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FaRem
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3,5
Publiée le 8 mars 2019
En adaptant le roman de Richard Ford, Paul Dano livre un premier film très simple, mais qui peut parler à beaucoup de monde avec l'histoire de cet adolescent qui voit ses parents se séparer lentement. Un récit au coeur d'une saison, celle des changements qui vont à jamais bouleverser la vie de cette famille. Tous ces événements sont montrés à travers les yeux de l'enfant. Il voit son père perdre confiance à la suite de la perte de son emploi et sa mère qui commence à s'épanouir sans que l'on sache si c'est par manque d'affection ou par réelle envie de vivre sa vie de femme avec l'envie de ne plus être simplement considérée comme une mère et épouse. Un ado qui passe plus de temps à observer la vie de ses parents qu'à vivre la sienne. Si Joe est au centre de l'intrigue, c'est Jeanette, incarnée par l'excellente Carey Mulligan, qui crève l'écran. L'actrice excelle dans son rôle et éclipse tous les autres personnages. En la voyant, on a envie que le point de vue change pour apprendre à le connaître davantage et ainsi avoir son ressenti qui manque cruellement à l'histoire. Son ras-le-bol et tout ce qui va avec ne fait pas d'elle une mauvaise mère. J'ai trouvé son personnage vraiment intéressant et j'aurais aimé qu'il soit plus développé. Ce qui vaut aussi pour le film en général puisque je trouve qu'il manque un peu de profondeur et surtout d'émotion. Je ne peux pas dire que j'ai été réellement touché par l'histoire même si celle-ci est intéressante. En somme, des débuts réussis pour le réalisateur qui signe un bon film qui doit beaucoup à ses acteurs.
J'étais presque conquis d'avance : bande-annonce prometteuse, le talentueux Paul Dano passant pour la première fois derrière la caméra, un sujet sensible, l'ambiance si particulière des 60's... Et dans un premier temps, mes bonnes dispositions se sont plutôt confirmées. L'apprenti réalisateur sait trouver le ton juste, prenant le temps de nous présenter chacun des personnages, les situations faisant apparaître rapidement ce cadre de vie avec sensibilité. Malheureusement, Dano essaie tellement d'être sobre, subtil, élégant que cela devient vite un problème. À partir du moment où spoiler: le père disparaît (provisoirement) du récit , l'intérêt diminue fortement. J'ai beau comprendre où « Wildlife » veut en venir, cela devient franchement statique, n'évoluant quasiment plus niveau scénario et très peu dans l'évolution des protagonistes. Le comportement de la mère, spoiler: changeant presque du tout au tout dès le départ de son mari , n'est pas très crédible. J'ai eu beaucoup de mal à y croire de façon générale, les aspects qui auraient pu être intéressants restant trop secondaires (la relation entre Joe et Ruth, principalement). C'est lent, vraiment, vraiment lent, donnant presque l'impression que l'acteur de « Little Miss Sunshine » a raconté tout ce qu'il souhaitait dans la première moitié, se contentant ensuite de ressasser un mal-être, une mélancolie certes bien décrits, mais sans réels enjeux. Après, tout n'est pas à jeter non plus, malgré l'état quasi-léthargique dans lequel j'étais plongé. Dano soigne ses plans, sait utiliser la lumière, et même si cela n'apporte pas grand-chose à l'intrigue, les années 60 restent notamment l'occasion d'un très joli travail sur les robes de l'héroïne. De plus, sommes-nous gré au scénario de nous offrir un personnage secondaire spoiler: loin des odieuses caricatures habituelles pour incarner l'élément perturbateur (principal) dans la vie du couple . Enfin, côté interprétation, bien que son rôle ne m'ait pas trop plu, Carey Mulligan livre une jolie prestation, tout comme le jeune Ed Oxenbould, mais la vraie surprise vient surtout de Jake Gyllenhaal dans un registre inhabituel où il excelle de sobriété, de retenue. Il n'y a malheureusement guère que dans les dernières minutes où j'ai retrouvé un peu d'intérêt pour chacun, ce dénouement aussi spoiler: amer qu'apaisé étant très bien vu. N'empêche, « Wildlife » a été loin de me raconter la belle histoire à laquelle j'aspirais, l'émotion recherchée étant quasiment absente de bout en bout. Pour ses débuts, Paul Dano n'a pas fait dans la facilité. Mais au final, je me suis souvent ennuyé. Et ça, je ne peux pas vraiment le pardonner. Déception...
Le récit est limpide sur la forme et délicat sur le fond. Mais certains paramètres, certains passages sont sans doute un peu trop survolés comme par exemple les boulots des parents et, surtout, le job chez le photographe pour l'ado. Le plus gênant est que le traitement du couple occulte un peu trop l'époux, absent d'une grande partie de l'histoire. Par contre on apprécie que l'ado soit hors du cliché habituel de l'ado rebelle et/ou réfractaire, il est ici un enfant touchant et d'un respect pour ses parents qui est une chose maintenant hors norme. Le film doit aussi beaucoup à des acteurs parfaitement raccord avec leur personnage respectif. Paul Dano signe une chronique familiale amère et intimiste mais non dénué de tendresse. Site : Selenie
Avec « Wildlife », on a de suite envie de dire bravo à Paul Dano pour ses premiers pas derrière la caméra et pour cette réalisation magnifique, toute empreinte de délicatesse et de simplicité ! Son cinéma nous laisse totalement en suspens par l’extrême justesse du jeu de cet adolescent (Ed Oxenbould) à la sensibilité exacerbée, qui par son regard perdu et aux aguets, va nous rendre témoin d’un désamour inéluctable, d’une fracture sans retour et sans espoir ! C’est donc un cinéma avec une vraie signature, celle d’un réalisateur talentueux qui filme avec intelligence, respect et tout cela avec un grand sens de l’observation ! On a souvent le souffle coupé rien qu’à comprendre et interpréter tout ce qui se passe dans les yeux de cet ado de tout juste 14 ans. Encore un gamin et déjà presque un homme malgré lui, pour qui tout va trop vite, et qui semble aussi trop vite tout comprendre de la vie, des sentiments, du fonctionnement de l’être humain à travers cette mère encore jeune et belle qui aspire à une liberté, et ce père pourtant tendre, mais monolithique et incompris, enfermé dans un mal être sournois. On assiste ainsi de quelques fissures imperceptibles, à un total vacillement des structures de cette famille à laquelle le jeune Joe essaie coûte que coûte de s’accrocher. Chez lui tout force l’admiration, la bienveillance et le courage, ne serait-ce que par son comportement compréhensif, doux et protecteur envers sa mère Janet qui l’effraie pourtant dans son changement total de repère et d’attitude, et pour son père Jerry parti combatte un énorme incendie, sans qu’il n’en comprenne exactement la vraie raison ! Car le jeune Joe lui, a de l’amour à donner et ne demande qu’à en recevoir de la part de ses parents qu’ils voudraient tant voir unis et amoureux... « Que vont-ils tous devenir ? » se demande-t-il simplement. Pour l’accompagner dans cette fuite en avant, Carrey Mulligan et Jack Gyllenhaal sont tout simplement parfaits dans deux rôles d’une grande sobriété, en êtres fragiles et déracinés, égarés dans cette Amérique du Montana qui semble presque hostile à leur égard, en les éloignant et en les coupant du reste du monde... On ressent ainsi une extrême solitude, une sensation presque angoissante comme si cette famille était seule, en dépit de cet homme riche que rencontre Janet... Trois portraits extrêmement beaux, très sensibles, justes et profonds que Joe va, dans une scène finale superbe et bouleversante, magnifier très symboliquement à sa façon ! Un film pudique, tout en retenue et en humilité, mais extrêmement riche, débordant d’émotion et de sentiments. Encore bravo, franchement pour ce coup d’essai, ou plutôt ce coup de maître très prometteur !
Tombé amoureux du roman de Richard Ford, qui épousait sans doute les propres sentiments qu'il avait eus durant sa jeunesse, Paul Dano ne pouvait choisir un autre sujet pour son premier passage derrière la caméra. Wildlife séduit de prime abord par la qualité de sa reconstitution d'une époque, les années 60, et celle de son regard, via son héros adolescent, sur la dislocation progressive du mariage de ses parents. L'aspect social du film, avec ce couple qui trouve difficilement sa place dans le monde du travail, est aussi parfaitement montré dans une narration qui ne pâtit pas d'une mise en scène d'une grande simplicité et sobriété. La lente désagrégation familiale ne donne lieu à aucune scène spectaculaire, si ce n'est peu de temps avant le dénouement. En revanche, le côté "saison ardente" avec ces feux de forêt à proximité qui symbolisent également la brûlure du sentiment amoureux qui s'épuise est un peu moins incarné tant Wildlife capitalise beaucoup sur les gros plans d'un jeune garçon qui est de loin le plus adulte des trois protagonistes principaux. Ce déficit d'atmosphère extérieure est voulue, Dano souhaitant focaliser son propos sur l'implosion de la cellule familiale. Aux côtés d'un Jake Gyllenhaal qui ne donne peut-être pas assez de subtilité à son personnage énigmatique, c'est le duo mère-fils qui emporte l'adhésion, avec Ed Oxenbould, débutant prometteur, et surtout Carey Mulligan, remarquable dans un rôle d'épouse pas spécialement sympathique qu'elle rend magnifiquement vivante y compris dans ses grands moments de détresse. C'est une immense actrice.
Première réalisation de Paul Dano, c'est un début prometteur même si le film souffre de quelques défauts. Jake Gyllenhaal et Carey Mulligan endossent donc le rôle des parents. L'un va partir combattre le feu après la perte de son emploi, pour se prouver des choses à lui-même. L'autre, mère au foyer, va rechercher du travail et va assouvir une forme de liberté et de révolte, délaissant parfois son fils Joe. C'est du point de vue de ce dernier que nous allons assister à l'éloignement de ses parents. L'acteur qui l'incarne, Ed Oxenbould, déjà aperçu dans « The Visit » est très bon. Le rythme du film est lent mais on arrive à s'accrocher. La réalisation est correcte. J'aime beaucoup ce genre d'histoire, mais il manque de la profondeur et des émotions à ce drame. Je l'ai trouvé un peu trop « doux » à mon goût. C'est dommage, car la scène finale est très bonne et reste tout de même en mémoire. Un bon sujet, mais pas assez creusé.
Premier film en tant réalisateur pour le talentueux Paul Dano (Little Miss Sunshine, There will be blood...). Mais c'est surtout Carey Mulligan qui m'a attiré vers le film. J'ai une tendresse particulière pour cette actrice au physique d'adolescente (elle a trente-trois ans) et à la voix si envoutante, depuis Une éducation et Never let me go. Elle est une fois de plus formidable, aussi touchante que bouleversante. Le reste du casting est aussi très bien. Jake Gyllenhaal est très convaincant, tout comme les seconds rôles que sont Bill Camp et le jeune Ed Oxenbould (découvert dans The visit). Pour le reste, tout est beau ici. La mise en scène est aussi élégante que maitrisée, le scénario finement et intelligemment écrit, les images splendides, la direction artistique dans son ensemble une réussite. Cette histoire, douce amère, d'un adolescent qui découvre la vie au travers de ses parents qui se déchirent (tout autant qu'un certain portrait de l'Amérique des années 60), nous est conté avec une grande tendresse, une discrète pudeur et une belle délicatesse. Un très beau premier film empli d'une certaine mélancolie et d'une émotion toute contenue. On va donc suivre les traces de Paul Dano metteur en scène avec intérêt...
En 1960, au Montana, sous les yeux de leur fils unique, un couple se déchire. Jerry (Jake Gyllenhaal) vient de perdre son emploi et sombre dans la dépression. Jeannette (Carry Mulligan) étouffe de devoir porter à bout de bras un ménage qui bat de l’aile. Joe, quatorze ans, aimerait avoir une adolescence normale.
Il y a deux façons de juger le premier film de Paul Dano, jeune acteur hollywoodien passé derrière la caméra, voué à une gloire précoce pour ses seconds rôles dans "Little Miss Sunshine" ou "There Will Be Blood". La première est de bâiller d'ennui à ce film au rythme volontairement lent, à l'intrigue minimaliste, au sujet déprimant.
La seconde, au contraire, est de souligner son élégance, sa sobriété, sa pudeur. Car, si le divorce est un sujet cinématographique rebattu (de "Kramer contre Kramer" à "Jusqu'à la garde" en passant par "Une Séparation" voire "Mrs Doubtfire"), on l'aura rarement filmé avec une telle sensibilité. Tout se passe dans les décors désolés d'un Montana automnal - qui n'est pas sans rappeler ceux tout aussi désolants du récent Certaines femmes de Kelley Reichardt - merveilleusement éclairé par la très belle photographie de Diego Garcia.
L'action se déroule au tout début des années soixante, dans une Amérique conservatrice où Kennedy n'a pas encore succédé à Eisenhower. Les intérieurs proprets et ennuyeux rappellent les tableaux de Edward Hopper. Le personnage interprété par Carrey Mulligan (pour laquelle je nourris une passion enflammée depuis son premier rôle dans "Une éducation" de Lone Scherfing) n'est pas sans rappeler ceux de ces femmes américaines filmées par Sam Mendes ou Todd Haynes enfermées dans un quotidien sclérosant qui soudain se rebellent. Au début de "Wildlife", on croit que l'histoire tournera autour de Jerry ; mais bientôt le récit se désaxe pour se focaliser sur Jeannette, ses frustrations, ses transgressions.
L'histoire est racontée du point de vue de Joe. Elle évite les scènes attendues, explosives ou larmoyantes. Elle nous réserve un épilogue inoubliable, intelligent, réconcilié.
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1,5
Publiée le 4 août 2020
Dans les années 1960, la famille Brinson déménage et se retrouve au Montana. Jerry (Jake Gyllenhaal) perd son emploi alors que sa femme Jeanette (Carey Mulligan) et son fils adolescent Joe (Ed Oxenbould) prennent des emplois pour aider. Jerry décide qu'il va combattre les incendies et quitte temporairement sa famille. Maman à 34 ans trouve passion et sécurité avec un homme plus âgé. Joe est pris au milieu. Au début des années 60 le divorce était rare. En grandissant à cette époque je pouvais compter le nombre de couples que je connaissais qui avaient divorcé d'un seul doigt. Les gens ont surmonté leurs problèmes et leurs infidélités. Jake Gyllenhaal a tendance à assumer des rôles étranges ou ennuyeux. Celui-ci n'était pas différent. Alors que je vais vous accorder de bonnes performances a Ed Oxenbould. L'intrigue n'est allée nulle part et le drame n'a pas fonctionné pour moi. Un film sans aucun point ni conclusion une déception totale. Déprimant et morne. Il doit avoir été écrit par un homme car aucune femme n'agirait de cette façon autour de son fils surtout à cette époque...
« Wildlife – une saison ardente » est le premier long-métrage du comédien Paul Dano. Il s'agit de l’adaptation du roman de Richard Ford. Au cœur d’une famille américaine dans les années 60, un adolescent solitaire va être le témoin de l’éclatement du mariage de ses parents. Alors que les personnages des parents joués par Carey Mulligan et Jake Gyllenhaal sont brillamment écrits et interprétés, c’est bien grâce à celui d’Ed Owendould que le spectateur y trouvera toute l’émotion du film. En effet, le drame familial est souvent au cœur des histoires dans ce type de cinéma. Ici, le film va prendre une tournure de récit initiatique pour cet enfant qui va devoir devenir adulte face à des situations brûlantes ou glaciales. Car c’est bien le feu et la neige qui vont guider les parents dans leurs erreurs et au fils de subir sans jamais pouvoir agir. Un film juste et délicat. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
Avec "Wildlife – Une saison ardente", le comédien américain Paul Dano se lance dans la réalisation en adaptant « Une saison ardente », un roman de Richard Ford publié en 1990. Intéressé par le sujet de la famille, il a trouvé dans ce livre deux caractéristiques qui, pour lui, symbolisent ce sujet : l’amour et les turbulences. C’est avec sa compagne Zoe Kazan qu’il a écrit le scénario de ce film, présenté cette année en ouverture de la Semaine de la Critique du Festival de Cannes. D’une facture très (trop ?) classique, le premier film réalisé par Paul Dano s’avère plutôt décevant, le sujet traité, la déliquescence d’un couple, ayant déjà fait l’objet d’œuvres autrement plus fortes. On retient surtout de Wildlife – Une saison ardente, le rôle important joué par le fils du couple, témoin impuissant de leur naufrage.
Quand on voit la bande annonce, on comprend que l'on va voir un film dramatique et triste. C'est tout à fait le cas. C'est un film absolument magnifique et remarquable qui m'a énormément plu. C'est un drame intimiste familial captivant et de toute beauté. Cela parle d'une famille, le père, la mère et leur fils de 14 ans, sur quelques mois, aux Etats Unis, pendant l'année 1960. Les parents sont mariés depuis longtemps, la lassitude s'est installée mais ils tiennent bon. Le gros bouleversement familial va venir suite au licenciement du père, son éloignement provisoire pour un autre nouveau travail et aussi le travail de la mère qu'elle va prendre pour boucler les fins de mois car elle va y rencontrer un autre homme. Leur fils adolescent va subir tout cela, être témoin de l'éclatement familial. On se met bien à la place de toute la famille, on comprend le père, on comprend la mère et bien évidemment le fils. J'ai été très touchée par cette histoire familiale et les souffrances des trois protagonistes. Le film est particulièrement bien réalisé et interprété, c'est profond, sincère, sensible et bouleversant. Aussi c'est très délicat et lent et les environs géographiques sont très beaux. Vous aurez compris que cette histoire m'a énormément plu, touchée et émue.
Le premier film en tant que réalisateur de l'acteur Paul Dano est une réussite formelle.
Wildlife propose une reconstitution convaincante des années 60 dans un coin perdu du Midwest. La photographie est somptueuse, à tel point que certains plans rappellent irrésistiblement des tableaux d'Edouard Hopper.
La composition du jeune Ed Oxenbould, impuissant spectateur de la déliquescence du couple parental, est très solide. Jake Gyllenhaal ne fait pas grand-chose et le fait bien, Carey Mulligan en fait plus, avec beaucoup de mobilité dans le visage, comme à son habitude.
Malgré quelques tics de mise en scène, le résultat est plutôt intéressant à regarder, dans un mode vaguement féministe et agréablement allusif. L'intrigue n'est guère développée, mais ce n'est pas très grave, Wildlife est avant tout un film d'ambiance.
"Wildlife" est un film indépendant américain fait par un acteur, écrits par des acteurs, pour des acteurs. Premier film de Paul Dano qu'on a pu voir dans "Little Miss Sunshine" ou "Prisoners", il vient nous surprendre par son histoire à la fois forte et piquante, malgré la banalité de son sujet. Peut-être peu convaincant pour tous par son manque d'action, "Wildlife" est à prendre dans sa brutalité. L'histoire est simple. On suit la dislocation d'un couple du point de vue interne de leur fils unique de 14 ans. Cette brisure, à la laquelle il assiste impuissant, marquera la fin de son enfance. Adapté d'un roman, première réalisation d'un acteur, film indépendant, drame conjugal et intimiste, "Wildlife" a de quoi être en marge de la norme des productions américaines habituelles. A premier abord, on pourrait avoir l'impression qu'il ne raconte pas grand chose, que les plans s'éternisent et que l'ensemble manque de réponses concrètes. En y réfléchissant, ce sont ces singularités qui font de "Wildlife" un film qui ne passe pas inaperçu et qui nous trotte dans la tête quelques jours après son visionnage. Souvent, ça se déroule en silence, en hors-champs. Le rythme est lent mais habité et tendu. Les scènes de vie quotidienne sont progressivement bousculées vers un point de non-retour, de fracture. C'est un cocon qui s'effondre aux yeux d'un adolescent en perte de repère, voire d'amour. A la fois récit initiatique et drame conjugal, "Wildlife" surprend par sa souffrance muette, ses non-dits et ses comportements incompréhensibles. De cette simplicité minimaliste né un profond chaos, irréparable. Le fait qu'il soit réalisé par l'acteur Paul Dano n'est pas anodin car le fil rouge est tenu par la qualité de jeu millimétrée des acteurs. Le tandem de Carey Mulligan et de Jake Gyllenhaal est au coeur de ce sentiment d'étouffement. L'une est insupportable, l'autre agit sans comprendre et la passivité du gamin sidère par moment. On les sent habité par leur rôle bien avant que la scène nous soit offerte. Ils ont les réponses que nous recherchons mais ne les exprimeront jamais explicitement et c'est là tout le charme envoutant que le réalisateur parvient à invoquer. La tension théâtrale, magistrale entre les deux acteurs préserve une sobriété quotidienne déconcertante. L'émotion se veut douce sans être pathos, et la banalité du thème contourne tous les clichés avec une grande justesse. L'emprise du film se fait sur la durée, entre silence et tumultes cachés. C'est là qu'on a hâte de revoir Paul Dano derrière la caméra suite à cette première oeuvre réussie et très prometteuse. Surprise agréable, assez déconcertante et universelle.