Le film The Young Lady de William Oldroyd , assisté au scénario par Alice Birch, est inspiré du livre écrit en 1865 par le russe Nikolaï Leskov qui aborde les thèmes de la femme dans la société européenne du XIXe siècle, le mariage, l’adultère et la vie provinciale, d’où certaines comparaisons faites avec Madame Bovary de Flaubert, et la planification par une femme d’un meurtre…le livre a été adapté en opéra par Dimitri Chostakovitch , opéra dénigré par les autorités russes et retiré par l’auteur, d’une première adaptation cinématographique en 1961 par Andrzej Wadja, une seconde en 1994 par Valeri Tororovski , The Young Lady en est la troisième adaptation. L’action s’est déplacée en Angleterre dans le conté de Northumberland, Katherine souffre en silence d’un mariage arrangé par son beau père, un noble rigide pétri de principes patriarcaux , et d’un époux, sans doute impuissant, qui la délaisse…elle se consolera dans les bras d’un palefrenier qui lui fait découvrir le plaisir ( on peut penser alors à l’amant de Lady Chatterley )… on assiste à la transformation dans un silence pesant, les dialogues sont réduits au minimum, de cette innocente jeune fille en meurtrière. C’est un film très léché, la photographie est magnifique, landes rousses assorties aux tenues de Katherine, longs plans fixes et symétriques du manoir vide, hiératisme glacé, mise en scène contrôlée ce qui donne au film une rigueur très théâtrale…ce qui n’est pas surprenant car William Oldroyd et Alice Birch sont metteur en scène de théâtre ou dramaturge. William Oldroyd fait ici ses premiers pas au cinéma et contrairement au langage qu’ils utilisent dans leurs spectacles théâtraux, ils choisissent la puissance de l’image…. Le dépouillement des décors même s’il relève d’un budget limité, sert magnifiquement le propos en soulignant la froideur et l’austérité des grandes demeures de l’aristocratie victorienne. La caméra enferme Katherine dans des pièces sombres et closes, alors que tout en elle aspire au dehors…la puissance érotique bien réelle reste elle aussi en coulisse… l’ambiance est de plus en plus irrespirable jusqu’à ce terrible dénouement seul moyen pour Katherine de retrouver sa liberté. Florence Pugh donne une interprétation palpitante d’une l’héroïne complexe, résolue et inquiétante…