A la vision de ce petit film plutôt passé inaperçu, on ne peut s’empêcher de constater que la plate-forme de VOD Netflix recèle bien plus de bons films dans ses petites productions comiques et dramatiques que dans ses blockbusters ou ses films horrifiques, généralement bas de gamme ou ratés. Il y a des exceptions comme « Birdbox », mais elles sont plutôt rares et cette généralité tend de plus en plus à se confirmer comme le prouve ce « Kodachrome » qui part d’un postulat assez iconoclaste et nous convainc tout à fait. En effet, on y voit un père en phase terminale de cancer souhaiter que son fils à qui il ne parle plus depuis dix ans l’accompagne pour développer des photos dans le dernier laboratoire au monde capable de développer ce type de pellicule appelées Kodachrome, un endroit qui va arrêter ce type de développement. Le titre mystérieux du film vient donc de là. Ce voyage de New York au Kansas dont les enjeux et conséquences sont certes prévisibles, entre pardon et réconciliation, est de fort belle tenue. C’est certes le genre balisé du road-movie, notamment sur le sol américain, qui va servir d’écrin à ce mélodrame juste et touchant porté par un casting sympathique dominé par Ed Harris. L’acteur est parfait en vieillard mourant, à la fois blessant et désobligeant mais d’une franchise sans borne. Face à lui, Jason Sudeikis étonne dans le rôle du fils. Loin des comédies à l’humour gras dans lesquelles on a l’habitude de le voir comme l’excellent « Les Miller, une famille en herbe » ou « Comment tuer son boss? », il montre ici une autre facette de son talent. On se laisse cependant à imaginer ce qu’un acteur de la trempe d’un Tom Hardy ou d’un Adam Driver aurait fait de ce rôle et sur quelle confrontation magistrale cela aurait abouti avec Ed Harris. Entre les deux, la douceur d’Elizabeth Olsen fait bel effet.
Bien sûr, il y a pas mal de lieux communs dans « Kodachrome » comme ces arrêts sur la route entre motels et rencontres destinées à pimenter le récit, typiques des road-movies. On trouve aussi que durant lesdites pauses, il manque de seconds rôles mémorables et de personnages truculents. Et comme on le disait précédemment, tout cela est un peu cousu de fil blanc et attendu. Certes. Mais c’est toujours juste et la plupart du temps touchant, grâce à la prestation des acteurs mais aussi à la sobriété de la mise en scène de Mark Raso dont c’est le premier film. On s’attache aux personnages et à leurs affects et la plus grande gageure du film est de ne jamais verser dans l’émotion facile ou un dolorisme de mauvais aloi auquel un tel sujet aurait pu se prêter. Le final est vraiment beau, d’une pudeur incontestable qui ajoute encore de la valeur à ce petit long-métrage qui ne paye pas de mine mais touche en plein cœur. Même l’histoire d’amour qui se greffe au sujet principal sonne juste et se marie à merveille à l’ensemble. On notera deux magnifiques scènes. Celle, évidente, des aveux d’un père à son fils et celle où une nuée de photographes professionnels rendent hommage à l’un des leurs de la plus belle des manière. « Kodachrome » n’est pas le film de l’année mais sans conteste un joli film.
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