoir quelques situations comiques pouvant jouer en sa faveur dans sa manche, personne ne semblera jamais savoir comment les mettre en relief ! Le film sera en effet constamment sur une espèce de faux rythme où les vannes sortiront sans aucune éclat pour les souligner jusqu'à les faire se volatiliser aussitôt dans l'océan de nullité de l'ensemble. Et encore, on parle du peu à sauver à ce niveau car, au-delà d'un tempo comique tout simplement effroyable, la plupart tomberont dans les pires facilités où la pauvre Rebel Wilson en sera souvent réduite à sa pire caricature (c'est-à-dire miser sur son surpoids pour des gags visuels ou lui faire sortir le plus possible de dialogues trashs d'une gêne folle... un "Je travaille pour l'organisation ANUS" sorti de nulle part est par exemple censé faire exploser vos zygomatiques, du haut de gamme humoristique qu'on vous dit !). Pas aidé en plus par une bande-son complètement à côté de la plaque qui ne cesse de plomber toute tentative en ce sens, "Le Coup du siècle" ne sera pour ainsi dire jamais drôle -mais vraiment- et nous fera tomber dans un état de malaise permanent où l'on verra les deux actrices brasser de l'air dans des situations s'enfonçant toujours plus loin dans la consternation la plus totale !
Le film en deviendra même carrément sidérant par la bêtise de son intrigue où, sous prétexte justement d'une féminisation jusqu'au-boutiste, l'intégralité des personnages masculins ne se composera que de demeurés machistes (ou au mieux naïfs) juste bons à tomber dans les pièges les plus ridiculement improbables de ces arnaqueuses rivales par leurs méthodes. Avec comme fil rouge une compétition s'installant entre les deux femmes afin de voler un jeune millionnaire, "Le Coup du siècle" va rapidement s'enfermer tout seul dans ce qui aurait pu -et dû- être un simple gag, Rebel Wilson en fausse aveugle, et l'essorer jusqu'à la corde de sa pauvreté pour aboutir sur ce qui sera, malgré tout, soyons honnêtes, la seule bonne idée à sauver : un twist final remettant un peu les pendules à l'heure pour ces arnaqueuse enfin confrontées à l'ampleur de la vacuité de tout ce qu'elles nous ont fait subir auparavant. Une juste punition avant un épilogue aussi désespérant que ce qui a ouvert ce naufrage...
Vous l'aurez compris, "Le Coup du siècle" est une foirade assez monumentale ne cessant d'impressionner par son habilité à creuser toujours plus sa propre tombe au cimetière des malaises de la comédie US. On a beau avoir toute la sympathie du monde pour Anne Hathaway et Rebel Wilson, elle ne pourrait à aucun moment compenser les dommages et intérêts que l'on serait en droit de réclamer pour la gêne occasionnée par ce calvaire se croyant inexplicablement drôle...