Reprenant le thème de "L'énigme du lac noir" (The Secret of Convict Lake) de Michael Gordon tourné en 1951, Joseph M. Newman adapte le roman de Bret Harte ("The Outcasts of Poker Flat"). Ce film est tout à fait méconnu mais mérite vraiment le détour. C'est encore l'époque où le film noir (le polar) a encore un certain succès. Newman s'inspire donc de ce style en le transposant dans le genre westernien. Il joue admirablement de la caméra et des jeux de lumières contrastées, et ce, pendant tout le film. Dès la première séquence, le spectateur est mis dans l'ambiance sombre et tortueuse que le scénario entretient tout au long de l'histoire. Trois hommes avancent dans l'ombre de la rue principale de Poker Flat, en évitant de se montrer. Ils pénètrent dans la banque et fracturent le coffre. Mais ils se font repérés, ils tuent deux hommes. Les habitants, alertés, descendent deux des truands. Le troisième, Ryker, interprété par Cameron Mitchell, réussit à s'enfuir. Les citoyens décident de faire un grand nettoyage et bannissent de la ville les quelques indésirables parmi lesquels figurent un joueur de poker (Dale Robertson), Cal, la femme de Ryker superbement interprétée par Ann Baxter, Mrs. Shipton, une prostituée (Miriam Hopkins) et un vieil alcoolique un peu fou. Le trio va se retrouver isolé dans une cabane en plein hiver, bloqué par la neige. Bientôt, un personnage va faire son apparition, Ryker. Le brigand va régner en maître absolu sur le petit groupe et va se monter odieux et brutal. Cameron Mitchell joue un personnage psychotique avec brio, Ann Baxter, lui donne la réplique ainsi que Dale Robertson, tous excellents. Certes, il ne s'agit pas d'un grand western au sens pur du terme mais plutôt de la superbe mise en scène d'une confrontation psychologique de trois personnages principaux confinés dans un lieu unique et restreint. Un vrai film de ciné-club.