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Eric C.
240 abonnés
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4,0
Publiée le 8 septembre 2019
Un film satirique sur le système chinois et son imbroglio de fonctionnaires, du plus petit responsable de village en remontant par tous les échelons jusqu'au pouvoir central à Pékin. Au départ une petite histoire anodine d'une paysanne qui veut porter plainte contre son ex mari pour faux divorce expliquant que la procédure engagée était un prétexte à une petite arnaque pour se remettre ensuite ensemble sauf que ce faux divorce est devenu réel, le mari se remariant avec une autre. Sa demande presque ridicule et burlesque, ses explications, ne sont pas prises au sérieux par les autorités locales qui vont valider le divorce légalement établi. C'est le début d'un combat judiciaire procédurier et qui va monter les niveaux de la hiérarchie d'autant qu'au passage l'honneur de cette femme est remis en cause et bafoué. Elle va se battre comme une lionne, se butant, s'arqueboutant de plus en plus sur ses positions jusqu à atteindre le plus haut niveau du pouvoir à Pékin. Un combat de plus de 10 ans, faisant des victimes au passage par des fonctionnaires limogés, chacun craignant peu à peu pour son poste et s'en prenant à son niveau inférieur immédiat construisant ainsi une chaîne de terreur devant cette femme seule, véritable terreur et sorte de Don Quichotte se battant contre les moulins à vent du pouvoir chinois et ses dysfonctionnements ainsi que sa complexité par ses différentes strates hiérarchiques et son organisation territoriale. Un film qui est le parcours triste d'une femme indignée, tourmentée, têtue, courageuse et déterminée mais qui est rythmé par beaucoup d'humour de situations cocasses et la peur de chacun de perdre son poste et ses privilèges. Admirable Fan Bingbing assez méconnaissable car presque enlaidie par des vêtements grossiers de paysanne et un laisser aller physique sans fard ni atours. Une prestation exceptionnelle récompensée par de nombreux prix et un film magnifique, caustique, satirique et passionnant par ce combat qui se transforme presque en énorme farce même si à la fin sa raison première donne un sens plus existentiel et profond à ce parcours atypique et tenu. Grande intelligence, réalisation originale par l'utilisation de vignettes rondes où l'image est insérée assez souvent et surtout une très très grande actrice.
J'étais passée à côté de ce film lors de sa sortie en salles, un peu rebutée par l'aspect formaliste, d'autant plus que le film est assez long . A tort : c'est un très beau film, remarquablement mis en scène ( en particulier la photo est splendide) et interprété (on comprend pourquoi Fan Bingbing est une star dans son pays). Au-delà de l'histoire , le film nous propose une satire de la bureaucratie chinoise et plus largement de certains aspects de la société chinoise (ou de ses lois); C'est certes un peu long (2h20), mais ça permet de bien développer l'histoire . La scène finale (et plus précisément la confession que fait l'héroïne à un personnage qu'elle avait croisé des années auparavant et qu'elle revoit par hasard) est bouleversante. Elle permet de porter un autre regard sur ce qu'on vient de vivre (intéressant de revoir le film à l'aune de cette révélation). J'en viens au "point qui fâche" : le formalisme excessif avec ce changement de formats : dans un cercle, dans un format rectangulaire peu usité, et pour finir dans un format large (façon scope) plus habituel. Ca voulait sûrement dire quelque chose dans l'esprit du réalisateur, mais ça n'était pas indispensable (et c'est un peu contradictoire avec le fond réaliste du film). Dommage, car ça peut faire passer à côté d'un excellent film...
Franchement, j'ai des regrets de ne pas avoir vu ce film en son temps, au cinéma...Je l'ai trouvé même sur écran plat tout à fait remarquable. L'histoire d'abord est une histoire d'honneur presque ainsi présentée entre une femme voulant se venger d'être abandonnée et son ex.….Il y a des scènes remarquables, dont une (en assemblée politique), des dignitaires filmés de dos, qui est pleine d'intelligence, elle fortifie le discours qu'on entend….Et puis les changement de format dans l'image créent un intérêt supplémentaire ( entre image circulaire (médaillon) et image en 4/3), c'est innovant…..Il montre aussi l'embarras de tout un système, d'une société hiérarchisée devant l'obstination d'une femme à faire connaitre la vérité...La mise en scène est captivante sous plein de points de vue….la technique, les dialogues, la musique, la photographie…Il y a beaucoup de finesse dans la réalisation, …Du coup on se passionne autant pour la forme, et encore plus pour le fond du film, le message politique et humaniste, aux couleurs d'une chine autocrate et absolue….Pour moi on approche le chef d'œuvre, et au prix d'une certaine audace , on sort très convaincu de la projection…..Je conseille vraiment ce petit bijou de cinéma….
Etonnant dans la lumière comme dans la prise de vue ou encore la mise en scène, "I am not Madame Bovary" est une véritable surprise. Alternant un cadrage rond et rectangle, le réalisateur chinois fait preuve d’une audace et d’une ingéniosité techniques qui servent son récit d’une manière forte et créative, renforçant ainsi le sentiment d’une lutte vaine et désespérée.
Partant d’une demande de divorce et du combat d’une femme pour obtenir réparation face à une administration sourde, "I am not Madame Bovary" livre avec grâce une véritable satire de la Chine d’aujourd’hui et un réel plaidoyer féminin. Beau et délicat dans sa mise en scène, I am not Madame Bovary n’en est pas moins triste et cruel dans les sentiments qu’il dégage.
de chroniques sur mon blog : plumeetpellicule.wordpress
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4,0
Publiée le 14 janvier 2019
Ne cherchez pas un lien quelconque avec l’oeuvre très riche de Gustave Flaubert, il n'y en a pas! Film chinois ètrangement triste, "I Am Not Madame Bovary" l'est à plus d'un titre! Bien curieux titre que cette fresque ironique et malicieuse de plus de 2h où le spectateur doit se reporter au titre original, "Wo bu shi Pan Jin Lian", pour commencer à en percevoir le sens! La mise en scène de Xiaogang est d'une invention et d'une intelligence remarquables! Plus ètonnant encore : le format miniature du film, fascinant et chavirant parfois la rètine, ce qui en intensifie l'atmosphère contemplative! Fan Bing-Bing se montre parfaitement à la hauteur en èpouse dèbauchèe qui se bat seule contre une administration chinoise sans scrupules! La sociètè est terrible pour elle! Femme infidèle et indigne, point final! Au grè de ses dèsilusions, au fur et à mesure des coups qu'elle prend, Li Xuelian devient un personnage mythologique qui a conspirèe avec son amant pour assassiner son mari! En somme, une belle expèrience cinèmatographique qui n'exclut pas les lenteurs et les proverbes! Et encore moins le bon temps et la balade dans la capitale chinoise! Mais la photo, si belle, cache les zones d'ombres de l'hèroïne injustement accusèe par son ex-mari d'être une dèpravèe et une conspiratrice! La mise en scène n'est dèlicate que pour mieux rèvèler, dans son final, le chagrin et la cruautè...
La photo est à couper le souffle; chaque plan à été étudié esthétiquement on dirait, même si ce n'est pas forcément mis en avant comme dans les films d'art martiaux etc. Le film m'a marqué par son authenticité.
Superbe film, grave, léger ; dérision et passion se conjuguent, en arrière plan des institutions qui s'interrogent devant cette émergence d'un désir dont la racine ne nous est dévoilée qu'à la fin. Fan Bingbing est superbe, elle joue le rôle d'une femme obstinée qui est la victime d'un mari infidèle dans un environnement qui ne l'a comprend pas et qui lui est hostile. Elle est très convaincante et très belle.. A revoir !
sans s’y attendre, I Am Not Madame Bovary se dévoile comme un drame faisant face à l’ironie du sort. En construisant son film autour d’un sujet vif et actuel, Feng Xiaogang aurait très bien pu sombrer dans le pathétique. Pourtant, l’autodérision de l’héroïne, présente à travers son comportement abusif, apporte une touche de finesse à l’intrigue. La dimension sarcastique se révèle être omniprésente, que ce soit tant dans le caractère des personnages que dans certaines mises en scène. Mêler une pointe d’humour à la tragédie de la situation, voici sans aucun doute la réussite de cette oeuvre.
Une paysanne se perd dans les méandres de l'administration chinoise pour tenter de faire annuler le divorce fictif obtenu par son mari. Feng Xiaogang est connu en Chine pour ses films populaires imbibés de critique sociale. Je ne suis pas madame Bovary est une satire féroce de la bureaucratie chinoise dont la médiocrité et l'incompétence sont sévèrement épinglées. L'administration est même ridiculisée par cette femme qui enchaîne procès sur procès pendant 10 ans. Le film est remarquablement mis en scène et interprété mais il a pour écueil un véritable formalisme technique avec l'utilisation quasi permanente d'un rond dans lequel se passe toute l'action, hormis pour les scènes pékinoises où l'écran devient vertical. Cela donne l'impression de regarder le film à travers un télescope, ce qui est pour le moins inconfortable. S'ajoute à cela une longueur excessive (2H20) et de très nombreuses lignes de dialogues, souvent mordants, parfois difficilement compréhensibles pour un occidental tant les arguties judiciaires y sont opaques. Le film est néanmoins agréable à suivre, même sans loupe, et impressionnant de maîtrise. Remarqué au Festival de Toronto, il a décroché la récompense suprême à celui de San Sebastian.