On peut parler de carrière féconde pour Hong Sang-soo. Depuis 1996, il a porté à l’écran une vingtaine de films et a récolté quelques grands prix dans les festivals. Cependant il a été parcimonieusement distribué en France en dehors du circuit Art et Essai. 270 000 entrées pour une vingtaine de films, c’est assez peu… Dans son nouveau long métrage, Yourself and Yours, Coquille d’argent du meilleur réalisateur au Festival de San Sébastian, il reprend l’un de ses thèmes fétiches, l’indécision amoureuse. Le point de départ est un jeune couple qui se sépare. Youngsoo est un jeune artiste peintre qui aime Minjung, une jeune femme qui présente une addiction à l’alcool…malgré ses promesses, Minjung aurait été vue par des amis du peintre, dans un bar, buvant avec un autre homme…Ce manque de confiance provoque la rupture, mais Youngsoo la regrettera vite et partira à la recherche de Minjung. Cette séparation devient une réflexion sur l’amour et sa capacité à se réinventer. Plus le film avance, plus Minjung s’entête à ne reconnaitre aucun des hommes qui l’abordent y compris les plus proches amis de Youngsoo…ment-elle, est-elle devenue amnésique, les hommes se trompent-ils ??? On comprend vite que comprendre ne sert strictement à rien et qu’il faut se laisser aller à l’étrangeté de cette histoire….le film est tourné avec peu de moyens, les changements de situations sont rythmés par une augmentation brutale du volume de la musique ponctué d’un écran noir, le coréen est toujours aussi râpeux à nos oreilles occidentales…Autour d’un verre de saké ou d’une bière, les personnages évoluent dans une réalité floue, instable et déformée…une variation sur le vrai et le faux, le réel et son double…un film en trompe l’œil pourrait-on dire…on ne comprend qui de Youngsoo ou de Mijung se prend au jeu de l’autre…le malentendu ne se dissipera pas, le couple trouvant dans cette amnésie, réelle ou supposée le moyen d’échapper à ses contradictions…Le film étant assez court, il se laisse voir sans déplaisir…