Les Coréens sont les rois du thriller, ça on le sait. Le début du film de Kim Seong-hun, qu'on avait déjà remarqué grâce à Hard Day (moins brillant sans doute que Park Chan-wook -mais qui ne le serait? ou que Bong Joon-ho, mais plus axé sur la critique sociale) est flippant, carrément flippant. Qu'est ce qui fait peur? voir l'infortuné héros dans une situation où l'on pourrait soi même se trouver. C'est pourquoi les films de zombis nous font juste rigoler, et même ceux où des chirurgiens fous retirent des organes à l'innocente victime pour en faire bénéficier un richissime vieillard (thème récurrent); là encore, on n'y croit pas une seconde..... Eh tiens, je suis sûre que le Projet Blair Witch ferait beaucoup moins peur à notre époque "tu rigoles, moi me perdre dans une forêt, j'ai un GPS sur mon smartphone".
Tandis que le tunnel..... quand on est légèrement claustrophobe (qui ne l'est un peu?), un long tunnel inquiète toujours un peu. Mais quand on est bien claustrophobe, alors le début de Tunnel vous fait fliiiiiipppper de folie.
Jung-soo, un jeune cadre dans les usines de voitures Kia (le séduisant Ha Jung-woo) rentre retrouver sa femme et sa fille, avec le gâteau d'anniversaire, mais pas le chiot que le petite espérait. T'inquiètes pas, fillette, tu l'auras, ton chien -à la fin.... Et le tunnel, le tunnel à travers la montagne s'effondre, de part et d'autre, des kilomètres de voûte écrabouillée, de roches et de terre. Il va y rester plus d'un mois. Il est coincé dans sa voiture, petit à petit il arrivera à en sortir et à dégager une aire tout autour. Mais impossible de faire mieux.
Vite prévenus -Jung-soo a encore un portable bien rechargé-, les secours sont là, dans un incroyable magma de journalistes, de politiques, et Kim canarde tous azimuts. Les média prêts à tout, n'attendant au fond qu'une bonne petite mort en direct -où alors, un record du monde de survie sous terre! -les politiques, qui devant les média, promettent de tout faire mais, in petto trouvent que cela coûte bien cher.... Manifestement, les entreprises de travaux publics ont fait des économies sur le cahier des charges, et on comprend que ces économies ont fini dans la poche de quelques uns. Bref, le Pays du Matin Calme a de gros problèmes de corruption et, en ce qui concerne le comportement des politiques et des journalistes, il n'a rien à envier à l'occident. Des événements récents, avec la démission de la présidente, nous ont appris qu'il n'y a que les matins qui soient calmes....
On passe donc d'une scène "sous terre" à une scène "à la surface". La femme de Jung-soo (Doona Bae, que l'on a vue dans nombre de productions coréennes) est là, gardant espoir malgré tout; et celui qui donne l'espoir à tout le monde, c'est le chef des sauveteurs, Dae-kyoung (Oh Dai-su) qui, bien qu'il soit encadré par une équipe de bras-cassés, va se battre, prendre des risques, s'impliquer personnellement -et qu'on verra drôlement à la fin du film écrire une lettre d'excuses parce qu'il a proféré des gros mots devant la ministre des transports.... Mais ce drame a également révélé Jung-soo, qu'on voit au début comme un jeune homme gâté un peu arrogant, mais qui plus tard n'hésitera pas à partager le peu d'eau qui lui reste avec une jeune fille mourante découverte dans une autre voiture. Bref, contrairement à Chan-wook.... il y a une morale!
Le principal reproche à faire au film, c'est qu'il est trop long! (encore un....) Sinon, ça vaut le coup!