Bon alors là, moi, je ne comprends pas… Le cinéma coréen a beau être un cinéma très riche et très dynamique, il est malgré tout assez rare de le voir peupler nos salles de cinéma. Du coup, on pourrait se dire que les quelques élus doivent certainement être les meilleurs représentants du septième art issu du matin calme. Eh bah même pas... En tout cas, pour moi, « Tunnel », ce n’est clairement pas le genre de film qui mérite le détour. Alors OK, formellement c’est propre ; ça respecte le standing habituel des films coréens voués à l’export, et j’ai envie de dire que c’est toujours ça de pris. Mais au-delà de ça, bah j'ai envie de dire que l'intérêt de ce film est quand même très limité. Ce type de scénario catastrophe basique, on l’a vu cent fois et, malheureusement, ce film n’y apporte aucun traitement vraiment original. Pourtant au départ, j’étais encore prêt à y croire. Le film a l’intelligence de ne pas réduire son aventure au seul gars qui se retrouve dans le tunnel (parce que bon, ce genre d’exercice de style, ça va une fois.) Au contraire, « Tunnel » s’efforce de broder tout autour de cet événement central une intrigue à base de remises en cause du système politique, du système de services publics, du système médiatique… Mais bon, franchement, encore une fois c’est du déjà-vu. Je suis même surpris de la densité de films coréens qui ont recours à ces cartes là. Et pour le coup, je trouve même que « Tunnel » n'a pas su exploiter ce filon bien longtemps, limité qu'il était par une approche trop basique de la question. Parce que oui - et c'est sûrement là que se trouve l'essentiel du problème de ce film - c'est qu'au lieu de chercher à creuser le concept vers une voie originale et osée, « Tunnel » préfère opter pour le remplissage industriel d'éléments formatés et standardisés déjà vus partout ailleurs. Ce n'est certes pas le cas au début, mais ça finit par s'installer au fur et à mesure que le film avance. Ficelles scénaristiques assez grossières, gros moments de pathos bien dégoulinants, opposition binaire entre personnages... Et tout ça a en plus le malheur de se répéter et se répéter encore... Et ça en vient du coup à faire se poser une question toute bête : mais pourquoi avoir fait aussi long ? Parce que c'est long ! Mais d'un long ! Plus de deux heures quoi ! Moi, personnellement, j’ai à peu près tenu une grosse demi-heure, espérant que quelque-chose d'un peu original se passe, et puis après le film m'a progressivement usé. En sortant de cette séance, j’étais tellement rincé d'ennui et déçu par cette démarche sans sel, que j'en suis venu à me poser une question : « Pourquoi ? » Oui : pourquoi ce film là a eu le droit à une distribution chez nous et pas d’autres ? Malheureusement, je pense que la réponse est assez triste. « Tunnel » est clairement un film coréen qui a été PENSÉ pour l’export : gros budget, scénario lisse et passe-partout qui ne contient aucune barrière culturelle de taille, musique pompière digne des standards US, et même la présence de Doona Bae, déjà vue chez les Wachowski… Alors certes, c’est propre techniquement et le début a le mérite d'être efficace et sans trop de fioriture. Mais bon, faire aussi vide, aussi standard et aussi long, pour moi ce n’est clairement pas possible. Ce film, il m’a juste fait sombrer dans l’ennui le plus profond. Et pour moi, ça, c’est le baromètre le plus révélateur qui soit quand il s’agit de parler d’expérience de cinéma…