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Hotinhere
547 abonnés
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3,0
Publiée le 26 septembre 2022
Une ballade existentielle pleine d’humour et de tendresse (à défaut d’un scénario transcendant) qui dresse le portrait d’un vieux cow-boy au crépuscule de sa vie, se raccrochant aux petits plaisirs du quotidien, illuminé par l’interprétation hyper-attachante d’Harry Dean Stanton qui boucle la boucle avec classe.
Lyle Straight, le frère d'Alvin d'Une histoire vraie, a vieilli. C'est un vieux loup solitaire, mais finalement assez entouré dans cette petite ville où tout le monde connait tout le monde. Il est en forme, fait 5 exercices de yoga chaque matin, mais le corps finit par lâcher. Se voir confronté à sa mort prochaine le rend triste et bougon mais quand il finit par lâcher prise et vivre pleinement les quelques derniers jours de sa vie tout s'éclaire. Sobrement fait, avec un charme certain ce petit film est touchant.
Lucky est un film mais c'est avant tout un visage, celui d'Harry Dean Stanton qui tire ici sa révérence de la plus belle des manières. Décédé le 15 septembre 2017, l'acteur n'aura pas pu voir son sublime baroud d'honneur sorti dans nos salles le 13 décembre. Sachant cela, le film de John Carroll Lynch prend une autre dimension qui lui fait traverser l'écran mais, cet encrage dans la réalité n'ajoute rien à sa force tant les déambulations routinières de notre vieux cow-boy solitaire viennent effleurer nos émotions à coups de stimulus d'une incroyable efficacité. A travers un quotidien, on découvre un homme aigri mais perspicace, presque au bord du précipice, attaquant chaque jour avec une récurrence désincarnée mais toute en contradictions assumées, comme en témoigne dès les premières minutes cette cigarette du réveil formidablement interrompue par quelques exercices de yoga. De là, lancé à la vitesse d'une tortue au galop, à travers de simples rencontres quotidiennes, va se révéler à nos yeux un homme fragile et touchant, pudique face à ses pairs et masquant ses faiblesses derrière une agressivité âcre. Au rythme d'une bande son oscillant entre un blues nuageux et un harmonica accompagnant les éclaircis, on se fond doucement dans un visage qui a rarement aussi bien porté le poids des années. Et lorsque Lucky s'illumine, lorsque ses rides frémissent sous les coups de béliers d'une émotion trop longtemps refoulée pour s'extérioriser pleinement, à croire que les traits de son visage ne s'en souviennent plus, la magie opère et le message passe comme le temps, doucement. La mort anticipée, celle que l'on redoute, celle que l'on prépare mais qu'on ne doit pas attendre, celle qu'on doit accepter coûte que coûte pour pouvoir de nouveau détendre les muscles de notre visage. Pas à pas, visuellement lent et subtilement houleux, tel est le reste du chemin de Lucky, grand-père oublié à la recherche d'une direction à choisir pour parcourir le plus légèrement possible les quelques kilomètres qui le rapprocheront de l'arrivée. Que la lenteur est belle !
Le contexte dans lequel ce film a été réalisé, de même que certaines coïncidences sont aussi prégnants que le jugement esthétique qu'on lui porte. Ce qui rend Lucky émouvant est bien sûr la superbe interprétation d'un grand acteur qui ne fut que second rôle dans des films importants, à l'exception de Paris Texas, dont on pense ici et à mon avis d'une manière exagérée. Lucky évoque plutôt Une histoire vraie (lors de la scène du récit de guerre surtout), magnifique et méconnu film de David Lynch. Le cinéaste choisit de "filmer" au corps un vieil homme dans les habitudes basiques de sa vie, sans compassion ni d'ironie mal placée. Dernier film d'Harry Dean Stanton, qui fêta es 90 ans lors de la dernière semaine de tournage et dont la silhouette triste et la face lugubre resta inoubliable, l'acteur finira sa carrière par un sourire. Le film, très inspiré par la propre vie de l'interprète (guerre dans la marine, chanson, métier de cuistôt), est réalisé par John Carroll Lynch, homonyme de David Lynch qui, bizarrement, joue un rôle émouvant dans le film. De plus, l'oublié Tom Skeritt fut le compagnon d'infortune de l'acteur principal dans Alien. Ceci est troublant et suscite une émotion décuplée dans Lucky dont la deuxième partie (après la chute) est la plus réussie. Un temps, nous regrettons qu'un cinéaste plus inspiré n'ait pas plus développé un scénario souvent répétitif. Mais, au moins, à travers le beau regard triste de Dean Stanton, nous percevons son acceptation de sa mort réelle, il semble enfin préparé à la mort. la rencontre entre la fiction et la destinée d'un acteur rend Lucky, qui n'est pas un grand film, fort attachant. Tous les acteurs et actrices sont fort bien dirigés, avec une grande pudeur et la scène entre la black et le vieil homme formidable.
Pas courant un film sur la vieillesse, et pourtant ce sujet devrait intéresser toute le monde. L’action se situe dans une petite ville du sud des US, proche du Mexique. Un vieux monsieur de 90 ans y vit seul, son quotidien étant dicté par ses habitudes : fumer, faire du yoga, aller au bar boire son bloody-mary, et…philosopher sur la vieillesse avec ses concitoyens. Ce monsieur est incarné avec immense talent par Harry Dean Stanton, acteur mémorable de Paris Texas. Certes, le scénario est limité, s’agissant d’une chronique, mais des moments savoureux viennent étayer l’ensemble : par exemple quand on lui « reproche » d’être seul, il répond « il y a une grande différence entre être seul et se sentir seul », sa manie de fumer, son médecin lui conseillant de ne pas arrêter, ensuite son altercation avec un vendeur d’assurance décès, enfin ce magnifique passage où notre homme, invité à une fiesta pour un anniversaire, entonne en espagnol avec les mariachis présents une chanson mexicaine. C’est plein de tendresse et d’humanité et on passe un bon moment. Un bon film vraiment à voir.
Lucky a quelque chose en lui de la mélancolie et de la poésie du Paterson de Jarmusch. En version vieillie dans une petite bourgade au milieu de nulle part où mexicains cohabitent sans heurts avec les sudistes américains. Routinière est la vie du vieux Lucky : réveil musculaire, marche à pied jusqu'à l'épicerie pour acheter ses packs de lait et ses cigarettes. Un tour au café, un peu de télé et le bar du soir pour retrouver notamment un copain (David Lynch, formidable) inconsolable après la fugue de sa tortue terrestre centenaire. Pas grand chose d'autre à souligner si ce n'est quelques rencontres de hasard et des discussions sur le sens de la vie et de la mort. Toutes les couleurs du crépuscule avant la fin, comme un portrait testamentaire de Harry Dean Stanton, vieux cow-boy fatigué mais encore lucide, un brin misanthrope mais capable de ressentir toute la tendresse d'une fiesta où il pousse la chansonnette. Le premier film de John Carroll Lynch serait sans doute anodin sans la présence de l'acteur, aussi naturel que si l'on tournait un documentaire sur lui, juste avant de tirer sa révérence. Et c'en est un, en fin de compte, touchant et emballant comme un haïku.
John Caroll Lynch a décidé de consacrer un film à un acteur dont tout cinéphile connaît au moins le visage. Un habitué des seconds rôles chez de grands cinéastes tels que David Lynch, que l’on retrouve d’ailleurs ici en tant qu’acteur. Ce second couteau inoubliable du cinéma américain c’est Harry Dean Stanton, 93 ans et certainement autant de films au compteur. Lorsqu’on sait que l’homme est décédé il y a quelques mois, la projection prend une toute autre saveur. Chaque séquence et chaque phrase (notamment lorsque son personnage parle du temps qui passe et du néant après la mort) adoptent alors un double sens et se parent d’une émotion et d’une nostalgie encore plus forte que ce qui était prévu. « Lucky », le surnom de son personnage, passe alors de l’hommage tardif à un éloge funèbre lumineux et flamboyant.
Le long-métrage ne raconte pas grand-chose, il n’a même aucun fil conducteur. Mais cela n’a aucune espèce d’incidence négative sur le plaisir que l’on prend à le suivre. Si, tout du moins au début, on se dit que l’on va assister de manière répétitive aux habitudes et gestes quotidiens d’un vieil homme dans une bourgade perdue au fin fond d’un désert américain et que ça va devenir lassant voire ennuyant, on se trompe. Oui, « Lucky » prend son temps et montre la trivialité de la journée d’un homme dont les seules distractions sont son déjeuner le matin au café du coin, ses mots croisés devant la télévision ou son Bloody Mary du soir au bar de la ville. On assiste à la solitude d’un homme qui la vit bien et se contente des choses simples de la vie. D’un homme encore en pleine forme malgré son âge et empli de vivacité alors qu’il approche d’un siècle de vie. A ce titre, même s’il ne se passe pas grand-chose, ces petits riens contiennent une quantité de moments en or qui font tout le charme de « Lucky ». Et, au final, on se retrouve face une œuvre qui encense la vie tout en la disséquant à sa manière.
Cette errance nostalgique mais malicieuse à suivre les pas de ce grand acteur recèle même parfois des trésors d’émotion ou d’humour. On a droit à un bel échange avec Tom Skerrit sur la Seconde Guerre Mondiale qui s’avère poignant et à un sublime discours de Stanton sur la cigarette lorsqu’il quitte son bar fétiche. Et là on est émus, happés par la malice (et la sagesse) diffuse dans les yeux de cet homme. Un couple gay s’embrasse devant lui au café et son geste d’incrédulité nous faire mourir de rire tout comme ses échanges avec un docteur étonné de sa bonne santé à son âge nous font sourire. « Lucky » est une somme de banalités sur la fin de vie qui font ce qu’est la Vie. C’est plein de jolies vignettes qui s’enchaînent tranquillement, toutes brillamment dialoguées. On suit cette balade nonchalante et immobile, jamais lassante, avec un grand plaisir car elle est bourrée de charme, tout comme on se souviendra longtemps du dernier plan malin d’un film beau comme tout. Et, surtout, on assiste au chant du cygne d’un acteur de légende dont on n’oubliera pas de sitôt le regard.
De voir Harry Dean Stanton arpenter des rues désertes américaines 30 ans après « Paris Texas », de voir David Lynch en guest star en client de bar paumé, voilà deux petites choses qui ne peut que nous faire aimer « Lucky ». Ce film n’est d’ailleurs fait que de çà. Sur un scénario minime, John Caroll Lynch filme avec tendresse le quotidien de ce vieillard incarné avec beaucoup de justesse par Harry Dean Stanton. Les dialogues sont bons, justes et intelligents. Rien de fracassant, rien de bien nouveau mais beaucoup d’humanité, c’est déjà pas si mal.
De John Carroll Lynch (2017) Avec Harry Dean STANTON, David LYNCH et Ron LIVINGSTON. Un bon film parfois sans concession sur la vieillesse mais surtout à la fin combien rafraichissant .
Lucky (Harry Dean Stanton) est un vieux cow-boy, bien dans ses habitudes (gymnastique matinale, verre de lait, mots croisés au café, bloody mary le soir au bar, etc.) jusqu’au jour où il fait une chute dans sa cuisine. Le médecin ne lui trouve aucun problème de santé, il vieillit tout simplement. Ce constat le perturbe et lui faire prendre conscience de certaines choses. C’est un beau film sur le temps qui passe, la vieillesse, c’est un sujet intéressant car trop rarement abordé. En revanche, j’ai trouvé le film trop lent, comme son personnage, oui, c’est sans doute voulu, mais il ne se passe vraiment rien… Harry Dean Stanton est filmé avec tendresse, il y a de belles images mais je me suis malgré tout un peu ennuyée.
Avec la vieillesse comme thème central, un long-métrage qui s'inscrit dans la lignée de films comme "Une histoire vraie" de David Lynch ou "Nebraska" d'Alexander Payne. Pour son dernier rôle dans une sorte de mise en abyme, ce monstre sacré qu'était le regretté Harry Dean Stanton livre une prestation délicieusement caustique mais pleine de poésie, de philosophie sur la fin de la vie. Une oeuvre qui résonne comme un bel hommage, une touchante révérence à cet acteur légendaire. Superbe.
Une fiction inspirée par les vieux jours de Harry Dean Stanton. Avec comme acteur principal : Harry Dean Stanton. Le résultat est atypique, gentiment décalé, attachant. Entre petits moments anecdotiques et grandes angoisses existentielles, l'ensemble est certes un peu inégal mais laisse filtrer une belle émotion, toujours teintée d'un humour savoureux. Avec en prime un éloge passionné de la tortue terrestre par David Lynch...
""Lucky" vaut pour le comédien auquel le film est consacré : feu Harry Dean Stanton, aussi énigmatique à l'âge de 90 ans que plus de trente ans auparavant, dans le beau "Paris Texas", qui le projeta momentanément sur le devant de la scène avant de le renvoyer aux seconds rôles qui furent son lot toute sa carrière durant. La philosophie du personnage est celle de l'acteur : une bonne dose de fatalisme mêlée à un certain égoïsme d'où peuvent jaillir, de temps à autre, des moments de générosité assez merveilleux (la chanson en espagnol pendant la fête d'anniversaire). Les éléments biographiques de Lucky sont empruntés à la vie de Stanton, ce qui donne naissance à une oeuvre rare, hommage à un comédien encore vivant, biopic réussi dont la modestie de l'anti-héros en fait tout le prix. A voir !
Un très beau film sur la fin d'un monde, celui de la compréhension réciproque mais aussi de l'amertume et de la violence sous-jacente. Un monde où l'on s'insulte gentiment mais où l'arrière pensée est insidieuse. Le monde nouveau, débarrassé des oripeaux de la conspiration s'annonce peut-être meilleur que l'ancien? Lucky ne sera plus là pour le voir et il s'en fout.