Le réalisateur-acteur-producteur-animateur de télévision de ce film québécois, son premier, a voulu courir deux lièvres à la fois, mais il n’en atteint finalement aucun, car ces deux thèmes, sans aucun rapport entre eux, ne fusionnent pas !
Ces deux thèmes sont les suivants : les conséquences parfois mortelles du harcèlement anti-homosexuel dans les lycées et collèges, qui peuvent, comme ici,
pousser un jeune au suicide
; et le désir de prendre une revanche en gagnant une compétition sportive, par un concurrent qui n’a aucune chance au départ, mais finit, comme toujours au cinéma, par gagner – avec, une fois de plus, l’habituel déluge de niaiseries proférées dans le monde sportif@: donne tout, va jusqu’au bout de tes rêves, et autres platitudes.
Bref, Tim et Francis s’aiment sans se le dire, c’est établi dès le départ lorsque Tim a la velléité
d’embrasser sur les lèvres son camarade qui dort, mais il n’ose pas
, et lorsque Francis lui crie
“Je t’aime” juste avant de sauter du haut d’un pont
. Donc, incontestablement, ils
n’ont rien fait ensemble
. Mais, harcelé par un groupe de camarades du lycée qui ont découvert – ou souçonné, ce n’est pas certain – son homosexualité, Francis
se suicide
, et Tim ne cherche plus qu’à se venger du chef des harceleurs, un nommé Jeff, qui le harcèle aussi, sans plus de raison que sa camaraderie avec Francis. Or il se trouve que Jeff est le champion du lycée pour la course à pieds de deux cents mètres, qu’il a parcouru en une minute et cinquante-quatre secondes, d’où le titre du film. Mais Tim est aussi bon coureur, quoique moins rapide, et il décide de battre Jeff lors de la prochaine compétition. Naturellement, comme toujours au cinéma, il triomphe, mais Jeff se venge à son tour en mettant en ligne une vidéo où l’on voit Tim et le défunt Francis
copulant dans un coin sombre. Et là, le scénario sombre dans le ridicule : d’où sort donc cette vidéo ?
La fin parachève ce ridicule : Tim a quelques notions de chimie, et il
fabrique une bombe qu’il dépose dans la boîte de nuit où Jeff et ses copains font la fête, mais il se ravise au dernier moment, se pointe sur les lieux pour sauver tout le monde, et c’est lui qui est tué dans l’explosion !
Iil paraît que ce fabuleux navet est projeté dans les écoles du Québec. Pas les écoles de cinéma, on espère !