Si vous adorez suivre la carrière de Brie Larson (qui, rappelons-le si besoin est, ne se résume pas à un costume de super-héroïne Marvel), vous avez bien sûr remarqué la puissance d'irradiation du caractère solaire de cette actrice à l'écran. Dans le cas improbable où vous n'y auriez pas encore succombé en découvrant sa chouette filmographie, son premier long-métrage prend en quelque sorte la forme de la recette ultime pour enfin vous laisser contaminer par la Brielarsomanie, un mal qui a pour principaux symptômes de vous coller des sourires au visage et, dans ces pires moments de crise, de déclencher l'écoulement de quelques larmichettes aux coins des yeux. Personne n'y a trouvé un remède et, à vrai dire, personne n'a envie d'en trouver un.
Ses rêves d'artiste soudainement brisés, Kit se retrouve à un tournant de son existence. Coincée entre le refuge de son imaginaire d'enfance et la pression de son entourage visant à la faire grandir, la jeune fille déprime en végétant sur le canapé familial. Grâce à une publicité pour une agence d'intérim, Kit décide de se reprendre en main, range tous les objets qui l'associent à son enfance et entame une nouvelle vie professionnelle dans la triste et morne réalité du monde adulte (on pourrait aussi rajouter glauque avec la présence de son supérieur). Alors qu'elle cède de plus en plus à l'uniformité de cet environnement de bureau, elle reçoit un jour une invitation pour un mystérieux magasin où le vendeur lui promet de lui obtenir une licorne, l'animal imaginaire qu'elle adore d'un amour immodéré depuis toute petite...
Bon, évacuons un souci majeur d'emblée : oui, "Unicorn Store" est un petit film, une sucrerie totalement anecdotique qui ne perdurera sans doute pas dans les mémoires au-delà de son visionnage, c'est un fait difficilement contestable et personne ne le niera ici. Les tenants et aboutissants sur l'évolution de Kit s'enfermant inconsciemment dans ses rêveries d'enfant pour échapper à un monde d'adulte qui ne lui convient pas (et qui rejette en permanence le grain de folie indissociable de son identité) n'ont rien de nouveau et ne révolutionnent clairement pas ce type de récit amené à faire grandir son héroïne tout en ne trahissant pas son "moi" profond.
Seulement, l'espèce de caractère de mignonneté irrésistible de l'entreprise correspond si bien à l'image constituée et renvoyée par Brie Larson au travers de ses choix de parcours cinématographiques qu'il apparaît parfaitement naturel qu'elle se soit emparé d'un tel sujet pour sa première réalisation. Ainsi, "Unicorn Store" transpire la sincérité de sa metteuse en scène/actrice dans sa capacité à illuminer l'écran ici utilisée pour exprimer la candeur de son personnage et celle à nous transmettre avec pertinence, derrière la caméra, toutes les failles que cette prison pleine de paillettes multicolores dissimule. Avec l'imaginaire de Kit se mettant de plus en plus à empiéter dans une réalité pas vraiment préparée à l'accepter, c'est évidemment la voix de cette jeune cinéaste que l'on entend en train de nous crier son envie de nous proposer son univers et l'imagerie faussement naïve qui l'accompagne. Bien entendu, cette dernière n'est pas encore assez distincte pour nous offrir une oeuvre autre que mineure mais, avec la magie qui émane de certains moments (au hasard, la relation touchante entre Kit et un jeune employé d'un magasin de bricolage, la géniale séquence de présentation d'un aspirateur ou les ultimes instants fêlant la frontière entre le réalité et le rêve), il émane de "Unicorn Store" un tel vent de fraîcheur que l'on se surprend à s'y attacher plus que de raison, le sourire gravé sur notre visage une fois arrivé au générique de fin ne faisant que trahir encore un peu plus ce sentiment.
Bref, si vous étiez admiratifs du travail de l'actrice Brie Larson auparavant, son premier film vous confirmera que vous ne faisiez pas fausse route et, si ce n'était pas le cas, il est fort probable que "Unicorn Store" vous donne sérieusement envie de prêter attention aux suites qu'elle va y donner. Déjà pas si mal pour une si petite œuvre après tout.